St Valentin : une rose à 650 DA, un nounours pour 1.000 DA…

Fêter l'amour à tout prix ! Telle est la devise des jeunes couples qui ont fêté hier, la fête des amoureux, la St Valentin, une tradition romaine, célébrée le 14 février (début de la période des amours chez les oiseaux) de chaque année. Les fleuristes et autres vendeurs d'ours en peluche ont profité au maximum en doublant, voire en triplant, les prix. Le prix d'une rose, de préférence rouge, qui était de 250 DA, luni, a atteint hier les 650 DA, alors que les prix des ours en peluche ont carrément doublé pour atteindre les 1.000 DA, pour un nounours qui coûtait, il y a quelques jours 500 DA. Mais cette flambée des prix n'a aucunement dissuadé les amoureux. L'essentiel pour ces jeunes est d'enjôler leurs biens aimés. Et oui ! Quand on aime on ne compte pas. Les ours en peluche se vendaient comme des petits pains, au centre-ville où plusieurs vendeurs ambulants ont mis en place des étalages, le long des arcades de la rue Larbi Ben M'hidi. Pour les fleuristes de la place Hoche, c'était une occasion en or pour faire de bonnes affaires. Une rose à tout prix ! Certains n'ont pas hésité à dépenser 500, voire 650 DA pour acheter une seule rose. «J'ai fait une bonne affaire. J'ai acheté cette rose rouge lundi pour seulement 250 DA. Aujourd'hui, son prix a doublé. Elle coûte jusqu'à 650 DA, chez les fleuristes de la place Hoche», affirme, tout sourire, ce jeune. Un homme, d'un certain âge, apostrophe le jeune amoureux : «c'est une fête païenne. H'ram khouya ! Nous sommes des musulmans».

Le jeune, un peu décontenancé par cette remarque désobligeante, rétorque : «non, attends ! Cette rose est pour ma mère». La réplique du jeune amoureux n'a pas convaincu l'assistance. «Ah oui ! C'est pour ta mère, alors embrasse-la pour nous», ironise ce jeune homme.

A l'exemple des fêtes de Noël, les milieux salafistes ont lancé une campagne virulente pour le boycott de la fête de l'amour. «C'est un pêché de célébrer les fêtes des mécréants. En outre, l'amour hors mariage est illégitime et strictement interdit par la religion de Dieu», lance en colère cet homme. Les amoureux, convaincus, ne semblent pas prêter une oreille attentive aux prêcheurs, en témoignent les étalages des ours en peluche, pris d'assaut à longueur de journée par les jeunes couples. «L'amour est aveugle. Il risque de vous conduire en enfer !», avertit le salafiste. Des sites Internet islamiques mènent, depuis plusieurs mois, une campagne pour le boycott de toutes les fêtes occidentales. Les adeptes de ces mouvements, qui prônent un Islam rigoureux et pur sur la voie des Pieux Prédécesseurs, n'hésitent plus à descendre dans la rue pour prêcher leurs convictions. Des CD-Rom et des brochures sont distribués aux passants et en particulier aux jeunes, dans l'espoir de les rallier à leur mouvement. De nombreux intellectuels voient d'un mauvais Å“il, ce retour en force des milieux salafistes, au devant de la scène. Les amoureux, convaincus, qualifient ces prêcheurs de «trouble-fêtes».

«On ne va pas faire la messe dans une église. On va seulement offrir une rose à nos bien-aimées», se défend les amoureux éperdus. Pour revenir à l'ambiance de cette fête controversée, certains jeunes, plus ingénieux préfèrent offrir à leurs compagnes des cadeaux plus utiles pour cette saison de froid. Un cache-nez avec un bonnet pour garder la tête de sa bien-aimée au chaud ! Que ce soit une rose, un nounours ou une écharpe de laine, l'essentiel pour ces amoureux éperdus, est de prouver leur amour à n'importe quel prix.