Algérie

Stand-by



Stand-by

Le gouvernement sert-il à quelque chose en Algérie ' Apparemment non si l'on s'en tient au peu d'empressement mis par le président Bouteflika pour changer l'Exécutif, comme les usages politiques le commandent au lendemain de la mise en place du nouveau Parlement. Presque un mois après la tenue des élections législatives du 10 mai et plusieurs jours après l'installation de la nouvelle Assemblée populaire nationale, l'Algérie se retrouve encore une fois en mode de pilotage quasi automatique, en attente d'un nouvel Exécutif qui tarde à se mettre en place.
C'est devenu une tradition chez Bouteflika de faire durer le «suspense» pour la formation du gouvernement. N'avait-il pas mis, par le passé, plusieurs mois pour former l'Exécutif ' Ne se sentant lié par aucun délai légal pour la mise en place du gouvernement, Bouteflika refuse de se laisser enfermer dans une logique de gouvernance conventionnelle. C'est lui et lui seul qui fixe les règles du jeu politique et institutionnel, en imposant son style, sa vision des règles de l'alternance et son agenda personnel au fonctionnement des institutions, quitte à faire une entorse aux usages établis.
Dans les démocraties, comme on l'a encore vu il y a quelques jours en France, entre l'élection du président Hollande et la constitution de la nouvelle équipe gouvernementale, tout s'est passé très vite, en trois ou quatre jours. Car tout était déjà ficelé avant même le scrutin. Tout est programmé, négocié sur des bases clairement définies et acceptées par les partenaires politiques. L'installation de la nouvelle APN ne s'est pas accompagnée, comme le voudrait la tradition républicaine, de la démission, dans les délais normalisés, du gouvernement en tant qu'acte fondateur légitimant d'une certaine façon la nouvelle institution mise en place. Libre par la suite au président de la République de renouveler ou non sa confiance au Premier ministre sortant, de procéder à un changement partiel ou global de l'Exécutif.
La manière de faire de Bouteflika déroute aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Nos partenaires ne parviennent pas à saisir le sens et la portée d'une telle démarche attentiste. On se perd alors en conjectures. Certains y voient le signe de laborieuses tractations, de luttes intestines au sommet sur fond d'enjeux autour des futures batailles électorales, particulièrement l'élection présidentielle de 2014. Mais connaissant les libertés que Bouteflika prend depuis son arrivée aux affaires avec les règles protocolaires et les usages politiques et diplomatiques, pour ne rien dire du respect de la légalité constitutionnelle, beaucoup estiment, au contraire, que la lenteur mise dans la constitution du gouvernement relève tout simplement d'un caprice, d'une coquetterie politique que Bouteflika a érigés en mode de gouvernance.
Le fait est que la démarche prend en otage tout un pays. Car on a beau seriner que le gouvernement continue de vaquer normalement à ses occupations, on voit mal comment un ministre et tout son staff, qui savent que leurs jours au gouvernement sont comptés, pourraient encore avoir le c'ur à l'ouvrage, s'ils l'avaient déjà auparavant. Et la remarque vaut pour les responsables à tous les échelons qui se retrouvent ainsi en stand-by prolongé. Les dégâts d'une telle situation de vacance non déclarée du gouvernement sur le climat des investissements, en Algérie, sont tout aussi incommensurables.




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