Algérie

SOULEVEMENT D'UN PEUPLE, CHUTE D'UN REGIME ET MORT D'UN SAUVEUR : 2019, l'année de tous les changements



L'année 2019 qui vient de s'achever a fourni sa part de moments sombres et d'incertitudes, un tsunami de changements dans le pouvoir et l'emprisonnement des membres de la mafia politico-financière. Quant à la prochaine année, elle serait beaucoup plus difficile pour l'Algérie qui vient de sortir gagnante de la guerre contre la Issaba, au-delà de l'incroyable situation en Libye qui laisse présager une guerre sans merci, pouvant avoir des conséquences graves pour notre pays et ceux de l'Afrique du Nord !Le rideau se baisse sur l'année 2019 avec plusieurs plaies ouvertes et des solutions. Les annonces pour redresser la situation des Algériens sont connues, mais moult tentatives pour les concrétiser sur le terrain, n'ont essuyé que d'échecs cuisants et successifs. Le Hirak populaire du 22 février est le principal événement ayant marqué de son empreinte l'année 2019. Elle a débuté par un consensus autour de l'Algérie et s'est terminée par un autre consensus autour du valeureux moudjahid, le défunt Gaïd Salah. Sa disparition, quatre jours à peine après l'investiture du nouveau président de la République, Abdelmadjid Tebboune, intervient après avoir accompli une mission majeure pour l'avenir du pays, à savoir : celle de préserver l'Algérie d'un vide constitutionnel préjudiciable à sa stabilité. Voici quelques dates marquantes :
18 janvier, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, signe un décret présidentiel convoquant le corps électoral pour l'élection présidentielle qui devait se dérouler le 18 avril 2019.
10 Février, le Président Abdelaziz Bouteflika annonce sa candidature à la présidentielle d'avril 2019 dans un message adressé à la nation, diffusé par l'APS. M. Bouteflika prévoit dans son message d'initier «dès cette année», s'il est élu, une conférence nationale inclusive qui aurait pour objectif l'élaboration d'une «plateforme politique, économique et sociale», voire «proposer un enrichissement de la Constitution». "Toutes les forces politiques, économiques et sociales seront conviées à cette conférence visant à asseoir un consensus sur les réformes politiques et les changements qui s'imposent au pays", ajoute le président Bouteflika, dans son message à la Nation.
22 février, Sa candidature pour sa réélection n'est pas du goût de tous les Algériens. Plusieurs milliers de manifestants défilent dans le centre d'Alger, la capitale, et dans les wilayas du pays contre le cinquième mandat que brigue-le président Abdelaziz Bouteflika. C'est le début du Hirak populaire. Des milliers de personnes ont défilé dans le centre de la capitale, où toute manifestation est officiellement interdite depuis 2001. « Pas de 5e mandat », « Pouvoir assassin ! », « Ni Bouteflika, ni Saïd » (frère du chef de l'Etat, souvent perçu comme son successeur potentiel), ont scandé les manifestants, jeunes pour la plupart. Survolé par un hélicoptère des forces de l'ordre, le cortège, dans lequel plusieurs drapeaux algériens étaient visibles, s'est formé à la mi-journée, à l'issue de la grande prière hebdomadaire.
11 mars, après des semaines de manifestations, le président algérien Abdelaziz Bouteflika renonce à briguer un cinquième mandat. "L'élection présidentielle est reportée, Bouteflika n'est pas candidat", annonce un communiqué diffusé par l'Agence officielle. Au pouvoir depuis 20 ans, le président algérien ne briguera donc pas un cinquième mandat en avril, après des manifestations qui ont amené des centaines de milliers d'Algériens dans la rue contre sa candidature ces dernières semaines. La présidence a aussi annoncé le report de l'élection présidentielle.
11 mars, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a reçu, lundi à Alger, MM. Noureddine Bedoui et Ramtane Lamamra. Lors de cette audience, le chef de l'Etat a procédé à la nomination de M. Bedoui au poste de Premier ministre en remplacement de M. Ahmed Ouyahia. M. Bouteflika a également nommé, à la même occasion, M. Lamamra au poste de vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères. Le président Bouteflika a chargé M. Bedoui de former le nouveau gouvernement.
2 avril, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, notifie officiellement au président du Conseil constitutionnel sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République. Cette annonce intervient après un communiqué de l'armée algérienne demandant l'application immédiate de l'article 102 de la Constitution sur la mise en place du processus d'empêchement du président. Le communiqué du ministère de la Défense s'en prenait également violemment à certains individus qui veulent, selon lui, faire perdurer la crise. Il affirme que le rôle de l'armée est de protéger le peuple d'une poignée de personnes qui s'est accaparé les richesses du pays. Il fait là référence aux hommes d'affaires, dont certains sont sous le coup d'enquêtes préliminaires pour corruption depuis le début de la semaine. Il vise aussi Saïd Bouteflika, le frère du président algérien.
09 avril, Abdelkader Bensalah prend officiellement ses fonctions de chef d'Etat par intérim conformément aux dispositions de l'article 102 de la Constitution. Bensalah est nommé pour une période maximale de 90 jours au cours de laquelle des élections présidentielles seront organisées, auxquelles le chef de l'Etat intérimaire n'est pas éligible.
10 avril, le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, convoque le corps électoral pour l'élection présidentielle qui devait se tenir le 4 juillet 2019, mettant ainsi en branle le processus qui permettra de combler le vide institutionnel né de la démission du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. La convocation du corps électoral intervient au lendemain de la réunion des deux chambres du Parlement qui a pris acte de la déclaration de vacance définitive du poste de président de la République, en application des dispositions de l'article 102 de la Constitution, en vertu duquel le président du Conseil de la Nation assume les fonctions de chef de l'Etat pour une durée de 90 jours, rappelle également l'agence de presse officielle.
4 mai, les deux anciens patrons des services de sécurité, les généraux Mohamed Mediene alias Toufik et Tartag Athmane dit Bachir sont arrêtés en même temps que Said Bouteflika. L'ancien patron des services de sécurité, le général-major à la retraite Athmane Tartag dit Bachir a été arrêté dans la matinée alors que le général de corps d'Armée à la retraite Toufik et Said Bouteflika ont été interpellés dans l'après-midi. Ils ont été auditionnés au niveau de la police judiciaire du ministère de la défense. Toufik, Bachir et Said Bouteflika sont soupçonnés de porter atteinte à la sécurité nationale.
9 mai, La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, est convoquée devant le tribunal militaire de Blida tout comme, avant elle, le frère de l'ancien président, Saïd Bouteflika. Elle a été incarcérée. La télévision nationale a diffusé des images d'elle marchant seule vers les marches du tribunal militaire. D'abord convoquée en tant que témoin, d'après son parti, elle a finalement été placée en détention provisoire, dans le cadre de l'enquête pour « atteinte à l'autorité de l'armée » et « complot contre l'autorité de l'Etat » qui touche déjà le frère de l'ancien président, Saïd Bouteflika et deux anciens hauts responsables des services de renseignement.
2 juin, le Conseil constitutionnel annule de facto l'élection présidentielle prévue le 4 juillet après avoir invalidé les dossiers des deux seuls candidats, préconisant le prolongement du mandat du président par intérim qui se termine le 9 juillet. Ce scrutin était censé permettre l'élection d'un successeur au président Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné le 2 avril, sous la pression de la rue et de l'armée. "Le Conseil constitutionnel rejette les deux dossiers de candidature déposés" et annonce par conséquent "l'impossibilité de tenir la présidentielle le 4 juillet", a indiqué l'institution, dans un communiqué.
13 juin, au lendemain de l'incarcération d'Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal, autre ancien Premier ministre d'Abdelaziz Bouteflika, a été placé, peu avant 15h, sous mandat de dépôt par un juge d'instruction de la Cour suprême, dans le cadre de vastes enquêtes sur des soupçons de corruption et de dilapidation de biens publics. Deuxième sensation en Algérie après le placement en détention provisoire, mercredi 12 juin, de l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia. L'autre ex-chef de gouvernement Abdelmalek Sellal, 70 ans, a été placé sous mandat de dépôt par un juge d'instruction de la Cour suprême.
18 juillet, Victorieuse d'une finale plus tactique qu'emballante, l'Algérie a décroché la deuxième Coupe d'Afrique de football de son histoire en s'imposant par la plus petite des marges face au Sénégal (1-0). Bounedjah est le héros du soir chez les Fennecs. Vingt-neuf ans après, l'Algérie est de nouveau sur le toit de l'Afrique. Face au Sénégal, en finale de la CAN-2019, les Verts sont allés chercher le deuxième trophée continental de leur histoire, au terme d'une rencontre qui restera dans les annales du football. Elle s'est finalement jouée sur un coup du sort, dans la foulée du coup d'envoi, lorsque Sané a contré une frappe de Bounedjah. Le ballon, après s'être élevé dans le ciel cairote de longues secondes, est retombé contre toute attente dans les buts d'un Gomis totalement médusé (1-0, 2e).
1er août, les six membres du panel chargé de mener le dialogue national pour une sortie de crise, rejettent à « l'unanimité », la démission du coordinateur du groupe, Karim Younes. Réunis afin de donner suite à l'avenir de ce panel choisi par le Chef de l'Etat pour mener le dialogue, Karim Younes, a annoncé sa démission aux membres du panel dont il est président. Une demande qui a été rejetée par les autres membres, selon le communiqué de la commission rendu public. Karim Younes a fini par accepter de poursuivre sa mission, selon la même source.
15 septembre, le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, convoque le corps électoral pour l'élection présidentielle dont la date a été fixée pour le 12 décembre 2019. Dans un discours à la nation, M. Bensalah a indiqué avoir fixé la date de l'élection présidentielle au jeudi 12 décembre 2019 et ce, dans le cadre de ses prérogatives constitutionnelles, ajoutant avoir procédé à la signature du décret présidentiel portant convocation du corps électoral. Il a, à cette occasion, exhorté les citoyens "à la mobilisation pour faire de ce rendez-vous, le point de départ du processus de renouveau de notre Nation, et à ?uvrer, massivement et fortement, à la réussite de cette échéance électorale, qui permettra à notre peuple d'élire un nouveau Président qui aura toute la légitimité pour présider les destinées de notre pays et concrétiser les aspirations de notre peuple".
25 septembre, le tribunal militaire de Blida condamne Saïd Bouteflika, frère du président déchu, Abdelaziz Bouteflika et son successeur à la tête du renseignement Athmane Tartag, ainsi que la secrétaire générale du Parti des travailleurs PT, Louisa Hanoune, à 15 ans de prison pour «atteinte à l'autorité de l'armée» et «complot contre l'autorité de l'Etat». Le tribunal a également condamné à 20 ans de prison l'ancien ministre de la Défense et ex-chef d'état-major de l'armée Khaled Nezzar, son fils Lotfi, ainsi que Farid Benhamdine, gérant de la Société algérienne de pharmacie, tous les trois jugés par contumace, dans la même affaire.
10 décembre, les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, poursuivis pour "dilapidation de deniers publics", "octroi d'indus avantages" et "abus de fonction" dans l'affaire de montage automobile, ont été condamnés respectivement à 15 et 12 ans de prison ferme par le tribunal de Sidi M'hamed à Alger. Une amende de 100 millions de centimes a été également prononcée à l'encontre de Abdelmalek Sellal pour les mêmes charges. Le tribunal a condamné, par contumace, à 20 ans de prison ferme, l'ancien ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb (actuellement en fuite), contre lequel, un mandat d'arrêt international a été lancé. L'ancien ministre de l'Industrie et des mines, Youcef Yousfi a été condamné, quant à lui, à 10 ans de prison ferme, tandis que l'ancien ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaalane a été acquitté.
13 décembre, Abdelmadjid Tebboune, ancien ministre puis chef de gouvernement du président Abdelaziz Bouteflika âgé de 74 ans, est élu dès le premier tour d'une élection présidentielle toujours contestée par la rue. Il succède à l'ancien président déchu à la tête de l'Etat algérien, a annoncé vendredi 13 décembre l'Autorité nationale des élections (ANIE). M. Tebboune a « recueilli [?] 58,15 % des suffrages », a indiqué le président de l'Anie Mohamed Charfi, lors d'une cérémonie officielle, au lendemain du scrutin du 12 décembre.
23 décembre, le Général de Corps d'Armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'Etat-major de l'Armée nationale populaire (ANP), décède des suites d'une crise cardiaque à l'âge de 79 ans. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a décrété un deuil national de trois jours suite au décès du Général de Corps d'Armée, Ahmed Gaïd Salah.
25 décembre, le défunt vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'Anp, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, a eu droit à des funérailles particulières, à Alger. Des milliers de personnes ont afflué de nombreuses wilayas du pays, parmi lesquelles des centaines ont même passé la nuit dans la rue pour être, très tôt au Palais du peuple et au cimetière d'El Alia pour lui rendre un dernier hommage, avant qu'il ne soit enterré au Carré des martyrs.


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