Le livre est à l'honneur à Souk Ahras. Le contexte? La tenue d'un salon du même nom qu'abrite la salle des fêtes Djouad Nour-Eddine, du 1er au 16 avril courant. Le retour, après un long intermède, de cette manifestation culturelle a de quoi enchanter et en même temps rassurer. Huit mille ouvrages, papillonnant entre divers types de création, se proposent le défi d'assouvir la soif de lire qui éreinte les amoureux des belles lettres. Cette relance due officiellement à la direction de la Culture, en partenariat avec la commune, est à saluer comme devraient l'être toutes les belles initiatives, fondatrices de nouveaux et prospères comportements donnant, tout naturellement droit à une médaille du mérite. Une médaille débarrassée de son revers, cependant. Car au rythme où s'organisent les joutes culturelles (et pas seulement) chez nous, il y a tout lieu de réfléchir à deux fois avant d'ouvrir la voie au satisfecit. Ainsi en est-il du salon du livre dont il est question dans ce propos. Voilà, en effet, un rendez-vous censé redonner goût aux puristes et ramener à sa cause, de plus en plus d'adeptes, mais qui risque fort de tourner au flop. Comment oser parler de «salon», une appellation trop pompeuse, n'est-ce pas au moment où la manifestation se limite, en réalité, à un seul participant qui profite des largesses qu'on lui offre pour écouler un produit pas aussi novateur qu'il veut en donner l'air. Un salon qui se respecte doit brasser un maximum d'exposants pour justement garantir aux visiteurs une gamme variée de livres et partant un large éventail de choix. Un salon ne se prépare pas à la petite semaine, aux fins de remplir le programme d'activité sectorielle, en s'ouvrant sur un seul éditeur qui propose, en sus, ses services avec, en filigrane, un amer arrière-goût de monopole. On imagine sans mal la réaction de celles parmi les multiples maisons d'édition nationale, criant à l'injustice et à la concurrence déloyale. Ce qui n'est pas, honnêtement parlant, infondé. Ceci sans parler des prix proposés qui ne sont, franchement pas, compétitifs encore moins attractifs. Une donne consécutive justement, à l'absence d'exposants concurrents qui auraient pu faire incliner la tendance relativement élevée des prix affichés. A leur décharge, les organisateurs du salon, la direction de la Culture et l'APC de Souk Ahras, comme clairement indiqué sur la banderole accrochée à l'entrée de la salle des fêtes, pourraient invoquer, pour justifier les facilités accordées à un seul exposant pour faire commerce de ses livres, la volonté qui est la leur, de dynamiser la lecture publique et d'instaurer des traditions d'abord. La rigueur dans le choix des participants et dans l'organisation, viendra après. Une vue de l'esprit, en fait. Pragmatique et volontariste qui tienne compte du contexte actuel et de ses vicissitudes. Et si c'était là, le fondement même de la sagesse? Franchement on ne peut jurer de rien. Même si on est ardemment tenté de dire qu'ici comme ailleurs, l'intention vaut largement le geste.
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Posté Le : 05/04/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : A Gatouchi
Source : www.lequotidien-oran.com