Les programmes économiques des partis politiques en course pour les 462 sièges de la future APN, bien que partagés entre ceux qui plaident pour la continuité et ceux qui prônent le changement, se rejoignent, pour la plupart d'entre eux, dans leur conception d'une économie libérale, mais bien régulée par l'Etat.
Le parti du Front de Libération Nationale (FLN) est parmi ceux qui soutiennent l'idée de la continuité. En proposant seize actions économiques dont la plupart rejoignent les axes du programme quinquennal d'investissement public (2010-2014), met l'accent sur la nécessité d'aboutir à «une répartition équitable de la richesse nationale dans un marché ouvert». En se basant sur des secteurs qu'il estime clés, à savoir l'agriculture, l'industrie et le tourisme, avec une attention particulière à l'Investissement au Grand sud et dans les Hauts plateaux, le plus vieux parti algérien en lice pour ces élections veut ''relancer» le secteur public, interdire les licenciements des travailleurs, et encourager le secteur privé en lui assurant un traitement équitable avec le secteur public. L'accès facile au crédits, avec et sans intérêts, surtout en direction des jeunes est aussi préconisé. Le Rassemblement national démocratique (RND), prône également la continuité de la politique économique en cours. Il appelle à un traitement équitable public-privé, du moment qu'il s'agit de l'entreprise algérienne, et à poursuivre l'effort d'investissement public sans pour autant retourner à une économie administrée. L'accès prioritaire de l'entreprise algérienne aux commandes publiques et la concrétisation d'un partenariat gagnant-gagnant avec les entreprises étrangères selon la règle des 51-49% figurent parmi les axes du programme de ce parti, qui propose un plan d'investissement de 2.000 milliards (20 milliards d'euros) de DA par an. Le RND estime cependant que le développement économique ne peut se faire sans «une lutte sans merci contre (la force) du lobby des rentiers en Algérie», ni sans une «victoire collective sur la logique du bazar et des fraudes». Par ailleurs, l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), représentant trois partis à tendance islamiste (MSP-Islah-Ennahda) est parmi ceux qui préconisent le changement. Le parti suggère d'abord la conception d'un «modèle économique algérien» dont les contours seront tracés par un ministère de l'Economie. Le modèle préconisé par l'AAV repose sur une «libéralisation totale» de l'initiative économique, une complémentarité entre le public et le privé avec une attention particulière aux secteurs de l'agriculture, l'agroalimentaire, l'industrie pharmaceutiques et les nouvelles technologies. Côté finances, l'alliance veut surtout consacrer les pratiques de la finance islamique en annulant les intérêts sur les crédits destinés aux jeunes, en créant une banque nationale de coopération pour les «crédits de bienfaisance», et en s'appuyant sur les revenus de la Zakat pour résorber le chômage. Les trois partis alliés veulent en outre bâtir un «Maghreb des peuples» non pas sur les enjeux politiques, mais sur une vision purement économique. Le plus vieux parti d'opposition, le FFS, qui participe aux législatives après une longue absence, réclame quant à lui un changement de la politique économique nationale, avec cependant une orientation plutôt libérale. Selon son programme économique, le FFS propose l'élaboration d'une «charte de l'entreprise», qui vise notamment la levée des contraintes sur l'investissement privé en Algérie et dans laquelle l'Etat reste présent dans des secteurs stratégiques en associant la société et les acteurs économiques dans la prise de décision et constituer ainsi «un élément de soutien et non pas de blocage». En outre, le parti promet d'oeuvrer à mettre fin à «la ségrégation entre les entreprises publiques et les entreprises privées» sans pour autant autoriser l'ouverture de tous les secteurs à l'investissement privé. Sur le plan financier, le FFS plaide pour que la gestion des réserves de change de l'Algérie soit rendue publique dans ses détails.
Quant au parti des travailleurs (PT), connu pour sa farouche opposition aux privatisations, l'économie libérale et le soutien au secteur public, il concentre tout son programme économique à la relance de l'entreprise publique algérienne afin «d'enrayer les séquelles de l'ajustement structurel». Il plébiscite ainsi le monopole de l'Etat sur les moyens de production, la nationalisation des principales sources de richesse du pays et l'institution d'un impôt sur la fortune, qui soit introduit dans la prochaine Constitution. Il est «inadmissible que les salaires des travailleurs soient imposés, alors que les revenus des patrons demeurent exemptés de sujétions fiscales», déplore le PT. D'autre part, le PT propose l'introduction dans la future constitution l'obligation de soumettre à référendum tout projet de contrat ou accord avec des organisations étrangères, susceptible d'attenter à la souveraineté nationale. Le Front National Algérien (FNA) aspire, quant à lui, à édifier un Etat social et démocrate. Il met l'accent sur l'importance «d'investir dans l'être humain», particulièrement les jeunes. Le parti plaide pour une «reconstruction» des fondements du système économique algérien et pour une «redistribution équitable des richesses nationales».
La réhabilitation de la justice sociale constitue le cheval de bataille du FNA qui dit oeuvrer pour une «économie forte en dehors de la rente pétrolière et gazière». Le Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), un des 23 partis nouvellement agréés, insiste également sur la justice sociale mais aussi sur une gestion économique transparente qui puisse rétablir, selon lui, la confiance entre gouvernants et gouvernés, et veut instaurer une tradition imposant aux responsables de rendre des comptes sur leur gestion.
Diversifier les sources du revenu national, développer une économie productive créatrice de richesses en favorisant un apport de capitaux publics-privés, accroître la production industrielle et agricole et garantir l'équilibre entre les différentes wilayas du pays sont les principales actions préconisées par ce parti. L'Union des forces démocratiques et sociales ( UFDS) estime, de son côté, que l'Algérie a besoin d'un «changement radical dont une nouvelle conception de la notion de gestion».
Le mode de gestion des affaires du pays devrait ainsi être basé sur la modernité et sur une conception compatible avec les préoccupations des citoyens. Une fois au parlement, le parti promet de mettre en place un contrôle rigoureux de la chaîne de commercialisation car réguler, c'est mettre fin à l'anarchie du marché, selon l'UFDS, qui préconise une «lutte implacable contre le trabendisme et les spéculateurs intermédiaires véreux». Pour sa part, le Mouvement Populaire Algérien (MPA) se dit «résolument favorable à une économie libérale et à un épanouissement du secteur privé». Le parti veut accorder la priorité à l'économie nationale comme solution aux problème des jeunes, renforcer les financements bancaires dans le secteur du logement et donner le maximum d'intérêt au secteur agricole, réel créateur de richesse et de croissance économique, selon le parti. Quant à l'accession de l'Algérie à OMC et la création d'une zone de libre échange avec l'Union européenne, et à l'exception du PT qui s'y oppose fermement, les autres partis ne sont pas contre de telles démarches mais préfèrent laisser aux entreprises algériennes le temps suffisant pour se préparer à cette ouverture de l'économie algérienne aux marchés régionaux et internationaux.
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Posté Le : 11/12/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mehdi F
Source : www.lefinancier-dz.com