Annoncée par la loi de finances complémentaire 2010, l'obligation imposée
aux soumissionnaires étrangers aux appels d'offres internationaux d'investir
dans le cadre d'un partenariat avec des opérateurs nationaux est désormais
traduite dans le nouveau code des marchés publics. L'article 24 du nouveau code,
paru dans le dernier Journal officiel dispose que les cahiers des charges des
appels d'offres internationaux «doivent prévoir l'obligation, pour les
soumissionnaires étrangers, d'investir dans le cadre d'un partenariat, dans le
même domaine d'activité, avec une entreprise de droit algérien, dont le capital
est détenu majoritairement par des nationaux résidents». L'article précise que
le dossier d'appel d'offres doit contenir une «liste non limitative
d'entreprises (…) susceptibles de concrétiser une opération de partenariat avec
le soumissionnaire étranger». Ainsi, le soumissionnaire étranger devra
s'engager, sous peine de voir son offre rejetée, à satisfaire à l'obligation de
s'associer à un opérateur économique national. Si cet engagement n'est pas respecté,
des sanctions pouvant consister en la résiliation du marché où à l'application
de pénalités financières pouvant aller jusqu'à 20% du montant du marché seront
appliquées. En outre, l'entreprise étrangère qui n'aura pas respecté son
engagement sera enregistrée dans une «liste d'entreprises interdites de
soumissionner aux marchés publics». Le texte précise que «les marchés de
travaux, de fournitures, d'études et de services» sont concernés. Cette
disposition qui inquiète quelque peu les opérateurs étrangers est une réponse
aux critiques émanant du patronat privé qui constatait que l'entreprise
algérienne, publique ou privée, n'a guère profité des programmes de soutien à
la croissance. On se souvient de l'amertume des membres du FCE qui constataient
en 2008 que les plans de 7 milliards puis de 150 milliards n'ont profité qu'aux
entreprises étrangères.
Une correction
Pour le patronat local – et les économistes leur donnaient raison- il
était anormal que la dépense publique ne profite qu'aux entreprises étrangères.
Il a fallu donc la réorientation «patriotique» de l'économie avec la LFC 2009
pour que ces récriminations soient prises en compte. Le patronat privé a bien
accueilli cette mesure qu'il considère comme une «correction» nécessaire. Si la
disposition est effectivement et sérieusement appliquée, cela signifierait que
les entreprises algériennes ne seront pas exclues du «gâteau» que représente
les 286 milliards de dollars de dépenses prévues dans le nouveau plan
quinquennal. Cette obligation de partenariat devrait permettre de réduire le
volume des transferts de capitaux. Elle est censée surtout être un stimulant
pour les entreprises algériennes qui peuvent ainsi acquérir le savoir-faire
indispensable à toute évolution des structures économiques du pays. Slim
Othmani, parton de NCA Rouiba, a souligné dans une déclaration au site
Maghrebemergent.info que la disposition doit être suivie afin que «le transfert
de savoir-faire et de technologie soit réel et que le partenariat ne se résume
pas seulement à du recrutement de la main-d'Å“uvre locale». Le nouveau
dispositif pourrait se retrouver devant l'écueil de l'inexistence d'entreprises
algériennes spécialisées pouvant prétendre à un partenariat avec le
soumissionnaire étranger.
Variantes
Cette objection a été évoquée par le ministre des Finances, M.Karim
Djoudi, qui a relevé que les partenaires locaux potentiels des soumissionnaires
étrangers étaient déjà identifiés. « Il y a une liste d'entreprises qui sont
identifiées par secteur d'activité. Il appartient à l'entreprise étrangère qui
bénéficie d'un marché public de transférer technologiquement son savoir-faire
en constituant une société mixte avec un partenaire algérien» a-t-il déclaré.
Dans le cas où le projet, objet de l'appel d'offres, requiert un savoir-faire
et une maîtrise introuvables au niveau local, Karim Djoudi, a préconisé une
alternative de type financier. «On aura toujours un partenaire. Si ce n'est pas
un partenaire technique ça sera un partenaire financier. Cela peut-être donc le
fonds national d'investissement (FNI), les banques ou d'autres…».
Posté Le : 30/10/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com