Le quartier de l'Hippodrome à Oran vit depuis jeudi matin un véritable
drame qui a mis toute une population en émoi.
Une jeune femme âgé de 30 ans, divorcée et sans emploi, mère de deux
enfants, a commis l'irréparable. Mimi, comme l'appelait ses amies et voisines
les plus proches, s'est aspergée d'essence avant de s'allumer à l'aide d'un
briquet. Selon des témoignages recueillis auprès de ses voisins, le drame s'est
produit aux environs de 11 heures, jeudi, au moment où un huissier de justice
accompagné d'un agent de police sont venus pour exécuter une décision
judiciaire d'expulsion du domicile. Un domicile, expliquent les mêmes sources, «propriété
de l'OPGI, que Mimi avait acheté par «désistement», il
y a plus d'une année, contre la somme de 210 millions de centimes». Dans cette
entreprise désespérée, l'un des enfants de Mimi, un garçon de 3 ans à peine, sera
lui aussi grièvement brûlé, ainsi que l'agent de police présent sur les lieux. Les
trois victimes seront évacuées en urgence vers le service des grands brûlés du
CHU d'Oran. La jeune mère, dont le pronostic vital est tout de suite engagé, souffre
de brûlures de 3ème degré dans pratiquement 100% de son corps. Finalement, elle
ne passera même pas la nuit. Elle succombera à ses graves blessures vendredi
vers 1h du matin. Le jeune enfant souffre, quant à lui, certes de brûlures
graves au niveau des jambes et des mains, mais ses jours ne semblent pas
menacés.
De même pour le policier qui se serait, selon plusieurs témoignages, brûlé
le bras et une partie du cou «en tentant d'ôter le briquet de la main de la
défunte».
L'histoire tragique de Mimi et des ses deux enfants est bien connue par
bon nombre de ses voisins de la rue Robespierre dans le quartier de
l'Hippodrome, où elle a habité durant plus d'une année au n°53, bâtiment CIA, Bloc
B, au 6ème étage. Une existence «difficile», selon ses voisins les plus proches,
qui s'est achevée tragiquement en ce jeudi 6 octobre, alors que la défunte
était sur le point de fêter son trentième anniversaire, le 23 octobre prochain.
Ce logement, racontent-ils, elle l'a acquis grâce à la vente d'une maison
familiale à Sananès qu'elle a héritée elle et sa sÅ“ur
de ses parents. Avec sa part d'héritage, elle ne pouvait prétendre qu'à un
logement «bon marché», de type «désistement», contre une somme de 210 millions de
centimes. L'essentiel pour elle, disent ses voisins, c'était de garantir un
toit à ses enfants. En achetant ce logement, Mimi ne se doutait nullement
qu'elle venait de signer sa fin. Car quelques mois à peine après cette
transaction, elle est avisée par huissier de justice qu'elle se doit d'évacuer
«son» logement. Elle découvre que la femme qui lui a vendu cet appartement, la
dénommée A.H., l'avait elle-même acquis auprès d'une autre femme, l'épouse ou
plutôt l'ex-épouse du véritable locataire. C'est ce dernier, qui après avoir
constaté que son épouse a vendu «à son insu» un logement qui était pourtant
attribué à son nom, saisira la justice pour réclamer l'expulsion de tout
occupant de son appartement. La justice se prononcera en faveur du plaignant. La
dénommée A.H. finira par «se débarrasser» de ce logement «problématique» au
profit de la défunte Mimi, racontent encore les voisins.
Pour sa voisine du palier, qui dit avoir été la confidente de la défunte
tout au long de son calvaire, Mimi a été victime avec tout ce que ce terme peut
comporter comme sens. Victime d'une arnaque qui ne dit pas son nom, victime
d'une société qui trop souvent n'éprouve aucune pitié pour les plus pauvres et
les plus faibles, et victime d'une justice trop rigide pour conjuguer l'application
stricte de la loi tout en considérant un cas social comme celui de Mimi. Dans
cette tragédie du «pauvre», ce drame rempli de situations exagérément
compliquées et tragiques, Mimi a préféré rejoindre son créateur refusant la
justice des Hommes pour celle du Juste.
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Posté Le : 08/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Barti
Source : www.lequotidien-oran.com