Algérie

Souk Ahras Le privé et les dialysés



En réponse à une correspondance de la CNAS, datée du 18 septembre 2007, la direction des services de santé du ministère rappelle dans une note, portant le numéro 847, que dans une clinique d'hémodialyse, seul le traitement de l'insuffisance rénale chronique par les méthodes d'épuration extra-rénale est autorisé, conformément au contenu de l'arrêté ministériel n°07 du 25 février 1995. Un rappel qui a eu l'effet d'un couperet sur la soixantaine de dialysés, pensionnaires d'une clinique privée. La crainte de voir le néphrologue attitré de l'établissement cesser brutalement ses activités pour répondre à l'esprit et à la lettre de l'oukase ministériel, les met dans tous leurs états, surtout que la plupart d'entre eux sont pris en charge par le médecin du service depuis, au moins trois ans. Le sentiment de confiance qui s'est installé et les liens forcément intimes qui se sont tissés entre les malades et leur médecin traitant, légitiment cette impression d'abandon qui anime les dialysés dont beaucoup nous ont fait part de leur solidarité agissante, le cas échéant, avec le néphrologue. «Il n'est pas question, pour nous, de laisser partir Dr Gouasmia, sans réagir, lui qui a tant fait pour nous», dira la présidente de l'association locale des insuffisants rénaux. Pour sa part, le médecin, accablé par cette mesure, était si atterré qu'il ne trouvait pas les mots pour rendre compte de son sentiment. Le dilemme devant lequel on l'a mis l'astreint à choisir entre deux maux: celui de rendre la blouse et s'en aller exercer ses talents ailleurs, ce qui revient à abandonner des dizaines de malades avec lesquels il a signé des contrats de fidélité, ou rester sans pour autant disposer de la possibilité d'intervenir pour les soulager en cas de complications ou autres urgences. «Honnêtement parlant, je suis en droit de m'interroger: les initiateurs de cette décision mesurent-ils la portée dramatique des conséquences que peut induire une telle mesure? Ignorent-ils qu'en néphrologie, agir en amont est primordial pour une prise en charge efficiente du sujet malade? Savent-ils que nombre de consultations poussées et assidues ont permis de sauver des dialysés potentiels, parmi lesquels des enfants nés avec des malformations dans les deux reins et qui sont récupérés grâce à une identification précoce de la pathologie? En tout cas, la mesure émanant du ministère a valeur, à mon sens, d'interdiction déguisée d'exercice qui ne manquera pas de se répercuter sur l'état de santé des malades. De mon côté, j'ai ma conscience pour moi, que les promoteurs de la décision assument le reste». L'agence CNAS de Souk Ahras assure par la voix du sous-directeur des prestations, M. Rafik Bensalem que l'arrêté ministériel de 1995 est suffisamment clair pour dissiper toutes les équivoques: «les cliniques de dialysés sont en droit de dispenser un traitement d'épuration extra-rénale seulement, les consultations doivent se faire en dehors de l'enceinte sanitaire. Il n'est pas question de concomitance dans les prestations». Et c'est justement, dans cet esprit que les services de la caisse ont instruit les pharmaciens de ne plus délivrer des médicaments aux malades munis d'ordonnances portant le label des cliniques ciblées par l'arrêté. Une vraie marmelade à l'algérienne avec dans le rôle de la victime toute indiquée, le malade plus malade que jamais par tant de cafouillis qui cachent vraisemblablement des enjeux qui lui échappent mais dont il est seul à subir les éventuels excès. Comme d'habitude, en fait...


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