Algérie

Stupéfiants



Oran plaque tournante du trafic de drogues Longtemps considérée comme simple zone de transit de drogues, l’Algérie a balancé dans le camp des pays consommateurs puis dans celui des producteurs. La transition tant appréhendée par les experts s’est finalement réalisée et vient d’être magistralement illustrée par la découverte de champs de culture de cannabis dans la région d’Adrar, dans le Sud du pays. Ce passage d’un camp à l’autre a aussi été marqué par les récentes saisies de cocaïne et d’héroïne dans plusieurs villes du pays. C’est, dans tous les cas, ce qui ressort des rapports fournis par les différents services de sécurité et de douane selon lesquels cette tendance a connu une nette augmentation au cours des deux dernières années. C’est aussi ce qui ressort des statistiques des affaires portées devant la justice. A ce sujet, on précise que concernant les affaires traitées, la wilaya d’Oran figure aux premières loges de la hiérarchie après celles d’Alger et de Blida. En effet, avec 33,52% du total des affaires portées devant les 9 cours de la région, Oran occupe la première loge dans la région Ouest de l’Algérie. A ce propos, les statistiques sont édifiantes; avec 1487 dossiers concernant la détention et la consommation de drogues et de psychotropes, elle devance Bel-Abbès qui en compte 1154, Tlemcen 500, Mostaganem 456 et Mascara 430. Ainsi, durant le 1er trimestre de l’année en cours, le nombre de personnes arrêtées a sensiblement augmenté par rapport à ce qu’il était l’année passée pour la période considérée. Sur 187 individus arrêtés, il y a 171 hommes dont 1 mineur et 16 femmes tous présentés à la justice. Le nombre d’arrestations opérées en mars (65) est supérieur à celui de février 2007. Des femmes et des mineurs parmi les dealers Nos sources signalent qu’en 2006,1622 personnes avaient été appréhendées. Sur les 1481 présentées à la justice, 1231 ont été inculpées. Sur ces chiffres, on retrouve 10 femmes et 18 mineurs accusés de détention et de commercialisation de drogue. En 2006, le mois d’août a connu un pic avec 64 arrestations. Toujours en 2006, 144,734 kg de kif traité ont été saisis par les services de sécurité. Concernant les psychotropes, ce sont 23.000 comprimés qui ont été saisis. Fait nouveau, au mois de novembre 2006, 7,85 grammes de cocaïne ont également été saisis. Au cours du 1er trimestre 2007, 25,65 autres grammes de poudre blanche, cocaïne, ont été sais. Au total, 143,77 kg de kif traité ont été saisis dont la plus importante proportion à Oran même. Oran, en pole position Au mois de février de l’année en cours, 121 kg de kif traité sont tombés entre les mains des services de police. A propos de consommation de psychotropes, c’est toujours Oran qui occupe la 1ere place dans l’Ouest du pays. Le nombre d’affaires de drogue porté devant les tribunaux a également grimpé à Oran et s’élève à 24 dossiers avec 23 inculpations sur les 29 individus présentés à la justice. En matière de trafic, Tlemcen, zone de transit, détient la palme avec 1335 dossiers dans lesquels sont impliqués 1850 individus dont 1648 ont été formellement accusés. Vient ensuite la wilaya de Sidi Bel-Abbès avec 236 affaires, généralement en relation avec le trafic qui prend des proportions alarmantes en Algérie surtout qu’il se pratique sous des formes et avec des moyens qui concurrencent ceux de pays considérés comme leaders en la matière. De la sorte, on estime que l’Algérie est devenue un axe central dans le trafic de drogue en direction de l’Europe. La récente découverte de champs de culture de cannabis dans la région d’Adrar prouve que l’on est en présence d’actions concertées et planifiées. Il a aussi été relevé que les techniques et moyens mis en œuvre par les trafiquants ont eux aussi été adaptés aux nouvelles donnes afin de tromper la vigilance des services de sécurité et des douanes. Ceci n’a été rendu possible que grâce aux revenus que génèrent ces trafics. 800 milliards de dollars générés par le trafic de drogues Avec la somme astronomique de 800 milliards de dollars qu’il génère, le trafic de drogues occupe la 2e place après l’armement. Selon une étude US réalisée cette année même, les revenus générés par le trafic de drogue sont passés de 500 à 800 milliards par an. Pour arriver à leurs fins, en Algérie, les narcotrafiquants utilisent des pneus et les portières des véhicules pour dissimuler la drogue. Plus encore, pour déjouer la vigilance des services de sécurité et des douaniers, des trafiquants l’ont dissimulée à l’intérieure de gâteaux traditionnels connus sous l’appellation «Makdroud» et «Sendoussyettes» qu’ils ont recouverts de miel. Le produit était destiné à l’exportation vers l’Europe. En Italie, les narcotrafiquants cachent la drogue dans les équipements, scaphandres ainsi qu’à l’intérieur de fusils de chasse. En Russie, c’est dans des boîtes de conserve de produits alimentaires, à l’exemple du concentré de tomate, qu’ils les cachent. Une fois arrivée à destination, la poudre est extraite selon des techniques très sophistiquées. Ailleurs, en Australie, ils ont jeté leur dévolu sur les fours destinés aux boulangeries ainsi que sur les fûts de bananes pour dissimuler la cocaïne. Dans cet Etat continent, plus de 320 kg de cocaïne et 820 psychotropes ont été interceptés dans un port. Comme on le constate, en dépit des conventions internationales dédiées à la lutte contre le crime organisé, la contrefaçon et le blanchiment d’argent, le phénomène étend ses tentacules dans toutes les directions. Dans le cadre de la guerre livrée à ce fléau, le directeur de l’Office national de lutte contre les stupéfiants nous a déclaré que 80 bureaux de douane sont installés dans les différents pays du monde liés par convention de protection du littoral, les frontières terrestres et maritimes. 50 milliards de dollars sont chaque année consacrés à la lutte contre le trafic de drogues. Comparé à ce que génère ce trafic, cette somme est dérisoire. Ainsi, l’Algérie, à l’instar d’autres pays, se trouve menacée et sa composante rongée par les drogues. Ceci est conforté par les chiffres fournis par l’Office national de lutte contre les stupéfiants. D’autre part, au cours du 1er trimestre de l’année en cours, les services de douane du port d’Oran ont instruit 3 affaires de trafic de drogue ayant donné lieu à la saisie de 23 kg de kif traité dont 210 en partance pour la ville espagnole d’Alicante. La contre-valeur de cette prise a été évaluée 525 millions de dinars. Pour plus d’efficience, les douanes algériennes ont entrepris des cycles de formation de cadres et d’agents spécialisés dans la lutte contre le trafic afin de mettre en échec les voies et techniques des trafiquants. Ceci a été décidé, assure-t-on, dans le cadre de la modernisation des douanes pour les rendre pour efficaces dans la protection de la bande frontalière. Cependant, les techniques mises en œuvre par les trafiquants ne cessant d’évoluer, il importe que de nouveaux mécanismes soient pensés pour les contrer, notamment au niveau des ports et des frontières terrestres. Leïla B. & Bekkedar S.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)