Les Algériens ne vivent sans doute pas la crise de la même manière. Si le citoyen d'Oran ou d'ailleurs a, de toute évidence, toutes les raisons d'être en colère devant le kilo d'ail, produit localement et cédé sur les marchés à 1500 DA, les lobbies des importateurs et des mandataires se frottent assurément les mains face aux immenses profits engrangés par la spéculation. Celle-ci a, malheureusement, encore de beaux jours devant elle, même si les pouvoirs publics ont, depuis quelques mois seulement, procédé, suite à la baisse drastique des recettes pétrolières, à une réduction et un contrôle des importations de certains produits, notamment les véhicules automobiles ou les matériaux de construction, en instaurant de nouveau le système des licences. Cela a eu pour effet, si l'on en croit les statistiques des Douanes algériennes, de baisser le niveau de celles-ci de plus de 11%, sans que cela se traduise par des retombées positives dans l'immédiat pour les consommateurs algériens. Pis encore, ils s'inquiètent d'un effet de contagion qui menacerait d'autres produits autrement plus indispensables que le simple condiment dont on peut se passer quand il devient aussi cher.Mais c'est sans doute plus la crainte des pénuries de produits de première nécessité devenant subitement inaccessibles aux bourses modestes qui hante les esprits. Quand on sait que depuis des décennies on a préféré recourir à l'étranger pour satisfaire la consommation intérieure. Interrompre ou même réduire cette pratique à terme sans que rien n'ait été entrepris de la part des pouvoirs publics pour encourager la production nationale qui se substituerait pour une part importante aux importations, a de quoi rendre inquiets les citoyens, notamment les plus démunis, les plus fragiles parce que les plus exposés aux affres de la crise. Surtout quand on sait que des sommes considérables, des milliards de dinars ont été engloutis dans la mise en valeur de nouvelles terres agricoles et dont une bonne partie a été détournée par des investisseurs peu scrupuleux, cumulant des responsabilités locales ou nationales, à l'instar de Amar Saadani qui en est l'archétype.Les nostalgiques pourront toujours regretter par exemple que la clémentine, ce fruit voisin de la mandarine qui a vu le jour dans la région de Misserghine, ait été progressivement supplantée par des variétés importées d'Espagne ou même de Chine et écoulées sur les marchés algériens. A terme, si rien n'est fait pour contenir cela, c'est tout simplement la disparition de la variété locale qui est en jeu. Ceci est valable pour la production nationale, notamment dans les grands bassins connus du Nord et des Hauts-Plateaux de l'Algérie d'une manière générale qu'il convient de préserver et de développer en même temps que l'on songe à la promotion de l'agriculture saharienne. Sans quoi, cela reviendrait à faire une cautère sur une jambe de bois.
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Posté Le : 19/02/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Reda Bekkat
Source : www.elwatan.com