Algérie - Après l'indépendance


Stele commemorative Mermoura


Stele commemorative de la bataille de Mermoura 28-29/5/1958 ou fut abattu le colonel Jeanpierre.





GUELMA: Un 27 mai 1958… par Menani Mohamed L'histoire nous a enseigné que les multiples actions de combat et de lutte du peuple algérien contre le colonialisme oppressant n'étaient, aucunement, des improvisations creuses ou des anticipations utopiques et ne sont devenues réalité frappante que grâce à la foi inébranlable et au génie créateur de ses précurseurs animés d'une ferme détermination de croire à leur juste cause, au point de ne pas hésiter à aller au sacrifice suprême, dans la dignité. 27 Mai 1958 – 27 Mai 2013 – 58 ans après l'on revient à Mermoura, devant la stèle du souvenir et l'épave conservée d'un hélicoptère du type ‘Alouette', l'engin volant qui s'écrasa avec le chef du régiment d'étrangers parachutistes qui ne cessait de rappeler sa participation à l'agression tripartite criminelle contre l'Egypte nasserienne. L'on revisite un jalon de l'histoire, à travers ce haut fait d'armes où l'intelligence et l'esprit d'initiative d'une unité combattante de l'ALN formée de paysans et d'ouvriers, sortis de la gangue de leur condition infra humaine, avaient vaincu les « héros » de Suez-Port Said, les « professionnels » du bataillon de Corée, soutenus par les bérets colorés, la Légion étrangère, les blindés, les batteries d'artillerie lourde, les hélicoptères de combat, et les bombardiers B26. Le contexte de l'époque était marqué par le retour du général De Gaulle, après l'effondrement de la 4ème République. Il avait obtenu les pouvoirs absolus, se fixant un objectif de «mater la rébellion», en lançant contre elle, toutes ses potentialités dans un vaste déluge de feu. La révolution algérienne mettait en échec l'entreprise criminelle de «pacification» et de fraternisation, tout en déjouant ses plans et sa stratégie martiale à outrance. Les unités de l'ALN disposaient de plusieurs zones libres sur le terrain. Le lieutenant colonel Jean-Pierre, chef du R.E.P. à Guelma et son compère le colonel De Seize, chef du bataillon de Corée en stationnement à Oued Zenati, avaient décidé de casser l'élan de solidarité qui mobilisait les populations urbaines et rurales autour des ‘katibates' combattantes qui essaimaient les maquis et se manifestaient par des entreprises armées très téméraires et audacieuses. Le 27 mai 1958, l'opération baptisée « Taureau 3 » était organisée par la fine fleur de l'élite des officiers sortis des écoles de Saint Cyr et de Saint Maixant, mettant en scène 30.000 hommes surarmés déployés en ratissage sur les massifs de Sersara, Debagh, Mermoura, Taya, Staïha, Beni Melloul, en vue de déloger une centaine de maquisards armés, pour la plupart, d'armes individuelles, d'un bazouka et d'une mitrailleuse. L'unité combattante de l'ALN se trouvait encerclée et ses éléments avaient décidé d'adopter une tactique défensive intelligente en se positionnant en hauteur pour dominer les forces assaillantes qui sont obligées de remonter le terrain escarpé e à découvert. La mobilité des tireurs donnait l'impression du nombre et le feu nourri constituait un barrage mouvant meurtrier. Cette stratégie fait subir des revers cinglants aux troupes ennemies, obligeant leur commandement à se faire appuyer par l'artillerie lourde et l'aviation. Le lieutenant colonel Jean-Pierre fut exacerbé de voir ses hommes en repli constant incapables de progresser vers ces hauteurs infernales. Il prit l'initiative de les faire revenir à la charge en les menaçant de son arme de poing à partir de son hélicoptère de type « Alouette ». la manœuvre fut observée par nos maquisards et des tirs croisés ont été dirigés sur l'hélicoptère volant à leur portée. C'était la vengeance des justes. L'hélicoptère atteint avait commencé à fumer en tournoyant avant de s'écraser au sol, provoquant la mort du pilote et de l'officier n°1 de la place militaire de Guelma. La bataille entamée dès l'aube du 27 mai 1958 a été très rude et dura toute la journée où nos braves djounouds subissaient les pilonnages de l'artillerie et les bombardements à tâtonnement de l'aviation qui ne se privait pas de lâcher le phosphore et le napalm. A la nuit tombée, chaque camp voulut mettre à profit l'obscurité pour se dégager. Les soldats français s'étaient embusqués dans un espace triangulaire guettant son unique ouverture. Au cours de leur tentative de sortie de l'élan mortel, Si Tahar Dahmoune, Si Khelifa Khatla, Si Mahmoud El Harrouchi et leurs compagnons livrèrent leur dernière bataille en infligeant de lourdes pertes à l'ennemi et donnèrent une exemplaire leçon de bravoure avant de succomber, sous le nombre, mais les armes à la main. Le 27 mai 1958, à Mermoura, l'armée de métier de Mariane avait été humiliée par une poignée d'hommes qui avaient pris les armes pour défendre leur cause juste. Ces hommes avaient fait leur devoir entier et dans la dignité. A Mermoura, ce jour-là, ces hommes étaient rentrés dans la légende.
ramzi menani - guelma, Algérie

29/05/2013 - 98027

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