Algérie

Spéculation sur des produits alimentaires de base: Enquête parlementaire sur une pénurie


Les Algériens accueillent la nouvelle année avec une surchauffe de la mercuriale, au moment où les autorités du pays rassurent quant à un «retour à la normale dans les prochains jours».Hier samedi, le Conseil de la Nation a décidé de la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la pénurie et la spéculation sur des produits alimentaires de large consommation. Cette décision a été prise à l'issue d'une réunion du bureau du Conseil de la Nation, élargie aux présidents des groupes parlementaires et au questeur.
«En accord avec la politique pertinente du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, au titre de ses efforts soutenus et de sa ferme volonté de lutter contre le fléau du monopole et de la spéculation illicite, qui prennent de nouvelles proportions qui menacent la stabilité, la cohésion et l'immunité sociétale de la nation, et au regard des développements survenus sur le marché des biens et marchandises dans plusieurs wilayas et des pratiques et comportements hostiles et honteux de certains spéculateurs qui s'en prennent à la subsistance des citoyens, le Conseil de la Nation a décidé, dans le cadre de ses responsabilités constitutionnelles à l'égard du peuple et conformément à l'article 159 de la Constitution et des exigences de la loi organique et du Règlement intérieur y relatifs, de mettre en place une commission d'enquête parlementaire chargée d'enquêter sur les problèmes de pénurie et de monopole touchant certains produis essentiels de large consommation à travers le pays», lit-on dans le communiqué, rendu public à l'issue de la réunion.
Cette commission «fera la lumière sur les causes de cette crise, ses instigateurs et les parties qui l'alimentent», et ce, en vue de «contrer les man?uvres et les comportements malveillants répétés des spéculateurs qui participent de leur égoïsme et de leur avidité aux dépens des producteurs et des consommateurs», a ajouté la même source.
Le Conseil a tenu à rappeler à «tous les spéculateurs, les larbins de la cupidité et les provocateurs de troubles et des tentatives d'atteinte au pays que le Parlement, avec ses deux chambres, avait adopté récemment une loi relative à la lutte contre la spéculation illicite qui prévoit des dispositions et des mesures répressives». «L'Etat et la loi seront à l'affût à travers la consécration de la reddition des comptes en vue d'instaurer une vision claire de l'égalité sociale et de préserver le caractère social de l'Etat», a ajouté le communiqué. La commission d'enquête «entamera son travail par la mise en place d'un programme d'action à court terme conformément aux mesures légales», est-il encore indiqué.
Outre les produits alimentaires de base, comme le lait, le pain, ou encore l'huile de table et les conserves, qui connaissent une pénurie remarquée depuis plusieurs jours, d'autres produits manquent aussi dans les pharmacies, commerces de cosmétiques et de quincaillerie. Malgré les dénonciations de l'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur et son environnement, qui parle «d'une atteinte flagrante au droit des citoyens de savoir les vraies raisons à l'origine de ces pénuries cycliques et surtout injustifiées».
Le constat sur le terrain est que des surfaces commerciales ont commencé, dès jeudi, à appliquer de nouveaux prix pour les produits laitiers et dérivés. Des augmentations entre 05 et 30 dinars ont été constatées sur des produits comme les yaourts, le petit lait, le lait en poudre ou en pack. L'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement (APOCE) a imputé la pénurie de lait UHT (ultra haute température) à une «conjoncture temporaire», en raison du «retard accusé dans la délivrance des dérogations sanitaires aux importateurs de poudre de lait». Toujours selon l'APOCE, la pénurie du lait en sachet «n'est pas liée à la production ou à la réduction des quantités de la poudre de lait, mais à l'absence de contrôle et à des dysfonctionnements dans la distribution». Une hausse sauvage des prix qui a suscité colère et indignation des consommateurs. La tomate en conserve, le thon en boîte, la harissa ont également subi des augmentations entre 10 et 20 dinars, tout comme les boissons et jus qui ont connu un bond à la hausse entre 15 et 20 dinars. Les détergents, produits cosmétiques, produits parapharmaceutiques qui ont, eux aussi, enregistré une augmentation jusqu'à 150 dinars. Un renchérissement soudain a également été constaté pour les produits vendus en quincaillerie. La folle sarabande des prix qui prend de court les Algériens, intervient à un moment où des augmentations de salaires et un abattement sur l'impôt sur le revenu global (IRG) sont prévus, pour améliorer le pouvoir d'achat des catégories sociales les plus touchées par le renchérissement des prix à la consommation.
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