Stéphane Cazes «Un contre-discours»

Avis ? Stéphane Cazes, jeune cinéaste français, explique que l'engagement est une nécessité.«J'aime le cinéma engagé, et le cinéma a un pouvoir extraordinaire ; à travers une histoire racontée, l'on peut soulever des questions, susciter des débats, changer la vision du monde chez les gens. Le cinéma est l'art où l'on peut aller plus loin dans l'engagement», dit celui qui signait Omblin, un long métrage sur la situation des mamans avec leurs enfants dans les prisons françaises, un film touchant et bouleversant, qui remet en question le système judiciaire français.Celui pour qui l'engagement est plus qu'un choix mais un devoir, voire un besoin d'approcher la réalité, déclare : «C'est l'engagement qui me pousse à la créativité ; en réalisant des films, je suis poussé par des convictions, porté par quelque chose jusqu'au bout de la réalité : montrer la vérité et la discuter. Et si je fais des films pas engagés, je pense que je ferai de mauvais films.»Cherchant dans ses films à lever le voile sur une réalité jusque-là imprécise, méconnue, Stéphane Cazes, qui estime que ses films sont un prolongement de son engagement, pense qu'il faut du courage pour faire un film engagé. «Car un cinéma engagé n'est pas ce qu'il y a de vendeur. Il y a des règles commerciales qui imposent quel type de film faire», souligne-t-il.A la question de savoir si le cinéma engagé peut être un contre-discours, Stéphane Cazes, pour qui le cinéma engagé n'est pas spécifique à une époque, répond : «Il s'agit effectivement d'un contre-discours. Il réagit contre le discours dominant, il véhicule une idéologie de tolé-rance ; et ceux qui ont des idées à l'inverse des miennes, pensent forcément que mon film véhicule une idéologie.»S'agit-il donc d'une prise de position '«Montrer ce qu'on montre, c'est en soi une prise de position, en revanche?j'essaie d'être le plus objectif possible, toujours dans l'idée de dire au public de ne pas dire ce qu'il doit penser, de le laisser faire sa propre interprétation à propos de la réalité dévoilée. Cela est très important. Je fais la différence entre un film engagé et un film de propagande, j'essaie donc de ne pas être là-dedans, de ne pas dire aux gens de penser comme ça, de quelque manière que soit, de leur donner ou imposer des directives, j'essaie avant tout de raconter une histoire, décrire la réalité, montrer des événements choquants.»Ainsi, Stéphane Cazes, pour qui donc le cinéma engagé signifie le courage de bousculer les tabous, d'aborder les sujets sensibles, délicats, ou interdits, et de dénoncer les injustices», c'est-à-dire une démarche intimement liée à l'audace et à la liberté du cinéaste, a, dans chacun de ses films, des choses à dire et il ne veut en aucun cas influencer l'opinion du public.