Quatre années se sont écoulées depuis l’exploitation du centre d’enfouissement technique (CET) de Soumaâ à Blida (CET). Une technique de traitement des déchets importée de l’étranger et que l’Algérie ne maîtrise pas encore totalement.
La prolifération des décharges sauvages à Blida, ainsi que la présence de décharges contrôlées à proximité d’habitations a poussé la wilaya de Blida à construire un centre d’enfouissement technique.
La création d’un CET permet officiellement de réduire les risques sur l’environnement par l’enfouissement des déchets et permet également la création d’un biogaz utilisé comme engrais. Autrement dit, les déchets sont entassés dans des casiers sur lesquels est déversée de la terre, puis encore les déchets par dessus. L’opération se répète ainsi jusqu’au remplissage des casiers. Une fois totalement remplis, ces casiers peuvent faire l’objet de plantation d’arbres grâce au biogaz issu de la fermentation des détritus.
Le CET de Blida est l’un des plus grands centres d’enfouissement d’Algérie. Cependant, il porte atteinte à l’environnement.
Au début, c’était la commune de Blida qui le gérait. Aujourd’hui, c’est un établissement public à caractère industriel et commercial (Epic) qui assure ses commandes.
Le CET est situé en pleine verdure entre Soumaâ et Amroussa. Il donne sur la route qui mène à Bouinan et sur celle qui mène à Blida. Il n’y aucune habitation aux alentours immédiats. Cependant, les habitants de la commune de Amroussa, à quelques kilomètres du CET, se plaignent de la pollution atmosphérique.
«Les odeurs sont infernales, surtout en été», déclare un habitant de cette localité relevant de la commune de Bouinan.
«Dès qu’il y a un peu de vent, ça pue, c’est encore pire en été, l’air devient irrespirable», ajoute un jeune garçon.
«Lorsque je me réveille pour la prière de l’aube, l’odeur est très forte», se plaint pour sa part une vieille dame.
Même les habitants de la commune de Soumaâ sont touchés par ces odeurs nauséabondes. Ce qui n’est pas sans incidence sur la santé des populations. Les plus vulnérables, à savoir les personnes âgées et les enfants sont les plus exposés aux éventuelles allergies.
Le lixiviat, un liquide dangereux
Mis à part le problème de nuisance que fait subir le CET aux habitants, un autre fait majeur inquiète. Il s’agit de l’ensemble des eaux dégagées par la station de traitement des déchets. Appelées lixiviat, ces eaux peuvent, par temps pluvieux, déborder des casiers et prendre le cheminement des oueds situés pas très loin du CET. C’est ce que nous confirme M. Chelha, président de l’association environnementale «Chlorophylle» de Blida.
«En été, il n’y a pas de problème. En hiver, les bacs peuvent déborder et donc le lixiviat avec.»
Ce liquide noirâtre est très dangereux. En prenant la direction des deux oueds, les agriculteurs peuvent donc l’utiliser sans se rendre compte.
«Nous avons informé le wali de Blida en 2010, une réunion en séance plénière a été organisée, et une année après on a reposé le problème mais il persiste toujours», déclare M. Chelha.
Et de poursuivre : «Deux problèmes se posent, celui de l’irrigation par les agriculteurs avec cette eau, et deuxièmement la possibilité d’une contamination de la nappe phréatique, ce qui mettrait en danger la santé publique.»
Pour lui, le centre d’enfouissement technique (CET) de Blida est mal exploité et la santé des citoyens est en danger.
«Vous savez, à Boufarik, beaucoup de personnes souffrent de méningite. C’est une maladie transmissible par voie hydrique. C’est la nappe d’eau qui est touchée», insiste-t-il.
Selon le directeur du CET, quand il pleut, le lixiviat est dilué, il n’y a donc pas de risque. Le directeur de cet établissement déclare avoir connu un problème de capacité d’absorption de ce jus de décharge.
«On ne peut pas concevoir une technique de traitement des déchets 100% fiable. Nous sommes en train de régler le problème ; c’est une technique qu’on utilise depuis peu et on est en train de chercher de meilleures solutions», déclare-t-il.
La direction de l’environnement de Blida rassure que le CET répond aux normes et il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
Selon le directeur, «Il existe 2 millions de tonnes de déchets à Blida, le CET ne traite que les 200 000 tonnes, et le reste alimente les décharges sauvages. Cependant, nous essayons d’éradiquer ces décharges sauvages qui dégagent une grande quantité de Iixiviat.»
Saloua Bensaad
Quelques précisions sur cet article. Le biogaz n'est pas un engrais mais un gaz résultant de la fermentation des matières organiques contenues dans les déchets ménagers. Certaines communes en Occident, utilisent les matières organiques pour produire du gaz comme énergie et rentabiliser ainsi les déchets et diminuer ainsi leur enfouissement dans les CET. Dans un CET, lorsque le casier est arrivé à saturation (plein), il peut recevoir une plantation avec des arbres pour tirer profit de ce site en fin d'utilisation et son intégration dans l'environnement après des aménagements spécifiques.
Akar Qacentina - Constantine, Algérie
17/02/2012 - 27163
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Posté Le : 17/02/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Saloua Bensaad
Source : El Watan.com du jeudi 16 février 2012