Algérie

Souk Ahras Trottoirs cherchent carrelage



Que ceux qui visitent Souk Ahras pour la première fois ou la revisitent après un long intermède se rassurent: la ville n'a pas, à ce jour, subi les effets ravageurs d'un quelconque séisme qui puisse justifier l'innommable distorsion qui est sienne à présent, et ce, depuis plus de deux mois. Le très vaste et en même temps nébuleux chantier ouvert à travers les quatre coins de la cité, aux fins avouées de remettre à l'endroit une ville, ayant très longtemps vécu à l'envers, est devenu, depuis quelque temps, source légitime de malaise et de récrimination citoyenne, suffisamment commentée, pour ne pas être perçue comme l'expression d'un réel dégoût. Non que les Soukahrassiens soient rétifs aux opérations de développement urbain (leur ville en a grandement besoin) mais parce que, tout simplement, le mode très discutable de l'exécution et de la cadence quasi statique des travaux nourrissent naturellement ce sentiment de désenchantement répandu parmi les citoyens. Pour illustrer le chaos ambiant, les exemples ne manquent pas. Contentons-nous, cependant, de celui qui polarise l'attention et l'intérêt de tous parce qu'exposé justement à tous les regards: le projet de revêtement des trottoirs de la ville. Voilà, en effet, une opération d'utilité publique, inscrite dans le cadre de l'amélioration urbaine, dotée d'une enveloppe financière de six milliards de centimes qui se propose, qui plus est, de résorber le déficit en VRD donc de veiller au perfectionnement du cadre de vie, mais qui, comble du paradoxe, semble, à l'heure qu'il est, mieux partie pour déranger que pour arranger les choses... Ceci parce que la manière expérimentée lors de l'exécution des travaux n'est pas du tout, un modèle du genre. En ayant dès le départ opté pour «l'arrachage» groupé et simultané du carrelage de tous les trottoirs de la ville, les promoteurs du projet sus-cité se sont fourrés le doigt dans l'oeil! En affirmant cela, nous ne croyons pas si bien dire, en ce sens que face à une très forte demande de matériaux nécessaires à cette opération, il a découlé, comme de, bien entendu, chez-nous, une rupture de stocks chez le fournisseur qui a condamné les travaux à un brutal et surtout impromptu arrêt. En attendant l'arrivée du carrelage qui n'arrive toujours pas, les trottoirs sont, à présent, hideusement couverts d'une chape de plomb en béton comme cela se fait dans n'importe quel vulgaire bourg. Cette trouvaille assimilée à un cautère sur une jambe de bois, risque de s'éterniser, connaissant les vertus de promptitude qui animent nos chargés d'affaires publiques. L'arrêt du chantier est cependant lourd de conséquences pour le citoyen au premier chef qui paie seul les pots cassés par les autres. L'hiver et sa kyrielle de désagréments se sont chargés du reste pour nous livrer une version détestable et combien douloureuse de Souk Ahras, des temps présents. L'image, loin d'être celle d'Epinal, renvoyée est celle d'une cité déstructurée déglinguée, bouleversée, mise sens dessus-dessous, avec une chaussée saturée car transformée bien malgré elle, en ultime refuge des passagers piétons, des automobilistes, mais aussi des vendeurs de rue. La cohue qui en découle traduit le désarroi indicible d'une plèbe prise au piège d'une gestion approximative de ses affaires. Et pour boucler la boucle du déplaisir, les entreprises chargées de la réalisation qui n'ont pas toutes, soit dit au passage, les mêmes qualifications, ni les mêmes compétences pour réussir une si simple, pourtant, formalité, ne se sont pas privées de re-convoquer à cette occasion, leur péché mignon: les imperfections et les maladresses à l'origine de l'endommagement de nombreuses conduites d'AEP, propriétés de particuliers ou encore la défiguration originale du trottoir et la mise en place d'un nouvel habillage repu d'inclinaisons désagréables qui confèrent à certains trottoirs des profils ondulés dont Souk Ahras tient, hélas, la peu glorieuse exclusivité.  Cette piètre copie décriée par nombre de citoyens et qui apporte la preuve qu'on peut aisément se noyer à Souk Ahras dans un verre d'eau, n'est pas partagée par le directeur de l'Urbanisme et de la Construction. M. Benaïssa qui assure: «ce programme initié sur proposition et en concertation avec les communes vise l'amélioration du cadre de vie; il a été confié à 19 entreprises locales après le lancement d'un appel d'offres. Pour ce qui est de la qualité, sachez qu'elle constitue un souci non négligeable pour nos services et c'est justement pour veiller au meilleur rendement possible que nous avons désigné des bureaux d'étude chargés du suivi des travaux. Quant au délai, il est ouvert car nous butons sur le problème parfois imprévisible de l'approvisionnement en matériaux de construction (carrelage, gravier...) qui peut contrarier toutes les prévisions émises au départ». L'argument mis en avant par le directeur exécutif de la wilaya vaut ce qu'il vaut: il ne parviendra jamais à masquer les éclaboussures nées d'une opération ambitionnant au départ l'embellissement mais qui bifurque en cours de route pour dévier sur un enlaidissement mené tambour battant, d'une ville qui s'avilit, à pas cadencés, dans une indifférence... avilissante.


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