Tout a été dit sur la flambée irrésistible des prix des produits de largeconsommation, sur l'érosion inextinguible du pouvoir d'achat des citoyens, surla précarisation inévitable qui les guette, mais un détail - de taille pourtant- semble avoir échappé à l'oeil avisé des observateurs. Il s'agit de cette légendaire etnon moins fâcheuse tendance qui hante nos concitoyens, à vouloir maintenir,vaille que vaille, la même cadence de consommation. Il n'est pas du toutétonnant, en effet, de constater qu'en dépit des protestations, desrécriminations et des complaintes ressassées en silence par tout un chacun etqui sonnent, par ailleurs, comme une auto-flagellation, le commun des Algérienscontinue à arpenter, avec frénésie, les allées des marchés et de toutes lesautres surfaces qui en font office. Quoi de plus naturel, diriez-vous, que des'approvisionner pour se sustenter et faire ses emplettes pour les besoins dela quotidienneté ? Vrai et légitime à la fois ! Mais là où le bât blesse, là oùla logique se torpille et le bon sens se fige net, c'est quand on opère avec unrare dévouement, une razzia en règle sur les produits proposés à la vente. ASouk-Ahras, mais ça doit être pareil ailleurs, le phénomène de la «consommania»prend des allures d'agapes. Il n'est pas une marchandise, même taxéed'accessoire, qui ne fasse saliver le consommateur et lui soutirer le sou. Uncomportement singulier et en même temps bizarre qui mérite réflexion,assurément. Peut-on, en toute logique, assumer deux statuts à l'évidencedichotomiques: être reconnu matériellement pauvre et mener le train de vie d'unnanti ? C'est pourtant la configuration qui prévaut à Souk-Ahras où tous lespoints de vente sont envahis sans répit, du lever du soleil jusqu'à la tombéede la nuit, et cela, nonobstant la nature des produits proposés à la vente. Quevous soyez au marché des fruits et légumes, chez le boucher, le boulanger,l'épicier, le magasin de textiles et de chaussures, celui de papeterie etfournitures scolaires, le cafetier, le pompiste et j'en passe, il y a foule.Tout ce beau monde se partage un dénominateur commun: celui de dépenser sansdiscontinuer jusqu'à offrir aux dirigeants du pays, l'occasion inespérée deconclure que l'atomisation du pouvoir d'achat clamée et dénoncée par monts etpar vaux, n'est que lubie et caprice d'enfant gâté. Il en ira ainsi et il n'y apas de raison pour que ce soit autrement, tant que l'indice de consommationnationale flirte avec des sommets dont s'accommodent, en règle générale, lacatégorie sociale dite aisée. La ruée effrénée sur tout ce qui se vend est unindicateur de prospérité socioéconomique que ne contrediront jamais lesdiscours alarmistes et les gémissements collectifs. Seule une grève du couffinserait à même d'apporter la preuve indéniable qu'au royaume des hydrocarbures,le peuple bat la dèche en frôlant miraculeusement la panne sèche.
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Posté Le : 02/09/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : A Gatouchi
Source : www.lequotidien-oran.com