Une fois de plus, les admirateurs de l'opéra auront été gâtés. Metteurs en scène, chefs d'orchestre, chanteurs, décorateurs..., tous auront prouvé l'actualité d'un genre majeur.Achaque opéra auquel on assiste médusé, on est étonné d'être plongé immédiatement dans le vif de la musique et l'acuité des thèmes. Pourtant, rien n'est gagné alors que la plupart des ?uvres datent de plusieurs siècles. Christopher Alden, metteur en scène de Il turco in Italia, de Gioacchini Rossini, a la réponse adéquate à l'actualité de l'opéra : «Il aborde la question universelle des relations humaines, et des rapports hommes/femmes.Le Turc en Italie montre le poids des normes sociales : les personnages perçoivent la difficulté du combat à mener pour atteindre la liberté de s'exprimer en tant qu'individu». Et il conclut : «Ce sujet concerne chacun d'entre nous». Où que l'on réside, quelle que soit notre origine, ajouterions-nous ! Le rapport à 2014 de cet opéra créé il y a 200 ans (en août 1814 à Milan), tient aussi au choc imagé de la rencontre entre Orient et Occident. Une thématique déjà à l'?uvre au XVIIIe siècle dans des textes comme Zadig de Voltaire, ou les Lettres persanes de Montesquieu.En cette époque dite des Lumières, nous étions encore loin du mélange de populations qui prévaut depuis le XXe siècle et s'accentue encore en ce XXIe siècle. Malgré tout, même si on est loin du sujet dans l'opéra, l'image de l'immigration et des difficultés à se comprendre restait présente alors que l'on vibrait au talent de cette partition magnifiquement dirigée par Marc Minkowski à la tête de son Musiciens grenoblois du Louvre.On tremblait à l'actualité de Lampedusa, tout en se laissant grignoter par les belles voix, notamment celles de la soprane Olga Peretyatko, ou du noir américain, le ténor Lawrence Brownlee, que les spectateurs de France 2 ont pu entendre lors du splendide concert de Paris, diffusé en direct le 14 juillet depuis le Champ de Mars, au pied de la Tour Eiffel.Le temps suspendu a un air magiqueL'autre admirable opéra cette année à Aix est celui de Haendel Ariodante, dont le monde entier a célébré, en 2009, les 250 ans de la mort (le 14 avril 1759 à Londres). Cet opéra (créé le 8 janvier 1735 à Londres) n'a pas pris une ride. Une ?uvre de quatre heures où on ne s'ennuie pas une seconde. Maître de l'harmonie parfaite et de mélodies dont on s'étonne comment le génie peut les produire, on se laisse happer d'un aria à l'autre, à chaque fois surpris. L'émotion était à son summum. Le directeur musical, Andrea Marcon, souligne la «continuité dramaturgique et musicale».Avec des pauses magiques comme lors du «tube» bouleversant de cet opéra, Scherza infida. L'orchestre se met entre parenthèses : «Le temps s'arrête», explique le maestro Marcon, «le chant plaintif et le son lugubre des bassons nous maintiennent en suspension». Le public du Palais de l'Archevêché est alors conquis, mais il ne sait pas encore que le compositeur lui a préparé d'autres airs déchirants jusqu'à la fin de l'?uvre. A Aix-en-Provence, les voix de Patricia Petibon, Sarah Connoly, Sandrine Piau, Sonia Prina ont réjoui les spectateurs qui attendent déjà l'an prochain pour un autre opéra de Haendel, Alcina. Avec une impatience que nous partagerons bien volontiers.
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Posté Le : 20/07/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Walid Mebarek
Source : www.elwatan.com