Algérie

Stratégie, pourquoi ces craintes '



Stratégie, pourquoi ces craintes '
Depuis l'abandon du processus de planification, vers la fin des années quatre-vingt, les experts en tous genres en Algérie proposent que notre pays se dote de moyens et de ressources nécessaires pour concevoir et exécuter des stratégies, à l'instar de nombreux pays émergents. Ces derniers s'imposent de plus en plus comme les futurs patrons de l'économie mondiale. Si les tendances actuelles continuent ? pour l'instant, on ne voit pas de rupture ? vers 2020, la Chine sera la première puissance économique mondiale et vers 2040, l'Inde sera la seconde. Plusieurs facteurs expliquent leurs fortes croissances. Nous n'allons pas revenir sur les FCS, abondamment commentés par les chercheurs. Mais il y a un point commun à tous ces pays : la planification à très long terme (la stratégie). En fait, ce que nos experts réclament et que nos décideurs abhorrent constitue le véritable pilier des politiques d'émergence.Pourquoi, alors, nos responsables rechignent-ils à faire usage de la planification stratégique ' Pourtant : Algérie, 2040 pays développé et 2020 pays émergent, redonnerait de la fierté, de l'espoir et surtout beaucoup de motivation à des millions de citoyens. Pourquoi se priver d'un formidable outil de mobilisation des masses ' Certes, il faut que ce plan stratégique soit accompagné de nombreuses mesures qui vont radicalement changer le paysage et les modes de fonctionnement de l'économie. De nombreuses mesures d'accompagnement seront nécessaires pour mener à bien une telle ?uvre. Néanmoins, le seul fait de privilégier ce mode opératoire remet en cause les formes d'agissements des décideurs.Quelles sont les craintes 'Certes, les degrés de flexibilité et les modes opératoires des pratiques stratégiques sont très différentes d'un pays à un autre. La Chine est plus décentralisée et plus flexible. La Corée vise une participation très active des grandes entreprises du pays. La Malaisie souhaite l'input de tous les citoyens, etc. Mais le résultat est là : on veut forger son propre destin au lieu de subir toute influence externe. Il est fort à parier que nos responsables croient que de telles pratiques leur font perdre le contrôle de la décision.Ce seraient les équipes chargées de planifier qui seraient les « maîtres à bord ». Ils vont orienter le bateau Algérie selon leur bon vouloir. Rien n'est plus éloigné de la vérité que cette manière de voir les choses. En premier lieu, les objectifs stratégiques et les grandes orientations politiques révèlent des décideurs élus. Ces derniers peuvent vouloir une croissance High tech qui privilégie des TIC et les industries du savoir, une égalité d'opportunité pour tous les Algériens, un équilibre régional, un développement par les ressources internes qui évite l'endettement extérieur, etc.Les membres des comités stratégiques ne sont que des techniciens qui savent traduire les priorités politiques en programmes à court et moyen termes, en vue de la réalisation des objectifs à long terme. Ils ne sont pas décideurs, ils ne font pas des choix. Les politiciens restent maîtres à bord. Ils ne perdront aucun millimètre de leur influence. Mais les préjugés sont têtus. Par contre, lorsqu'ils feront les grands choix, ils ne pourront pas les remettre en cause chaque mois. La stratégie est incompatible avec une grande variabilité des choix et des processus. Peut-être c'est ce qui fait peur à nos décideurs : avoir le luxe de changer de priorité chaque fois qu'ils le veulent. Ces fréquentes variations de priorités sont contraires au bon fonctionnement d'une saine économie. D'ailleurs, c'est l'une des tares de l'économie nationale. Si on évince la planification stratégique pour se permettre des variabilités sans fin des priorités économiques, on remplacerait alors un véritable médicament par un placebo.Mais on oublie le processus de contrôleL'un des plus fameux principes de management est extrêmement simple. Il s'applique également aux questions pratiques de tous les jours. Il stipule que l'autorité doit être égale à la responsabilité. Beaucoup plus que de fournir plus de pouvoir lorsqu'on grimpe la hiérarchie, l'essentiel du principe est simple : toute personne qui a pouvoir de décision en est responsable des conséquences. En vertu de ce principe, un P-DG ne peut pas abdiquer sa responsabilité en stipulant que sa décision a été prise suite à des consultations avec ses conseillers. Un président ne peut pas dire : je n'assume pas l'échec parce que c'est tel ministre ou telle personne qui a décidé. Il a été d'accord avec le processus de nomination, il en assume l'entière responsabilité.En vertu de ce principe, le responsable n'abdique jamais son processus de contrôle. Ce dernier constitue la seule fonction à ne jamais être très décentralisée. Elle est plus suivie, plus centralisée que toute autre, y compris les finances. Par la vertu de ce principe, le premier responsable ne perd jamais le contrôle de la situation au profit des planificateurs stratégiques. Ces derniers ne sont que de brillants exécutants d'orientations politiques. Il ne peut en être autrement.Le premier responsable contrôle, à l'aide d'indicateurs, que le système économique s'oriente vers les paramètres, les objectifs qu'il a choisis. Il est élu. Il a le droit d'orienter les préférences et de choisir les bonnes personnes à même de les mettre en place. Il ne peut se dérober à ses responsabilités. Mais il doit mettre en ?uvre les instruments de contrôle afin de s'assurer que l'économie se dirige là où il le souhaite. Il dispose donc d'un tableau de bord pour suivre l'évolution du système global. Par conséquent, il ne perd pas le contrôle de la démarche ni des résultats.A tout moment, il peut choisir de changer l'équipe des techniciens qui lui fait habilement ce travail. Par ailleurs, les techniciens savent qu'ils doivent faire adhérer le maximum de personnes autour de ce projet afin d'avoir un maximum de chances de le voir aboutir. Par conséquent, en plus de l'intelligence interne dont ils disposent, ils doivent faire participer la vaste majorité des partis, des syndicats, des ONG, du patronat et des citoyens pour aboutir. On peut imaginer des dizaines de nos meilleurs cerveaux, appuyés par notre intelligence expatriée, mobiliser l'ensemble des citoyens pour réaliser les orientations stratégiques des décideurs élus. Nous ne voyons pas pourquoi un tel projet tant souhaité par nos scientifiques ne voit pas le jour.




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