Algérie - Biodiversité

Souk Ahras - Destruction du milieu naturel et insouciance généralisée



Souk Ahras - Destruction du milieu naturel et insouciance généralisée


Le lièvre, la perdrix, le cerf de Barbarie, le chardonneret et plusieurs autres oiseaux et espèces animales ont totalement disparu de la région de Souk Ahras et la situation risque d’empirer dans les prochaines années. Il existe une véritable menace sur la faune.

.Point sur la situation

Ali Selaimia, un militant associatif qui habite la région de Aïn Seynour dans la commune de Mechroha, parle dans l’imparfait de ces années où ces espèces étaient encore visibles dans les forêts de Mazeaâ, Aïn Sbaya ou R’mel Lahsane, des zones où la flore aussi était abondante.

Il a fait le constat suivant: «La région offre aujourd’hui un décor affligeant notamment avec l’abattage des arbres séculaires pratiqué au grand jour par des groupes organisés. Le braconnage qui a mis fin à l’existence de plusieurs animaux et autres oiseaux tels que le chardonneret ainsi que l’implantation préméditée et avec de grandes complicités de nouvelles agglomérations. Des demandeurs du logement rural sont quotidiennement affectés vers la forêt, idem pour des pseudos investisseurs et des entités fantoches orientées à bon escient dans ces zones boisées afin de les transformer graduellement en espaces constructibles. Parler de faune à Souk Ahras c’est aussi parler de cette absence de décisions et de suivi de la part des représentants de plusieurs centres décisionnels. Il y va pourtant de l’avenir du pays.»

Les alternatives pour la protection de l’environnement et la prévention de carnage programmé par les ennemis de la nature ne manqueront pas de l’esprit collectif des habitants de la wilaya.

Pour Nouredine Doghmani, président de l’Académie sportive de Souk Ahras, le salut de la faune et de la flore est dans l’implication positive du citoyen. Il explique: «Accentuer des programmes de randonnées éducatives et des campagnes de sensibilisation sur site à l’adresse des étudiants, des écoliers et de toutes ces associations acquises aux principes de protection des richesses naturelles ramènera d’autres alliés qui composeront des supports certains pour la lutte contre ces phénomènes attentatoires à la nature. Encourager des tournois d’athlétisme, de cyclisme voire des rencontres culturelles et touristiques sont autant de moyens que nous préconisons comme outils de contrôle de nos forêts et la protection, par ricochet, de notre faune.»

Le même président d’association a recensé des dizaines de points noirs en milieu forestier où la couleur verte a disparu à la faveur du gris des immondices et des matériaux de construction.

«Des décharges sauvages ceinturent toutes nos forêts et l’avancée des constructions illicites en milieu rural aggrave la situation, car il s’agit de plusieurs hectares, naguère verdoyants, qui sont pris dans le collimateur de ce processus destructeur dont la responsabilité est partagée entre plusieurs parties», a-t-il ajouté.

C’est dans cet esprit que plusieurs autres acteurs de la société civile ont lancé un appel urgent à l’adresse des responsables et à la population locale pour une mobilisation permanente contre les causes de ce drame écologique.

Karim Barour, président d’une association locale, a déclaré ceci: «L’heure n’est plus aux constats et l’on doit convaincre tout le monde à commencer par le citoyen lambda, en passant par ces oiseleurs qui s’adonnent à la chasse au filet des chardonnerets en pleine période de couvée, les constructeurs en milieu forestier jusqu’aux responsables sectoriels concernés par le problème des décharges en milieu forestier qu’il s’agit là d’une priorité. La cote d’alerte est déjà atteinte et l’on est certain que cette avancée vers l’inconnu ne profitera ni à la population ni aux promoteurs du lucre et du gain facile.»

Les feux de forêt, cet autre phénomène ravageur, est cité comme l’une des autres causes de la migration de certaines espèces animales sinon leur extinction.

Rien que pour le mois d’août de l’année 2020, plus de 450 hectares de maquis, de pin et de liège sont partis en fumée dans la partie nord de la wilaya, à savoir dans les communes de Mechroha, Ouled Driss et Aïn Zana. Trois contrées qui passent pour le poumon de la wilaya et où les trois mois de l’été sont chaque année synonymes de désastre écologique.


A. Djafri


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