Algérie

SPORTS, FOOT-POGNON !



Depuis déjà plusieurs années, le sport algérien a adopté le professionnalisme. Comme discipline expérimentale, le football, le sport-roi, en ce sens que depuis presque toujours, il a réussi à mobiliser des dizaines de milliers de consommateurs, des dizaines de mécènes et de sponsors publicitaires et, presque toujours, l'appui sans faille, pour des raisons évidentes, politiques, sociales et diplomatiques, des Appareils de l'Etat, ceci dit en Algérie et ailleurs. Il n'y a qu'à voir ce qui se passe en Arabie saoudite (700 millions de dollars - pris sur le Fonds de souveraineté, le Pif, 7ème mondial, estimé à 700 mds usd - consacrés seulement pour le recrutement cette année de 20 grands joueurs étrangers. Les clubs vont ensuite devoir débourser 1,1 milliard de dollars par an en salaires. Le Fonds souverain saoudien avait acquis, en juin, les trois quarts du capital des quatre principaux clubs, Al Ittihad, Al-Ahli Saudi, Al-Nassr FC, Al Hilal) et les compétitions organisées au Qatar, entre autres. Dans un passé récent, on a eu les « oligarques » russes et les « investisseurs » chinois envahissant le continent footballistique européen.Depuis l'Indépendance du pays, en matière de gestion du sport en général et du football en particulier, on a tout essayé, avec pour résultats quelques succès retentissants, mais aussi beaucoup d'échecs cuisants. Dont le plus important, à mon sens, a été l'abandon explicable mais encore publiquement et franchement inexpliqué du sport scolaire (Education physique) et universitaire. Il sera évidemment très difficile de rattraper le temps perdu et, surtout, de restructurer les mentalités et les comportements d'autant que le conservatisme urgelé domine désormais, et pour longtemps, la sphère éducative.
Cette fois-ci, donc, pour « sauver les meubles » (un contenu qui se trouve bien en-deçà du contenant, c'est-à-dire les nombreuses infrastructures de pointe réalisées par l'Etat ou en passe de l'être) on est en train de revenir (et non venir) à la formule ancienne de « prise en charge » par des sociétés économiques et/ou industrielles publiques et/ou mixtes, surtout celles en bonne santé financière, l'expérience privée passée (le MCA et l'entreprise Haddad) ayant échoué, car fortement affairiste et politicienne. Cette fois-ci, elle sera quasi-totale. Ainsi, à tous seigneurs tous honneurs, après le championnat et l'équipe nationale par Mobilis, déjà le CRB, la JSK, le MCA et le MCO sont absorbés par Madar, Sonelgaz, Sonatrach et Hyproc. D'autres clubs vont certainement suivre, car il paraît impensable et impensé que le mouvement d'absorption entamé ne soit pas complété devant les demandes (et les protestations) qui affluent désormais de toutes parts, chaque club réclamant (« exigeant »') sa part pour faire oublier les très mauvaises gestions du passé (pas seulement en foot, hélas) et effacer les très, très lourdes « ardoises », dont certaines en devises étrangères (pour certains clubs, des dizaines de milliards de cts). Aller jusqu'au bout de sa logique « participative » (ou interventionniste, c'est selon) ou boire le calice jusqu'à la lie, c'est comme il vous plaira de penser !
Et ce n‘est pas fini, car cette « capitalisation » des clubs a entraîné une autre demande déjà en partie exhaussée pour certains joueurs, les entraîneurs ayant déjà obtenu, en partie, satisfaction. Celle des salaires et autres rémunérations. On a eu, par le passé, le cas des entraîneurs et de certains joueurs étrangers, surtout importés, grassement payés, ce qui n'avait fait qu'aggraver les déficits budgétaires et les endettements, plombés par une rédaction des contrats très lacunaires entraînant plusieurs procès à l'international. L'arrivée récente d'un international algérien (il y en aurait désormais 8, dont Mbolhi au CRB, club qui a, pourtant, déjà, 3 très bons gardiens) avec un salaire énormissime payé, nous dit-on, par un sponsor étranger, lequel va, assurément se « rattraper » - ne va sûrement pas arranger les choses, les joueurs locaux et autres (quand ce ne sont pas les travailleurs eux-mêmes) ne tardant pas à demander sinon un alignement du moins une révision des rémunérations et avantages. Comportement « capitaliste » tout à fait normal dans notre sport pro' où le talent désormais commercialisé se négocie souvent, hélas, avec des « intermédiaires » plus que douteux. Ici, aussi, l'informel, roi ! Mais comportement totalement inadapté dans un secteur (sport dit pro') encore globalement géré (sic !) par des structures économiques et politiques avec un fond encore étatiste, populiste et socialiste avec des spectacles, la plupart du temps gratuits ou à tarifs réduits et des prises en charge en veux-tu, en voilà. On comprend mieux la « crise » actuelle au niveau de la FAF (et de certains clubs) qui peine(nt) à élire son (leur) président. Trop d'intérêts en jeu ' Trop de calculs ' Ce qui est certain, c'est bel et bien l'agonie d'un système de gouvernance obsolète et trop longtemps « sur et mal-exploité ».


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