Algérie

Statistiques de la pauvreté en Algérie : des secrets jalousement gardés Actualité : les autres articles



Nous n'avons pas de chiffres fiables pour mesurer l'indice de pauvreté en Algérie. C'est le black-out total sur les données.»Cet aveu émane des chercheurs, des économistes et des universitaires. Pour eux, seule une enquête sur la consommation des ménages que réalise, tous les dix ans, l'Office national des statistiques (ONS) peut déterminer l'indice de pauvreté dans notre pays. En 2010, l'ONS a effectué ce travail, mais les résultats de cette enquête n'ont jamais été rendus publics. Pourquoi ' Il est difficile pour les autorités, nous dit-on, de révéler des chiffres contredisant leur discours.
«L'ensemble des rapports élaborés ces dernières années par le CNES, le PNUD ou alors le Ceneap indiquent un net recul de la pauvreté. Nous ne doutons pas du travail de ces organismes, mais leurs résultats ne sont que de simples estimations d'une décennie à une autre et non un diagnostic», note Mohamed Saib Musette, chercheur au Cread. D'après lui, la véritable mesure de l'indice de pauvreté dans le monde est la consommation des ménages. Une enquête dans ce sens permettrait aux concernés d'établir une comparaison entre les ménages les plus riches et les plus pauvres.
Ce travail, confectionné par une équipe bien étoffée, ne s'intéressera pas au salaire des pères de famille, mais plutôt sur combien ils consomment. «Les ménages sont interrogés sur leurs diverses factures, sur leur loyer, leurs dettes, ce qu'ils consomment quotidiennement' Ce sont ces éléments qui nous permettraient d'avoir une idée du nombre exact de personnes démunies à l'échelle nationale», explique notre interlocuteur, qualifiant toutefois d'«intrigante» la non-publication des résultats de l'enquête sur les ménages réalisée en 2010.
A la question de savoir si le pouvoir a des choses à se reprocher, Mohamed Saib Musette rétorque : «Probablement !» Il existe, explique-t-il, des zones d'ombre que les chercheurs intéressés par cette enquête n'arrivent pas à déceler. «Sans ces données détaillées des ménages, aucune structure ne peut prétendre détenir des chiffres exacts sur le nombre de démunis en Algérie. Les chiffres donnés par le département de la Solidarité, le Croissant-Rouge ou les APC ne reflètent pas tout à fait la réalité du terrain», affirme le chercheur. Sur ce chapitre, M. S. Musette confirme l'existence d'une Algérie à deux vitesses : une catégorie qui roule sur l'or et l'autre digne des damnés de la Terre. «Un fossé se creuse entre les nouveaux riches et les véritables démunis. Cet écart, nous ne pouvons pas l'analyser si nous n'avons pas de données sur l'évolution de la situation», estime-t-il.


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