Algérie

Souk-Ahras La ville en chantier


Souk-Ahras est une ville en chantier. Comme elle l'a toujours été, du reste, comme elle le sera encore, vraisemblablement. Mais n'y a-t-il pas vraiment moyen, tout compte fait, de positiver une situation, il est vrai, intenable, en y puisant les motifs d'une quelconque satisfaction, fût-elle artificielle ? Pour éviter les raccourcis faciles et les appréciations légères, reconnaissons qu'à Souk-Ahras, il se lève comme un vent bienfaiteur porteur de changement. Une dynamique de reconstruction est en train de se mettre en place, perceptible à travers un prodrome suffisamment pourvu en signes et signaux pour pouvoir rendre compte du sursaut engagé. Raffermis par une conjoncture des plus favorables, les projets se multiplient, en faisant naître chez le citoyen un réel sentiment de satisfaction. Ici, c'est un pont, attendu depuis toujours pour décongestionner une ville étroite et fermée, qui pointe déjà le bout de son nez en promettant de s'accomplir à l'été prochain, là ce sont des routes de différents types (communale, wilayale ou nationale) qui s'éveillent à des opérations de revêtement bien appréciées pour la plupart, là-bas, c'est une mosquée qui tombe pour enfanter de ses entrailles aujourd'hui meurtries, une merveille du genre... Du côté de l'Algérienne des eaux, c'est un projet révolutionnaire qui se propose de mettre en parenthèses définitives, l'écoulement inconsidéré et combien coûteux de l'eau. En somme, en matière de développement, la tendance est nettement à l'optimisme même si on ne peut guère présager ni de la qualité ni de la suite à donner à tout ce qui est entrepris. Ceci dit, nombre de secteurs mettent le pied à l'étrier pour profiter de l'embellie financière et se doter de renforts structurels. Ainsi en est-il de la Culture qui se met à l'heure du renouvellement de ses propriétés foncières pour les remettre en adéquation avec leur vocation originale, à l'image de l'ex-salle de cinéma «Dounyazed» et l'ex-bibliothèque communale converties en cinémathèque qui ouvrira bientôt ses portes et de la future bibliothèque dont les jalons ne tarderont pas à se faire jour. Les zones rurales ne sont plus laissées pour compte. Bénéficiant du programme des hauts plateaux, neuf communes s'apprêtent à inaugurer l'ère de la vie décente grâce à une profusion de projets véhiculaires de prospérité et de mieux-vivre... La commune du chef-lieu de la wilaya met, de son côté, les bouchées doubles pour être au diapason de la nouvelle donne. En témoigne la consommation à hauteur de 95% du PCD de l'année écoulée et l'attente fébrile qui précède celui de 2008 pour lequel il est prévu une centaine d'opérations qui viendront conforter les 40 autres, entreprises dans le cadre du PSD, aux fins d'aménagement urbain de la cité au prix fort de 90 milliards de centimes. Boulimiques, les nouveaux gestionnaires communaux en demandent davantage, eux qui semblent prendre goût à leur nouvelle mission puisqu'ils font oeuvre utile en s'investissant comme il se doit dans les différentes opérations de développement. L'opération de revêtement et de goudronnage des innombrables nids-de-poule, mise en place depuis quelques jours, est accueillie avec un grand soulagement par les citoyens, la fermeture avant la réorganisation du marché communal des fruits et légumes qui sera, aux dires de M. Fettar Mohamed, maire de la ville, opérationnel dans deux à trois mois avec de nouvelles dispositions qui prévoient de transformer tous les stands (111) en commerces de fruits et légumes, contrairement à ce qui se faisait jusque-là où les revendeurs de cosmétiques régnaient, contre tout bon sens, en maîtres des lieux. Le redondant et, apparemment, insoluble problème d'occupation illégale de la voie publique par des vendeurs affranchis de toute obligation et de toute contrainte qui les voit «interdire», et le mot n'exprime pas vraiment la rigueur qu'ils mettent à fermer deux des principales rues de la ville, «Victor Hugo et Ibn Badis», comme bon leur semble, sans se soucier des conséquences que cela entraîne, et sur les piétons et les automobilistes, et sur l'environnement et la crédibilité de l'Etat qui se contente d'assister en spectateur passif, au piétinement sauvage de la loi dont il est censé être le garant, devra bien trouver sa solution... Face à cette manifestation d'anarchie programmée, croit-on comprendre, le P/APC promet d'intervenir en délocalisant ces intrus pour enfin les localiser tous au niveau du jardin public déshérité de Slimane Guenoun, situé à proximité du siège de la daïra. Reste à savoir à présent, si cette intention relève de l'effet d'annonce ou d'une résolution ferme et décidée...