Algérie

Souk Ahras : Quelle presse pour cette wilaya '



Riche d'une expérience de 20 ans, la presse indépendante va inéluctablement vers l'édification d'un pôle de soutien aux couches défavorisées, aux personnes lésées ou victimes de Hogra, aux responsables probes qui refusent d'intégrer les rouages du pouvoir parallèle et des sphères de décisions informelles, des femmes victimes de misogynie ou de harcèlement sexuel, de syndicalistes en mal d'expression et de tant d'autres franges pour lesquelles ce canal vital est devenu partie prenante de leur vie quotidienne, même si le pouvoir de décision est parfois entre les mains de ceux qui n'y voient que « des échos de commérages de scribes en mal de sensationnel » ou « une tentative de disputer des décisions » aux tenants du tout va bien. A Souk Ahras, wilaya de non-droit par excellence, cette même presse est vouée aux pires des supplices, et les quelques correspondants locaux qui refusent le statut d'« apprivoisé » se perdent dans un cafouillis juridico-administratif où rares sont ceux qui en sortent indemnes. Pour échapper aux outils répressifs locaux, des plumes aguerries ont élu domicile à Annaba ou Alger pour mieux vivre la passion d'écrire sans courir le risque d'une agression commanditée et sans suite, ou celui des coups fourrés en milieu professionnel ou encore celui d'inscrire leurs noms sur la liste des abonnés du parquet. Les quelques confrères que nous avons pu questionner à ce sujet sont unanimes quant aux hostilités certaines des milieux décideurs par rapport à la corporation. Ouahid Boulouh, du quotidien arabophone El Khabar, poursuivi en justice pour délit de presse pour la cinquième fois, n'a pas été tendre envers ceux qui tentent de réduire à néant le champ d'expression dans une wilaya où les dépassements et les scandales financiers parlent d'eux-mêmes. Il dira, dans ce sens : « Je crois personnellement que derrière chaque mesure répressive, qu'elle soit d'ordre administratif ou judiciaire, il y a toujours des intérêts qui sont quelque part menacés. Les potentats locaux se trompent probablement de temps et de peuple. Ce que rapporte la presse n'est qu'euphémisme par rapport aux malheurs vécus par toute la Nation, et Souk Ahras en particulier. » Il ne cesse de le répéter chaque fois que l'occasion lui est présentée. La rétention de l'information n'est pas pour faciliter la tâche au correspondant qu'on invite souvent à faire preuve de professionnalisme et d'impartialité tout en verrouillant les sources officielles d'information. Hamid Fraga, du quotidien l'Est républicain, dira à ce sujet : « Certaines institutions publiques (et pas toutes) se plaisent dans l'hermétisme en croyant bien faire, privant ainsi le lecteur de l'avis de l'autre et le journaliste de présenter un article équilibré pour toutes les parties concernées dans certaines affaires, notamment là où il s'agit d'accusations ou de prises de position par rapport à une institution. » Tout se joue autour d'un statut de porte-plume que l'on veut crânement imposer aux correspondants locaux de Souk Ahras, wilaya aux mille et une carences.


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