Algérie

Stigmatiser le conducteur, un argument tendancieux ' Routes.' l'hécatombe



Stigmatiser le conducteur, un argument tendancieux '                                    Routes.' l'hécatombe
Photo :S. Zoheir
Par A. Lemili
Une fois l'émotion passée, au lendemain de l'accident ayant endeuillé la wilaya de Tiaret, l'attention du citoyen lambda a, de la manière la plus arbitraire, été orientée selon des interprétations tendancieuses vers les conducteurs de véhicules de transport collectif comme pour les livrer, au mépris de toute morale, à la vindicte populaire. Il faut toutefois garder sa lucidité et éviter une quelconque adhésion à ce qui ressemble à un hallali contre des conducteurs et deux fois plus qu'une s'il s'agit d'un chauffeur de bus et/ou taxi. Le doigt pointé avec une telle rapidité par des responsables calfeutrés dans leurs bureaux ou à hauteur d'institutions de l'Etat, n'est là, en fait, que dans l'intention de détourner d'une part tout regard réprobateur, voire inquisiteur des populations, et d'autre part, exorciser autant que faire se peut des remords si tant est qu'il s'en trouve parmi ces mêmes responsables qui en aient. En somme, l'intention consistait tout bonnement à évacuer une mauvaise conscience collective complice et certainement autant responsable dans les conséquences d'un drame dans lequel de nombreuses victimes viendront s'ajouter dans la rubrique pertes et profits d'une comptabilité morbide. Cela étant, il n'est pas non plus question d'absoudre une majorité de ces chauffeurs de «métier» comme il serait, par ailleurs, honnête d'éviter de promouvoir ab abrupto au rang de potentiel tueur tout individu qui s'installe au volant d'une voiture.«Selon les services de sécurité, l'accident incomberait au conducteur», soulignait un journaliste de la radio quelques jours après le drame. Interprétation tendancieuse pour le moins, sachant qu'il ne s'agit en l'espèce que d'une déclaration faiteprématurément et en dehors de toute enquête aboutie qu'aurait alors couronnée un rapport scientifique ; n'est-il pas dit que le pays dispose d'une police scientifique de niveau mondial ' Ensuite, ledit rapport, si tant est qu'il soit rendu public intégralement ou partiellement, aurait eu du mérite à répondre à toute éventuelle opposition, contradiction des familles des victimes ou du conducteur qui souhaiteraient en savoir plus et en avoir le c'ur net sur la disparition d'un proche et/ou sinon la responsabilité de l'autre. Or, le constat a été très vite plié. A travers tout cela, l'idée n'est pas de dédouaner le ou les responsables de l'accident mais de connaître les tenants et aboutissants d'une tragédie qui va encore se répéter, et parfois dans des dimensions phénoménales, dans l'avenir. Preuve en est que deux accidents similaires et heureusement moins graves ont eu lieu dans deux importantes wilayas de l'est dans les jours qui ont suivi.Quatre vingt dix décès et neuf cent quinze blessés dans cinq cents accidents, ce n'est plus un bilan mais littéralement une course au box-office. La preuve est aisément fournie par les services de la Gendarmerie nationale dans un rapport où il est relevé «une augmentation quasi générale des victimes, des pertes humaines imputables à l'excès de vitesse, la perte de contrôle du véhicule et enfin le dépassement dangereux». Comme quoi, et pour rejoindre les certitudes des services de sécurité, les accidents ne peuvent être dus qu'à ces raisons et donc imputables au seul conducteur de véhicule et non pas à des raisons non déterminées ou, à la limite, presque sciemment occultées, dont le contrôle technique des véhicules, la manière dont est délivré le permis de conduire, l'exercice préventif de la coercition par les services de police et de gendarmerie de la voie, etc.Or, toutes ces actions primaires devraient être faites en amont. Le sont-elles ' Non évidemment. Nul parmi nos concitoyens n'ignore la manière avec laquelle est délivré et obtenu le permis de conduire pour une certaine catégorie de candidats, la manière avec laquelle il est retiré à la suite d'une grave infraction et surtout celle (manière) avec laquelle il est restitué. Nul n'ignore non plus que les contrôles techniques sont faits au pied-levé avec la bénédiction des services du ministère des Transports car ledit contrôle n'est-il pas limité à moins de cinq organes sur un engin qui en comporte près de deux cents ' Et à hauteur des barrages de contrôle, le carnet d'entretien est-il exigé, vérifié et le propriétaire sanctionné le cas échéant ' Enfin, agents de police et gendarmes font-ils, remplissent-ils correctement leur devoir ' Il y a un gros doute sur la question. Non pas parce qu'ils y trouveraient matière à compensation à travers un intéressement de quelque nature que cela soit, mais assez souvent par trop d'humanité envers leur prochain, d'une effective courtoisie à l'endroit des conductrices et parfois attendris par le regard d'enfants se trouvant dans l'habitacle. L'affect y est effectivement pour beaucoup dans des cas qui mériteraient d'être sérieusement réprimés.En conclusion, les tragédies dues à la route sont, aux yeux des responsables, à n'importe quel niveau de la chaine, le fléau de la drogue, c'est-à-dire que tout le monde passe à travers les mailles du filet sauf le petit dealer ou le client occasionnel. Les barons sont rarement inquiétés et tout d'abord, ils ne font pas une bonne politique du chiffre, contrairement aux milliers de petites frappes arrêtées chaque semaine.


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