Soummam à la conquête des marchés extérieurs

Après avoir investi dans la diversification de ses produits et renforcé son réseau de collecte de lait cru via l'ouverture de nouvelles fermes (dont une est prévue prochainement à Boughezoul pour une capacité de 2000 vaches), le groupe laitier Soummam élargit ses exportations.Il envisage également d'installer une unité de production à l'étranger, plus précisément au Qatar. Les discussions sont en cours pour conclure ce projet qui ouvre de nouvelles perspectives à l'entreprise. Ainsi, l'introduction des produits Soummam sur le marché qatari depuis trois mois à la faveur d'un protocole d' accord conclu avec l'opérateur Bayr Ha en octobre dernier (à raison de 7 tonnes par jour), serait suivi par le lancement d'une usine dans ce pays. Le retrait de l'opérateur saoudien El Marai du Qatar (en raison des litiges politiques entre les deux pays) balise en effet le terrain à l'installation de Soummam dans ce pays gazier (pour un marché de 4 millions d'habitants).
Un projet dont la concrétisation dépend de l'évolution de la demande, même si la partie qatarie insiste sur la réalisation de l'usine. C'est ce que nous avons appris auprès d'un responsable de l'entreprise. Ce dernier nous précisera que les négociations avancent bien et de souligner au passage l'intérêt des Qataris pour ce projet, lequel projet pourrait constituer une autre porte pour l'exportation vers les pays du Golfe.
Pour le moment, «nous sommes en phase de commercialisation en attendant l'installation», nous dira notre source sans donner d'autres détails autour de ce projet. Le représentant de Soummam a toutefois relevé des entraves dans le processus d'exportations. En effet, la commercialisation des produits Soummam ne se fait pas sans embûches, surtout pour un produit périssable comme le yaourt.
D'ailleurs, la cadence des exportations vers le Qatar a quelque peu ralenti ces derniers jours. «Faute de moyens nécessaires pour le stockage de nos produits à l'aéroport, nous sommes dans l'obligation de garder les camions frigorifiques en marche pour ne pas interrompre la chaîne de froid, l'aéroport d'Alger ne disposant pas de chambres froides. Les retards portent également atteinte à nos opérations d'exportation.
Les procédures ne sont guère adéquates pour des produits à date limite de conservation courte», regrette notre interlocuteur pour illustrer les difficultés sur le terrain dans cette conquête des marchés extérieurs pour une entreprise qui a réussi à écouler ses produits dans plusieurs pays et qui est en phase de les introduire en Mauritanie et au Sénégal (les négociations sont en cours).
Mais, faudrait-il maintenir cette dynamique via la levée des contraintes et autres difficultés, lesquelles sont à contresens avec les discours appelant à diversifier les exportations, surtout en cette période de crise. Une situation que vivent également les opérateurs qui ont tenté en 2016 l'expérience de l'exportation de la pomme de terre vers le Qatar. Cela pour dire que les efforts sont à faire de part et d'autre.
D'un côté par les producteurs en proposant des produits concurrentiels, et de l'autre par l'administration. Dans ce cadre, le gouvernement enchaîne les promesses de la mise en place des conditions de développement des exportations hors hydrocarbures. Et ce, via la révision du statut de la Cagex, la mise en place du Conseil national consultatif pour la promotion des exportations et le soutien aux exportations naissantes.
Des soutiens et des incitations à la prospection de marchés extérieurs pour le produit algérien, l'encouragement à la création de centrales d'exportation, le renforcement des capacités portuaires d'exportation avec la modernisation des ports existants, et enfin le développement des capacités de fret maritime ou aérien par des moyens nationaux ou à travers l'insertion des ports et aéroports algériens dans les circuits internationaux du fret pour l'exportation qui sont parmi les engagements tenus dans le plan d'action du gouvernement. Ce sont autant de mesures prévues dans le plan d'action du gouvernement. En attendant la mise en ?uvre, les exportateurs à l'image de Soummam continuent à subir les contraintes.