Algérie

Sous le vernis de la restauration, une réalité peu flatteuse


Photo : A. Lemili
Par A. Lemili

«Cela fait quinze ans que, chaque année, je me rends en Turquie et, à chaque fois, je trouve quelque chose de nouveau. Je me suis rendu à Constantine à deux reprises durant ces deux dernières années et rien n'y a changé? ou plutôt si ! la vieille ville? Souika, des pans de maisons disparaissent et les espaces sont de plus en plus décharnés». C'est un homme politique qui fait le constat d'une réalité. A. Soltani, puisque c'est de lui qu'il s'agit, ne peut pas être suspecté de critique subjective et il n'est nul besoin d'en déterminer la raison.
Cela étant, sauvegarde et préservation des sites à l'image de la casbah, la vieille ville à Constantine ou les méandres de bâtisses séculaires du vieux Mila, ne sont en réalité que les maîtres-mots d'une communication à outrance des départements ministériels concernés et plus particulièrement celui de la Culture et souvent d'une communication relayée par des associations aux noms primesautiers «d'amis de?», lesquelles, en réalité, ne font que délivrer un blanc seing aux intentions des pouvoirs publics pour entretenir des illusions, d'autant plus qu'il importe si peu à des citoyens peu soucieux de la disparition d'un patrimoine architectural, que Souika en arrive à être gommé de la carte de la cité. Alors, bien qu'en certains endroits, des chantiers soient effectivement ouverts pour la restauration de maisons retenues dans le cadre d'un choix discutable, les travaux qui y sont effectués avancent, toutefois, à un train de sénateur non parce que les équipes concernées ne mettent pas de c?ur à l'ouvrage pour redonner aux lieux leur apparence originelle, mais plutôt parce que les travailleurs, sur ces chantiers, travaillent à l'économie, sans que personne ne vienne fouetter leur ardeur. Trois maisons ont été restituées à leurs propriétaires après restauration et, comme un article dans une vitrine, sont exposées au regard de la population ou du moins de celle qui longe le pont Sidi Rached pour une quelconque raison.Paradoxalement c'est parce qu'elles tiennent lieu de «produits» exposés à la vue générale, que les plus curieux parmi les citoyens auront remarqué que la façade de l'une de ces trois maisons est, à chaque fois, de nouveau badigeonnée. Une reprise faite vraisemblablement la nuit et donc dérobée aux regards des curieux. En tout état de cause, ces liftings réguliers dénotent l'inconsistance même de la restauration entreprise, les craquelures sur l'un des pans de la demeure étant à chaque fois visibles au même titre qu'une grosse tache humide qui témoignent de la porosité des matériaux et/ou sinon d'un mauvais drainage des eaux de ruissellement sur le toit.En conclusion, au rythme où va la restauration et par opposition celui (rythme) des maisons qui tombent en ruines ou en sont menacées, il y a très peu de chances que le pompeux projet qui, à une époque, a fait couler beaucoup d'encre, décidé lors d'un séjour de moyenne durée de la ministre, des gesticulations de la société civile, de la mobilisation des journalistes, se termine comme il était prévu. C'est-à-dire en restituant une vieille ville aux Constantinois comme ils l'ont connue dans leur jeunesse.
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