La 36ème édition de la coordination de soutien au peuple sahraoui
(EUCOCO) a débuté hier en début de soirée dans la ville du Mans, à 200 km au
sud-ouest de Paris.
Des centaines de parlementaires européens, africains, d'Amérique latine
et d'Asie ont pris part à cet événement organisé d'habitude en Espagne.
C'est dans un climat tendu et une organisation catastrophique que la
conférence internationale a débuté dans le palais des congrès de la ville du
Mans. L'association française «les amis de la RASD», qui chapeaute
l'organisation, a eu toutes les peines du monde pour faire face aux
délégations, pour cause d'absence de logistique.
C'est le cas notamment des journalistes algériens, dont certains ont
carrément passé la nuit à la belle étoile à Paris, à leur arrivée à l'aéroport
d'Orly, alors que les organisateurs de la conférence avaient clairement fait
savoir qu'il y avait une prise en charge. Ils ont vécu un autre cauchemar une
fois arrivés dans la ville du Mans dans la nuit du 28 au 29 octobre.
Les noms des journalistes algériens, pourtant accrédités, ne figuraient
sur aucune liste. Pire, l'envoyée spéciale de la radio nationale tombée sur le
trottoir a été tout simplement abandonnée à l'hôpital du Mans alors qu'elle
venait de subir un «traumatisme crânien» qui lui a valu une intervention dans
le bloc opératoire de l'hôpital du Mans. La journaliste de la radio n'a pu se
soigner que grâce à la «compassion» des médecins de l'hôpital qui ont bien voulu
la prendre en charge sans assurance médicale en France. Aucune indication ni
information ne nous a été fournie ni par les responsables des «amis de la RASD»
ni par le représentant du Front Polisario à Paris. Au moment où toutes les
délégations ont été prises en charge, y compris les journalistes d'autres pays,
les représentants des médias algériens étaient hier toujours livrés à
eux-mêmes.
Le président sahraoui au Parlement français
A l'initiative des socialistes, le président de la République arabe sahraouie
démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, est intervenu jeudi dernier au
Parlement français. La présence du président sahraoui est d'autant plus
symbolique que la position officielle de la France est plutôt en faveur du
Maroc. Mohamed Abdelaziz a affirmé par ailleurs que c'est avec une grande
fierté qu'il s'exprime au sein de l'Assemblée et d'un pays dont la démocratie
remonte à plusieurs siècles.
Il soulignera que la
responsabilité des Nations unies, de l'Espagne et de la France en particulier,
est importante dans le règlement du conflit au Sahara Occidental.
«Le Maroc veut imposer une solution unilatérale», a dénoncé en outre le
président sahraoui. Et d'affirmer que malgré 35 années d'occupation, de
répression, de violation des droits de l'homme et de pillage des richesses du
Sahara Occidental, le peuple sahraoui tient à la paix. «Plus de 20.000
Sahraouis ont fui la ville d'El-Ayoun et sont refugiés à travers 8.000 camps de
fortune», a déclaré Mohamed Abdelaziz devant une centaine de députés venant de
tous les continents. Le responsable du Polisario a averti que la position
belliqueuse du royaume du Maroc rend improbable la reprise des négociations. De
son côté, Aminatou Haider a remercié les Français pour lui avoir permis de
s'exprimer à l'Assemblée nationale. La militante des droits de l'homme, qui
était en grève de la faim à Lanzarote (Espagne) en 2009, est revenue longuement
sur les conditions de vie déplorables des Sahraouis dans les territoires
occupés et les camps de refugiés.
Par ailleurs, «Ouest Républicain»
a fait état dans son édition d'hier d'une tension entre la communauté marocaine
établie dans la ville du Mans et le maire pour avoir permis l'organisation de
la 36ème Eucoco dans sa ville. Sous le titre «Sahara occidental : congrès sous haute
tension au Mans», le journal soutient que la conférence internationale de
soutien au peuple sahraoui fait réagir un «collectif d'amis du Maroc». Ce
dernier a organisé hier une «journée d'information» sur le Sahara Occidental et
comptait également organiser hier un gala-surprise gratuit près du circuit des
24 heures du Mans au profit des Marocains établis dans cette ville. La
présidente de l'association des amis de la RASD a qualifié le concert de
«propagande nationaliste malsaine».
Il faut savoir par ailleurs que
le maire socialiste de la ville du Mans, Jean-Claude Boulard, a clairement
affiché sa position en faveur de la cause sahraouie et affirme «s'inscrire dans
la résolution de l'ONU, qui n'a jamais renoncé au principe de
l'autodétermination et que c'est la deuxième fois que sa ville accueille cette
conférence» en rappelant que la première fois en 1991, le roi du Maroc avait
accepté le principe du référendum.
A noter que la 36ème Eucoco dont
les travaux se dérouleront jusqu'au 31 octobre a réuni cette année quelque 400
parlementaires, membres d'ONG, de professeurs d'université et de juristes.
Quatre thèmes principaux seront débattus à l'occasion de cette conférence. Il
s'agit de «Politique, information et ressources naturelles», «Droits de l'homme,
juristes et territoires occupés», «Coopération : santé, aide alimentaire, aide
humanitaire, territoires libérés, formation et villes» et enfin «Solidarité
populaire : jeunesse, éducation, culture, femmes et syndicats».
Posté Le : 30/10/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Envoyé Spécial Au Mans (France): Z Mehdaoui
Source : www.lequotidien-oran.com