-Comment est née votre envie de faire ce reportage au Bahreïn '
Je suis partie au Bahreïn pour faire un repérage sur la situation des femmes dans les pays où avaient eu lieu des révolutions et voir leur place après tous ces changements politiques et sociaux. En arrivant, la situation de tension et de censure a été très claire dès le départ, et bien au-delà de ce que j'imaginais, puisque j'ai été arrêtée dès l'aéroport, matériel confisqué, gardée 10 heures en garde à vue avant que l'on me laisse rentrer sur le territoire en me donnant 72 heures pour le quitter. A partir de là, les activistes de Human Rights avec qui j'étais en contact sur place m'ont aidé à tous points de vue, à la fois pour trouver du matériel pour filmer, puis trouver des endroits où dormir puisque j'ai dû vivre cachée pendant un mois. J'ai quitté mon hôtel le jour prévu de mon départ, nous avons semé la police qui me suivait depuis deux jours et je suis rentrée en clandestinité.
-Comment réussit-on à s'immerger dans la clandestinité et ramener de telles images fortes '
Cette immersion a été rendue possible grâce à l'aide de toute une population qui m'a aidée, dans chaque quartier où je suis allée, soutenue, aidée de manière logistique, cachée et qui livrait sans peur ses témoignages et sa vie au quotidien.
-Le documentaire est un huis clos dans des quartiers assiégés par la police, on a envie de voir ce qui se passe de l'autre côté du cordon policier. Pourquoi ne le montrez-vous pas '
Parce qu'il était impossible pour moi de passer de l'autre côté. Le ministère de l'Information me cherchait, ils ont contacté mon ambassade à qui je ne disais pas non plus où j'étais et, pour moi, chercher à filmer la famille royale, la police ou toute personne rattachée ou soutenant le régime signifiait être arrêtée et expulsée.... J'aurais aimé faire ce contrepoint, mais cela m'a vraiment été impossible.
-Comment, humainement, revient-on de ce tournage difficile '
On revient profondément triste. Triste pour ce peuple, pour ces gens qui sont d'un courage, d'une force et d'une humanité qui ne peuvent que vous toucher, mais triste de voir que c'est un combat dont l'issue n'est pas pour demain. Triste aussi de me dire que je ne pourrais pas retourner les voir car les autorités ne me le permettront jamais.
* Sur Arte, mardi 12 juin à 21h15 (heure algérienne) ou sur internet arte+7 ou artevod
(http://www.arte.tv/fr)
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Posté Le : 06/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : El Watan
Source : www.elwatan.com