S'il y a une commune de la wilaya de Boumerdès qui a payé le plus lourd tribut lors de la guerre de Libération nationale, c'est bien Souk El Had. En effet, à l'époque, la moitié de sa population avait été enlevée pour disparaître à jamais, torturée, tuée à petits feux ou sommairement exécutée par des hordes coloniales.Souk El Had compte au moins 600 martyrs dont le plus jeune n'avait que 12 ans. Il s'agit de Barraghi Saïd mort en martyr au lieudit la carrière en 1957.
Un lieu macabre en est encore le témoin : le tristement célèbre Camp Gautier, actuellement Haouch Gautier. Il est question qu'une fois récupéré, le camp soit transformé en musée. Un ancien responsable de la direction des moudjahidine de Boumerdès avait déclaré: «Les procédures administratives pour en faire un monument historique ont été finalisées et nous attendons le relogement des familles pour la restauration des lieux. » « Les vestiges de ce camp de torture, de minuscules geôles en béton initialement des caves destinées à la production et à la conservation du vin, demeurent debout à ce jour pour témoigner des atrocités commises par l'armée coloniale française contre ceux ayant osé porter les armes contre elle pour revendiquer leur liberté », selon les propos d'un témoin.
Créé en 1956, ce camp s'étend sur une superficie de 5 ha.
Il accueillait jusqu'à 200 détenus, voire 400. «Sous l'autorité du commandant Skerfon Skarfo, secondé dans son ignoble tâche par le lieutenant Montasse, en plus de nombre de harkis et d'un groupe de parachutistes assurant la surveillance des lieux, les soldats coloniaux exerçaient les pires exactions : brûlures par le feu, ingurgitation d'eau savonneuse, électrocution, torture auditive, planches à clous? », rapporte M. Rabeh Belabbès, ex-cadre de la direction de la culture de Boumerdès. Il poursuit : «C'est dans ces geôles d'à peine un ou deux mètres de long et de large, que l'armée française tassait jusqu'à 4 détenus, et même 8 parfois, au moment où la cour servait d'espace de tortures à ciel ouvert.»
Selon d'autres témoignages, ce centre était doté de trois portes principales, dont une située à l'arrière destinée à l'évacuation des détenus à exécuter, qui étaient jetés dans un oued mitoyen, transformé en fosses communes. Le cas du Camp Gautier n'est pas isolé. Une quarantaine de camps de torture semblables ont été créés par l'armée coloniale française entre 1955 et 1962, dans plus d'une vingtaine de communes de Boumerdès. Sans parler de ceux qui existaient avant 1954, notamment au niveau des régions réputées pour leur résistance. Celle de Souk El Had, qui jouxte les fameuses gorges de Palestro non loin des monts de Bouzegza à l'ouest et des montagnes de Mizrana à l'est, n'était pas la moindre.
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Posté Le : 01/11/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Lakhdar Hachemane
Source : www.elwatan.com