Algérie

Souveraineté pétrolière



Un mois après avoir zappé l'Assemblée générale historique de l'ONU à New York qui a vu la présentation de la demande d'adhésion de la Palestine, le président Bouteflika choisit de se rendre à Doha pour le forum du gaz. Un choix dicté aussi bien par les enjeux internationaux que par le bouleversement interne à l'Algérie.
Après le fiasco du forum du gaz en avril 2010, organisé par l'ancien protégé de Bouteflika, Chakib Khelil, les pays de la future 'Opep du gaz' se retrouvent au Qatar pour discuter d'un marché en pleine distorsion. Au-delà des solutions proposées, forcément contradictoires vues de Moscou, de Téhéran ou d'Alger, le forum de Doha vaut le détour par la complexité des rapports géostratégiques entre les principaux leaders du gaz (Russie-Iran-Qatar-Algérie-Venezuela) qui, au-delà de l'aspect énergie, se déchirent sur des dossiers brûlants comme la Syrie, le nucléaire iranien ou la crise libyenne.
Dans ce barnum gazier, Alger semble traversé par un double défi qui sera difficile à atteindre. À Doha, Bouteflika a la possibilité d'être un modérateur entre différents géants gaziers qui ne se supportent pas. Allié historique de la Russie 'poutinienne', interlocuteur viable de l'Iran d'Ahmadinejad, compagnon de route du Venezuela de Chavez, il n'en est pas moins ami personnel du Qatar du Cheikh Hamad al-Thani. C'est de cette équation à concilier les points de vue que l'Algérie pourra jouer un rôle dans la diplomatie de l'énergie qui se met en place, axée sur le gaz.
Mais si Bouteflika se rend à Doha, son esprit va demeurer à Alger tant les tensions se sont exacerbées ces derniers jours autour de l'avenir de la Sonatrach.
À la veille de décisions majeures dans le secteur de l'énergie algérien pour l'année 2012, des informations contradictoires veulent saper l'autorité de la direction actuelle de la Sonatrach.
Des rumeurs alimentées par des lobbys de l'énergie, d'anciens cadres du secteur éjectés et pour certains, justiciables et recyclés dans les firmes internationales, participent au sein de la sphère énergétique algérienne à affaiblir l'actuel P-DG, Nouredinne Cherouati. Une campagne de dénigrement qui, au-delà de la personne du patron de la compagnie nationale, vise surtout 'la révolution' qui est en train de se mettre en place dans le secteur et qui risque de donner le coup de grâce aux lobbys de la corruption qui ont géré auparavant la Sonatrach comme un bien personnel.
Alors que l'affaire Sonatrach n'a pas encore livré toutes les implications et les complicités au plus haut niveau, l'avenir du secteur des hydrocarbures se jouera aussi bien à Doha qu'à Alger. Le tout est de réussir la transition énergétique afin de garder la souveraineté pétrolière algérienne intacte.
M. B.


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