Algérie

Spéculation : l'Etat met le turbo


Cas concret : un commerce en alimentation générale avait pour habi5tude de stocker des sachets de lait dans un réduit au fond de son local pour ne servir que ses «connaissances»... Depuis quelques jours, il ne vend plus de lait en sachet... de peur de se retrouver derrière les barreaux. «L'affaire» de ce commerçant de Souk Ahras, condamné à 10 ans de prison ferme pour quelques sachets de lait, a secoué les consciences. Si l'Etat a bien fait en mettant le turbo pour tordre le cou aux spéculateurs de tous poils, l'approche répressive adoptée ne donne pas toujours des résultats probants.Une règle économique élémentaire voudrait que la spéculation, créée par la pénurie, disparaisse d'elle-même si la loi de l'offre et de la demande fonctionne comme il le faudrait. Pour les autorités publiques, l'entretien de la chaîne alimentaire est une «affaire» trop sérieuse pour être laissée aux crocs aiguisés des spéculateurs. Et parce que tout le monde ne mange pas forcément par la bouche, comme tout un chacun ne parle pas la même langue, le peuple se retrouve (dé) coupé en morceaux et en rondelles dans la complexe généalogie de ce que d'aucuns appellent l'art peu raffiné de la «mangeaison». Du bedonnant au freluquet, de l'émacié à l'anguleux, du ventriloque jusqu'aux estomacs (dé) vidés, de l'appétit léonin à la chair trop molle, des «rôteurs» de formation jusqu'aux mal empiffrés par vocation, il y a ceux qui bouffent à vingt doigts mélangés, même quand ils sont «occlus». En face d'eux, il y a la gent de ceux qui se sustentent au besoin, ceux qui becquettent par pur instinct de conservation, ceux qui ont appris à simplement ingérer ce qui est comestible, d'autres qui se suffisent d'ingurgiter tout ce qui vient à portée... de bouche. Au moment où d'autres, dans un rassasiement digne des fauves encagés, boulottent selon la grandeur des yeux, gueuletonnent en cachant les restes dans le revers du portefeuille, se gobergent quand ils ne veulent plus gamberger, ou se goinfrent quand il faut tout juste prendre le goûter. Il y a même, paraît-il, des bipèdes qui pratiquent régulièrement le sport du becquetage, du broutage et même du béquillage...