Algérie

Stratégie des acteurs internes et externes (III)



Stratégie des acteurs internes et externes (III)
Au moment où le monde arabe traverse des bouleversements politiques, sociaux et économiques, où l'Algérie est interpellée pour de véritables réformes démocratiques, condition d'un développement harmonieux et durable face à l'implacable mondialisation, je livre aux lecteurs la présente contribution datant de 1998 que j'ai jugée nécessaire de ne pas modifier afin que les lecteurs jugent par eux-mêmes. Elle est toujours d'une brûlante actualité, nos gouvernants ne pouvant prétendre entre 2000 et 2011 qu'ils ne savaient pas puisque la presse algérienne s'en est fait un large écho. Elle résulte d'une conférence donnée au Caire (Egypte) lors d'un séminaire international consacré aux réformes dans le monde arabe où j'ai traité, à cette époque, les enjeux politiques et économiques des réformes en Algérie incompréhensibles sans l'analyse de la stratégie des acteurs internes et externes. La présente analyse est parue dans la revue financière mondiale anglaise Euro Money, parue à Londres en septembre 1998, que j'ai synthétisée dans un article paru également dans le New York Times (Etats-Unis) en juin 1999.
3. Rôle stratégique assigné aux réformes 3-1. Les acteurs internes 3-1-1. Acteurs internes favorables Objectifs : -Désengagement de l'Etat de la sphère économique pour assurer son rôle de régulateur dans les domaines politique, économique, social et culturel. -Démonopolisation (pour éviter le passage d'un monopole public à un monopole privé) et la privatisation comme moyen de dynamisation de l'investissement et de la création d'emplois, éléments pivots des réformes économiques et du processus de démocratisation. -Adaptation de l'économie algérienne aux contraintes de la globalisation. -Rétablir durablement les équilibres budgétaires par la stabilisation macroéconomique et dynamiser les exportations hors hydrocarbures à terme, au moyen des réformes microéconomiques. Moyens : -L'élaboration de lois étant subordonnée à une nette volonté politique de libéralisation, cela suppose une reconfiguration du personnel politique. -Une large campagne de démystification et de vulgarisation avec l'émergence de responsabilités politiques des acteurs favorables à la libéralisation, l'implication de la société civile (rôle de la femme). -L'élaboration de mesures sociales pour amortir les effets négatifs de la démonopolisation et de la privatisation, les subventions destinées aux plus nécessiteux ne devant plus être supportées par les entreprises mais par le budget de l'Etat après l'aval de l'APN. - Transparence totale dans le processus des réformes engagées. Obstacles : -Très forte opposition des rentiers avec l'harmonisation des acteurs défavorables. -Obstacles aux réformes en défavorisant des repreneurs, par exemple pour la privatisation à travers leurs relais dans les entreprises et administrations. 3-1-2. Acteurs internes défavorables : Objectifs : -Préserver les intérêts de la rente avec une vision à court ter-me se couvrant derrière le slogan de défense des intérêts na-tionaux, alors que le nationalis-me n'est le monopole de person-ne. -Réaliser une hégémonie politique et économique en favorisant le monopole et en freinant toute forme de concurrence ex-pliquant leurs positions, soit contre une vision très lente afin de pouvoir se positionner dans les parts de marché et d'une ma-nière générale au niveau de segments de pouvoir (vision gradualiste) concernant l'adhésion de l'Algérie à la zone de libre-échange avec l'Europe et à l'Organisation mondiale du commerce. -Bloquer le processus de démocratisation en cours dans la mesure où démocratie économique (entendre économie de marché), démocratie sociale et démocratie politique sont indissociables. Moyens : -Utilise récemment les thèses des anti-mondialisation en les déformant, oubliant que l'on vit à l'ère de l'internet. Or, les partisans actuels de l'anti-mondialisation sont contre une économie étatisée, bureaucratisée, mais insistent sur une plus grande cohésion sociale, une plus juste répartition du revenu national à travers le trio Etat régulateur, entreprises privées créatrices de richesses, implication de la société civile, avec la pluralité syndicale : l'objectif est l'instauration d'une économie de marché humanisée. -Favorise les incohérences des textes de loi dans la sphère économique et atomise les prises de décision en jouant sur la confusion des textes. -Met à profit les tensions socia-les existantes -accentuant le malaise social, politisant la grève -harmonisation des actions de l'ensemble de leurs alliés, en invoquant l'aisance financière pour ralentir les réformes pourtant nécessaires et irréversibles. Les cas des critiques contre l'adhésion à la zone de libre-échan-ge avec l'Europe-OMC, du blocage de la réforme de l'Etat, des systèmes socioéducatifs et financiers, des télécommunications, des privatisations et l'avant-projet de loi des hydrocarbures en sont l'illustration concrète. Obstacles : -Les réformes économiques ont été largement démystifiées et la mondialisation est une réalité historique insensible aux slogans. -Faillite du bloc communiste qui a montré les limites du secteur d'Etat et d'un régime de type stalinien autoritaire caractérisé par des relations de clientèles informelles occultes. -Capacité financière limitée de l'Etat. -Soutien de l'Occident et des institutions financières internationales aux réformateurs pour l'Instauration de la Démocratie, de l'Economie de Marché, des droits de l'Homme TPI (Tribunal pénal). -Les rentiers ne proposent aucune solution opérationnelle de rechange, voulant faire oublier que la crise actuelle est la résultante de 30 années de politique économique reposant sur le secteur d'Etat. -En ce XXIe siècle, il convient de banaliser une grève en Algérie qui est un phénomène normal des revendications dans les pays développés et ce, au moyen d'une gestion moderne de la société, reposant sur des réseaux segmentés de négociation, pour éviter son instrumentalisation politique. -L'immense majorité de la population ne croit plus aux discours populistes et démagogiques, notamment grâce à la révolution des télécommunications, le monde devenant une maison de verre. -Naissance d'une couche de réformateurs au sein des partis politiques et des associations. 3.2- Acteurs externes : L'objectif tant des USA que de l'Europe est un espace économique maghrébin et euro-méditerranéen, seule condition de l'attrait de l'investissement direct étranger. Le programme Eizenstein américain dont l'enveloppe financière est dérisoire actuellement et la zone de libre-échange avec l'Europe, notamment pour les pays du Maghreb, sont complémentaires et non antagoniques. Toutefois, l'on peut scinder les objectifs spécifiques (A suivre)


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