Stérile et inconsistante agitation

A peine Belkhadem a-t-il quitté le Palais du gouvernement,des seconds couteaux au FLN se sont mis à s'agiter pour créer l'illusion qu'unvent de contestation soufflerait dans le parti ciblant son secrétaire généralet désormais ex-chef du gouvernement.

Par eux-mêmes, ces frondeurs sont incapables d'entraînerl'ex-parti unique dans une opération du genre «coup d'Etat scientifique» ou«redressement». Ils n'ont absolument aucune audience qui leur permettrait demettre Belkhadem en situation difficile et le contraindre ainsi à donner suiteà leurs revendications. Il faut voir dans leur gesticulation frondeuse uneaction commanditée par des cercles du FLN qui, à travers elle, veulent testerl'autorité de Belkhadem, sans pour autant apparaître des tenants de sacontestation.

C'est que, à ce niveau-là, l'on se méfie du raccourciqu'ont pris des excités professionnels au sein du FLN, qui leur permet deconsidérer que le remplacement de Belkhadem à la primature par Ouyahias'inscrit dans la disgrâce dans laquelle il serait auprès du président de laRépublique. Il vaut mieux par conséquent ne pas se dévoiler tant que lechangement qui vient de s'opérer à la tête de l'exécutif gouvernemental n'a pasrévélé les raisons qui l'ont suscité. Les inamovibles caciques et barons del'ex-parti unique incitent en sous-main des seconds couteaux à fronder contrele secrétaire général. Mais ils ne cautionneront pas ouvertement «leurdissidence» et ne prendront surtout pas fait et cause pour elle tant qu'ilsn'auront pas la certitude d'un véritable lâchage de Belkhadem par le présidentBouteflika. Et il n'y a aucun signe accréditant que telle serait la situationpour Belkhadem. Selon nos sources, le changement opéré à la tête dugouvernement par Bouteflika a procédé de considérations dont ce dernier a tenuà informer son désormais ex-chef du gouvernement, qui les a approuvées et s'estinscrit dans la matérialisation des objectifs qu'elles visent. C'est à la têtedu FLN justement que Belkhadem reste utile au Président. L'on voit mal alorscelui-ci laisser se développer sans réagir un véritable mouvement decontestation dans le FLN, avec le risque que cela peut avoir sur la cohésion decette formation, alors qu'approchent les échéances cruciales de la révision dela Constitution et de l'élection présidentielle.

Certes, l'ex-parti unique n'est plus seul à s'être engagéen faveur de ces deux échéances. Le RND est désormais sur la même ligne quelui. Mais la formation de Belkhadem reste la locomotive entraînante du campprésidentiel. Il faut qu'elle soit en ordre de marche jusqu'en avril 2009 etc'est Belkhadem qui est chargé de faire en sorte qu'il en soit ainsi. Et peutimporte que «quelques excités» dans le FLN déclarent vouloir imposer duchangement à sa tête et dans les méthodes de sa direction.