Algérie

Stratégie du pire Edito : les autres articles


Dans un climat général délétère, marqué par les révélations en cascade des affaires de corruption et la fronde sociale qui touche notamment le sud du pays, les hautes autorités essaient de se donner bonne contenance, en continuant à annoncer moult programmes de développement avec des dotations budgétaires se chiffrant en milliers de milliards de centimes. Certaines annonces gouvernementales sonnent comme des aveux d'échec, suscitant plus l'exaspération que l'espérance parmi la population. Le Premier ministre a ainsi annoncé, jeudi dernier lors de sa visite à Oran, la réalisation de plusieurs hôpitaux, dont un pour les grands brûlés. Faute de pouvoir résorber la détresse sociale qui amène des citoyens dans un désarroi extrême à s'immoler, l'Etat se propose de les soigner lorsque l'acte de désespoir n'est pas fatal.
Autre déclaration édifiante sur la déliquescence qui touche des secteurs névralgiques de la vie nationale, celle du ministre de la Formation professionnelle qui a annoncé, ces derniers jours, que l'âge d'accès aux centres de formation sera porté à 30 ans, au sud du pays. L'Etat avoue ainsi qu'il a oublié d'assurer les conditions de formation et de qualification pour des jeunes qui atteignent l'âge de 30 ans sans aucun atout pour accéder à la vie active. Il a fallu que le train social déraille pour que les gouvernants se décident à tirer de la léthargie leurs secteurs respectifs. Les batteries de mesures annoncées pour régler la question du chômage au Sud n'ont pas apporté la paix sociale espérée par le gouvernement. Un accès de colère a été enregistré à Ouargla la semaine dernière après une distribution contestée de logements sociaux. Comme de coutume, dans pareilles circonstances, le wali «gèle la liste» pour tenter de ramener le calme. Il est donc plus facile de désavouer sa propre administration que d'assurer son fonctionnement selon les critères de rigueur et d'impartialité.
On tolère la corruption et la gabegie dans tous les rouages de l'administration, comme pour tester la capacité de réaction de la population, avant de revenir à la raison lorsque la moitié de la ville est saccagée par les émeutiers. C'est la stratégie du pire. Et quel est le pire scénario pour l'élection présidentielle de l'année prochaine ' C'est bien entendu un 4e mandat pour l'actuel locataire d'El Mouradia. Cela ferait de l'Algérie l'un des derniers Etats où la présidence à vie sévit toujours et prolongerait dans le pays cette atmosphère intenable de vacance du pouvoir, de réseaux de prédation tournant en roue libre et de désert politique préparant le retour des partis fondamentalistes. Mais cette option de reconduction à la présidence de la République dispose de faibles chances d'être engagée, en dépit du forcing et des soutiens divers, car il n'est pas possible qu'une déclaration de candidature soit lue par un conseiller, comme cela a été le cas des derniers «discours» présidentiels.
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