Souk Ahras La solidarité au rendez-vous

Solidement ancrédans les rituels caractéristiques du mois sacré, le dispositif de solidaritémis en place par les pouvoirs publics offre, cette année, de réels gages de réussite,eu égard aux relativement importantes sommes investies à cette occasion. Troismilliards, sept cent millions de centimes, consentis conjointement par lescollectivités locales, la wilaya et le ministère de la Solidarité nationale,voilà qui devrait aider à alléger le poids des contraintes matérielles etappréhender, s'agissant des couches défavorisées, le mois de tous les excès,dans des conditions plus ou moins décentes. C'est d'ailleurs, ce à quois'attelle M. Boukachabia et tout son staff de la direction de l'Action sociale,déterminés à gagner le pari pourtant difficile, de rendre le sourire à ceux quiont, des années durant, désappris à sourire.Concrètement,cela se traduit sur le terrain par la distribution de 16.000 couffins d'unevaleur marchande de 2.230 DA, remplis d'aliments de base devant servir àamortir le choc de la privation, à défaut de le surmonter. Mais c'est toujoursça de pris, quand bien même beaucoup s'offusqueraient, à juste titre, del'indigence manifeste du montant alloué qui, au train (d'enfer) où vont leschoses, ne parviendrait jamais à satisfaire les besoins vitaux des démunis.Convenez qu'à eux seuls, un sac de semoule de 25 kg vendu à hauteur de1.250 DA, et un bidon d'huile de table de cinq litres qui revient à 470 DA,engloutissent presque 80 % de l'enveloppe réservée à cette opération. On a, àce propos, beaucoup de mal à situer la destination des cinq cents dinarsrestants, qui serviraient peut-être à acquérir des amuse-gueule, ce qui revientà insulter et l'intelligence et la dignité depuis longtemps perdue des pauvreshères. Mais qu'à cela ne tienne ! Du fond du gouffre, toute main qui se tendest toujours bonne à saisir, fut-elle, toute proportion gardée, celle d'unmanchot. Ceci dit, rien ne sert de faire, exagérément, la fine bouche, l'effortde l'Etat est là. Il est à saluer à sa juste valeur, même s'il gagnerait à êtreplus conséquent. Que ceux qui entretiennent, en revanche, des doutes sur lamunificence de la République fassent un tour chez nos voisins, ils confirmerontqu'en matière de solidarité publique, il n'y a, assurément, pas photo. Parailleurs, l'ouverture de cinq restaurants, à Souk Ahras (02), à Sédrata et àM'daourouch, soit les trois plus grandes agglomérations de la wilaya, où unemoyenne de 2.000 repas/jour seront servis, contribuera à accompagner et àconsolider l'action des pouvoirs publics, sachant que l'objectif recèle la mêmevisée, celle de partir à l'assaut des bastions souvent imprenables, de lapauvreté. Comment manquer, à cette occasion, d'évoquer la défection trèsremarquable du reste, de la section locale du Croissant-Rouge algérien dont lesportes du siège sont demeurées, pour la première fois depuis très, trèslongtemps, désespérément closes, payant ainsi, un cher tribut au conflit sourdqui mine le prestigieux organisme humanitaire et sur lequel nous auronsl'opportunité de revenir plus en détail dans nos prochaines livraisons.