Algérie

Stabilité et autres démissions



Stabilité et autres démissions
On aura compris que le thème de la stabilité, autour duquel s'articule tout le discours des partisans d'un quatrième mandat présidentiel, célèbre uniquement le fait que l'Algérie soit restée en retrait des mouvements de révolte ayant conduit à des changements de régime dans les pays de la région. Le pouvoir en place ne se lasse pas de se féliciter d'avoir épargné au pays les terribles développements survenus ces trois dernières années en Libye, en Syrie et même en Egypte où le régime militaire opère un retour à la case départ dans un climat politique d'un autre temps. La Tunisie, qui vient de jeter les bases d'un système démocratique, a prouvé, a contrario, qu'il n'est pas toujours hasardeux de faire tomber un régime autocratique. On concède au pouvoir algérien d'avoir réussi à «tenir la barque», à sauver ses propres meubles et à assurer une stabilité rentière à ses larges clientèles.Cependant, rares sont les citoyens qui peuvent éprouver cette impression de stabilité qui a l'air de constituer l'axe principal d'une improbable campagne de réélection. Parti il y a une quinzaine de jours à Ghardaïa, à l'occasion d'une fête religieuse, afin de réparer les dégâts d'une gestion administrative et sécuritaire calamiteuse, le Premier ministre n'avait pas rejoint son bureau que les affrontements intercommunautaires avaient repris de plus belle. Livrés à leur sort durant toute l'année, les citoyens de la région n'avaient pas donné plus de crédit à l'initiative gouvernementale et aux engagements officiels pris à cette occasion. Au début de cette semaine, une grande ville comme Béjaïa était totalement isolée à cause du blocage de plusieurs routes par des manifestants. Le calvaire subi par des milliers de citoyens en raison de ces actions ne suscitera aucune réaction des représentants de l'Etat et des services de l'ordre.Se sachant sur une poudrière, le pouvoir n'ignore pas qu'une protestation sociale ponctuelle est préférable à une révolte généralisée qui changerait le cours des événements politiques dans le pays. La démission de l'Etat est particulièrement «en vigueur» en Kabylie. Une prise d'otage, comme celle en cours près de Tizi Ouzou, n'a pour seule réponse que la mobilisation de la population. «Coupez vos routes, cherchez vous-mêmes vos otages, mais laissez-nous organiser nos élections», semblent dire les tenants du pouvoir à l'adresse des citoyens en plein désarroi.Le drame algérien est que les élections donnent un semblant de fonctionnement des institutions, parfois souligné par quantités d'observateurs étrangers, mais sans jamais asseoir une quelconque légitimité populaire qui réduirait le fossé entre les citoyens et l'administration. Plus grave que le manque de légitimité, c'est le spectre de la violence qui se profile avec le scénario électoral enclenché présentement. Ironie de l'histoire, c'est le régime qui a théorisé la notion de «première violence» (arrêt du processus électoral de 1991), qui s'apprête à opérer un coup de force contre la démocratie et les aspirations populaires au changement.




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