Algérie

Souscripteurs et promoteurs en colère



Les nouvelles listes des futurs bénéficiaires des logements sociaux participatifs (LSP) font des vagues du côté de Aïn El Fouara. Les citoyens pointent un doigt accusateur sur le travail des services de la daïra, chargée de l'opération. Transmises aux différentes directions pour «enquête», les fameuses listes qui circulent à  travers un flash disque d'une main à  une autre, et dont une copie a été remise  à Â  El Watan, sont contestées par une grande partie des 20 000 citoyens concernés par cette formule. Ces derniers remettent en cause le travail de la daïra. Ils déclarent: «Décidément les réflexes de nombreux bureaucrates qui excellent dans les deux poids deux mesures, le copinage et le favoritisme ont la peau dure, d'autant plus que les listes établies sont bourrées par des amis qui possèdent des biens cédés à  leurs enfants ou conjoints. N'étant pas divorcées (nouveau subterfuge pour l'obtention d'un logement supplémentaire: contourner la réglementation afin d'obtenir un logement supplémentaire), des femmes mariées figurent en pole position tout comme des jeunes célibataires (des deux sexes), et la progéniture d'une certaine catégorie de citoyens. Même des épouses de commerçants figurent sur les listes. Les exemples ne manquent pas. L'Etat qui ne ménage aucun effort pour répondre aux besoins des citoyens, doit bannir ces pratiques. Pis encore, la date de dépôt de dossier n'a pas été respectée par les concepteurs des listes qui n'ont pas jugé utile de l'afficher. »
A travers une telle procédure, il y a anguille sous roche, affirment des citoyens outrés. Selon eux, l'établissement de ces listes a obéi, une nouvelle fois, au système du quota. Adel, un père de famille, précise: «Ce sont les enfants et les proches de X et Y qui ont été servis une fois de plus. Pour maquiller la chose, on l'a meublée par quelques citoyens méritants. L'administration, qui a voulu soi-disant corriger les erreurs du passé, a fait pire. Il ne faut pas se tromper, car les listes élaborées la fois passée par les promoteurs, en collaboration avec les différents services concernés, n'avaient pas fait l'objet d'une aussi grande contestation. Au lieu de sanctionner les entreprises qui, en matière de délai de réalisation et de prix du logement, n'ont pas respecté le cahier des charges, on pénalise, avec un tel procédé, le maillon faible qui est le pauvre citoyen. Nous profitons de l'opportunité pour solliciter l'arbitrage du wali pour qu'il mette fin à  ces passe-droits.» Farouk, un cadre dans une société nationale, ajoute: «Trouvez-vous normal que pour déposer le dossier, il faut recourir à  une connaissance ' Pour figurer dans la liste, tu as besoin d'un coup de main. Et  pour le choix du palier de l'immeuble à  la charge d'un bon promoteur, tu es aussi obligé de recourir au même procédé, lequel n'est malheureusement pas à  la portée de tout le monde.» D'après notre interlocuteur, l'administration qui a mis plus d'une année pour «concocter» en  catimini des listes, doit revoir sa copie. Deux pères de famille recalés, Amor et Mohamed, martèlent: «Après une longue attente, le suspense se transforme en cauchemar. Il est inconcevable et inadmissible de satisfaire des célibataires d'une seule famille et de laisser en rade une famille de cinq ou six membres. Que les responsables concernés n'essayent pas, une nouvelle fois, de nous berner avec les récurrentes réponses bateau, genre, les listes ont été élaborées selon des critères bien établis, si tel est le cas, nous les mettons au défi de les mettre à  la disposition du grand public.» En outre, ils mettent le doigt sur l'âge de certains lauréats: «Un bénéficiaire de 24 ou 25 ans, a-t-il les moyens de s'offrir un appartement de plus de 2,8 millions de dinars ' » s'interrogent-ils. Ils réclament une commission d'enquête pour éplucher les listes des 3 596 bénéficiaires et les deux autres englobant 500 et 200 futurs attributaires. Les entrepreneurs, les autres éléments de l'équation, fulminent eux aussi.
Des sociétés locales poussées à  la faillite
La régularisation financière des anciennes opérations, le retard mis dans le lancement de nouveaux projets, leur mise à  l'écart dans l'élaboration des listes et l'élimination de nombreux professionnels ne disposant d'aucun plan de charge, en sont la cause. «Mis au chômage depuis plus de 9 mois, de nombreuses sociétés de réalisation licencient mensuellement plus de 50 ouvriers. faute d'un plan de charge; le secteur qui a été totalement déstructuré au début des années 2000, risque de revenir à  la case départ, sachant que la profession qui a consenti, en terme de matériels (camions, grues, centrale à  béton et autres), de gros investissements est en péril», déclarent des promoteurs, qui remettent sur le tapis la manière de faire de certains responsables: «Au lieu d'encourager les entreprises locales, ayant pourtant fait leurs preuves, certains responsables trouvent le moyen de confier 1 000 logements AADL à  des Chinois et 1 000 autres à  des Hindous, qui disposent sans nul doute d'un certain savoir-faire pour  la réalisation des centrales nucléaires, mais en matière de construction de logements, les entreprises locales ont, contrairement aux Chinois chargés du fameux projet des 500 logements AADL d'El Eulma, fait leur preuve. C'est inconcevable de renforcer des sociétés étrangères aux dépens des sociétés locales, poussées vers la faillite. Cette pratique va à  l'encontre des directives des hautes sphères de l'Etat», précisent nos interlocuteurs, obligés pour certains d'eux d'aller exercer dans les  wilayas limitrophes comme Bordj Bou Arréridj, Mila et Constantine. Pour mettre un terme à  une telle hémorragie qui risque de faire très mal au secteur du bâtiment, «l'intervention du wali est souhaitée», martèlent les promoteurs qui remettent sur le tapis d'autres problèmes, non moins importants.
Au lieu disent-ils de nous encourager, certains responsables sollicités par la régularisation financière des projets achevés et réceptionnés, trouvent le moyen de dire: «Allez voir les gens qui vous  ont octroyé les marchés !» Mieux encore, les rares entreprises à  avoir bénéficié des 3 500 LSP, ont été sommées d'entamer les travaux sans qu'on leur donne l'acte de propriété et le prix du mètre carré du terrain. Leur non-implication dans l'élaboration des dernières listes du LSP est un autre problème, diront de nombreux entrepreneurs, dépités.             
 


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