Algérie

Stratégie avec qui ?



Le pays se met à l?heure de « la révolution industrielle » ! Projet politique du gouvernement, le renouveau de l?industrie algérienne est à l?étude depuis, hier, au Palais des nations pour une période de trois jours. Le discours du chef de l?Etat, lu pour la circonstance par le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, donne le ton de la nouvelle réforme. Après de longues années d?atermoiement et de cafouillage, dominées par un boom commercial informel donnant lieu à une désindustrialisation fortement remarquée, voilà que l?Algérie est arrivée à jeter son dévolu sur ce secteur devant être désormais « stratégique » pour notre économie. Le programme paraît ambitieux et, sur ce plan-là, on ne manque pas de désigner tous les atouts et autres avantages naturels dont dispose le pays. Le discours est d?ailleurs si triomphaliste qu?il est à se demander si le diagnostic qui en est fait n?incite pas cependant à s?interroger sur la réalité qui le caractérise. Dans le discours du chef de l?Etat, on peut lire en effet : « Notre stratégie de relance et de développement industriels a pour objectif essentiel de mettre l?économie nationale en état de s?industrialiser d?une manière endogène et spontanée. » S?il apparaît ainsi qu?il s?agit là d?un besoin stratégique pour notre économie, il reste néanmoins que sa réalisation demeure un défi majeur. Car au-delà du travail d?identification des filières à promouvoir, comme la pétrochimie, la pharmacie, la sidérurgie ou le montage de véhicules, il importe de savoir déjà avec quels moyens nos politiques comptent bien relever ce défi. Avec le secteur privé national, dont M. Temmar n?a pas manqué de dire qu?il a « fait le plein » ou qu?il n?est pas dans « l?industrie noble ». Avec les entreprises publiques, dont trois seulement (Sonatrach, Sonelgaz, SNTF) sont qualifiées de « stratégiques », tandis que toutes les autres (soit près de 1200) sont destinées à la vente. Avec un capitalisme national qu?on continue de confondre avec un « capitalisme familial » pour montrer son sous-développement. Encore faut-il admettre que pour ce qui est de la compétitivité des entreprises, le marché algérien a déjà initié son désarmement tarifaire au profit de l?entrée des produits industriels européens. La compétition ne sera donc que plus rude au fil des ans. Alors que le développement des filières industrielles comme la sidérurgie sont déjà ? c?est en voie pour la pétrochimie ? l??uvre de multinationales. Par ailleurs, le succès d?une telle stratégie requiert la mobilisation des ressources humaines nationales plus enclines pourtant aujourd?hui à quitter le pays ? la fuite des cerveaux. La recherche scientifique ? Le financement, alors que la réforme bancaire et financière marque le pas depuis des années. L?aménagement du territoire, le foncier ou l?acquisition de la technologie ? Tous ces facteurs indispensables en réalité à le mise en ?uvre d?une stratégie industrielle chère au pays impliquent une mobilisation des énergies positives pour une longue période. Sans jouer les rabat-joie, cela prend l?allure d?un programme électoral.


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