Algérie

Start-up week-end : l'offshoring fait le buzz parmi les jeunes entrepreneurs



Créer sa propos entreprise fait encore rêver en Algérie. Pourtant, pour beaucoup de jeunes étudiants, c'est devenu un jeu qu'ils arrivent à maîtriser même à distance. Rencontre avec des Algériens connectés au monde. C'était à la seconde édition de «startup weekend» d'Algérie qui a eu lieu du 17 au 19 novembre à l'Ecole nationale supérieure d'informatique (ESI) de Oued Smar. Où l'on apprend qu'il est possible de vendre des services aux USA, à partir de son laptop dans le sac à dos.

A la manière d'une émission de jeu télévisuelle, la scène se déroule dans un amphithéâtre de l'ESI. Face à un public d'une centaine de personnes, agitées et flanquées des mêmes badges et tee-shirts, un jeune identiquement habillé tente, microphone tremblant à la main, de baragouiner une présentation, adressée aux seules personnes «distinguées» qui occupent le premier rang de la grande salle. De l'autre côté de la scène est projeté, sur un écran extra large, un compte à rebours de cinq minutes, qui a démarré quand le «candidat» a commencé sa présentation. Lorsqu'il jette un premier coup d'Å“il sur le compteur, il affiche déjà 3 minutes 50, il a tout juste eu le temps de donner les noms des membres de son équipe. Panique. Il lui reste moins de 4 minutes pour exposer sa «future entreprise de services» et convaincre l'assistance bruyante, dans une langue française qui semble lui échapper et avec l'appui d'un collègue aux commandes du data show un peu distrait, que son idée est bonne et innovante, que l'étude de sa faisabilité est concrète, que le plan financier détaillé est solide, que la stratégie marketing est ciselée, et que l'application informatique et son site web sont déjà opérationnels. Mission impossible.

Dans la seconde partie du «jeu», ce sont cinq autres minutes de questions du jury, que le candidat devra subir en espérant, cette fois, voir le compteur s'accélérer. Le «startup weekend» est une sorte de concours de création d'entreprise à partir d'une simple idée lancée le premier jour, autour de laquelle se forme une équipe qui se rencontre, parfois pour la première fois, aidée par un «coach» (souvent un entrepreneur confirmé). L'équipe formée s'attelle à transformer l'idée en une «entreprise viable» en seulement 54 heures chrono, que sanctionne un jury lors des 10 dernières minutes de la présentation.

Des idées qui vont de la géolocalisation au e-learning

Tarik Zakaria Benmerar, 22 ans, était lors de cette soirée de clôture un de ces candidats. La barbe élégamment taillé, sac à dos et laptop toujours à portée de main, il est venu, comme des dizaines d'autres jeunes (pas toujours du centre du pays) participer à l'élaboration d'une startup. «Je suis arrivé avec une idée que je pratique déjà avec ma petite entreprise», nous confie-t-il juste avant les délibérations. «Il s'agit des services en offshoring informatiques, mais de la trentaine d'idées de départ qu'on a proposées, après un vote, il fallait en garder qu'une dizaine, la mienne n'a pas été retenue, j'ai alors intégré une équipe pour développer un autre concept qui m'intéresse, les services écologiques», ajoute Tarif.

Au final, dix équipes mixtes ont ainsi été formées, proposant des idées aussi différentes les unes que les autres. Allant des services de géolocalisation à la préparation via site web de fêtes de mariage en passant par le e-learning, la communication web et autres services d'optimisation de la diffusion, des stocks et de la production.

Le choix de l'ESI pour tenir la seconde édition algérienne de «startup weekend» (la première s'est déroulée en avril dernier lors de la semaine du web, au cyber parc Sidi Abdellah), à l'initiative du club scientifique CSE, fondé et dirigé par un ex-étudiant de l'école, Mohamed Bougaa, était de pouvoir disposer des locaux de l'école, tel le grand amphithéâtre et la bibliothèque. Le CSE a également pu mobiliser ses membres, très attentifs aux moindres besoins des candidats, ainsi que certains sponsors dont Microsoft, déjà partenaire des startup weekend à travers le monde aux côtés de Google. Egalement partenaire, l'Agence Nationale de Promotion et de Développement des Parcs Technologiques (ANPT) a offert au premier lauréat de cette édition «30 mois d'hébergement dans des locaux et l'intégrer dans le programme incubateur de startup du Cyber Parc Sidi Abdellah avec l'assistance nécessaire pour lancer son entreprise», a déclaré Rachâa Bedjaoui-Chaouche, directrice de l'incubateur et membre du jury.

Pour Tarik Zakaria Benmerar, l'enjeu principal de ses startup weekend était de bénéficier des locaux du Cyber Parc Sidi Abdellah qui nécessitent initialement un dossier de candidature qui «ne mord pas souvent». Encore étudiant à Bab Ezzouar, il a créé une entreprise… aux Etats-Unis. «Avec seulement 520 dollars de placement de départ, j'ai pu créer ma propre entreprise Acigna Inc (qui veut dire cloud ou nuage en Amazigh)», nous déclare-t-il sans fierté. Et comme l'organisateur des startup weekend, le «Chief Executive Officer and Founder» de Acigna Inc organise lui aussi depuis 3 ans, dans son université, les Linux install Party, la boucle est bouclé. Et chacun peut venir avec son ordinateur découvrir, essayer voire installer le système d'exploitation open source Linux sur sa machine.

«Mon boulot dans ma boîte ne me demande pas beaucoup d'effort, je travaille quelques heures par semaine, cela consiste à corriger des bugs et optimiser des logiciels qui font fonctionner des entreprises aux USA, je suis payé environ 800 dollars de l'heure. Il m'arrive de gagner jusqu'à 40.000 DA par mois. Nous sommes de plus en plus nombreux à faire ce travail», ajoute-t-il. Comme le confirme Mohamed Bougaa, beaucoup de jeunes entrepreneurs, qui refusent de passer par l'ANSEJ pour cause des taux d'intérêt considérés comme de l'usure ou en raison des lenteurs administratives, cherchent d'autres moyens comme le sponsoring ou travailler dans l'offshoring, c'est à dire à partir de l'Algérie pour des entreprises basées à l'étranger.




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