Algérie

Souk Ahras De simples urinoirs S.V.P. !


Dans son éternelle quête d'accès au rang de ville moderne voire de ville tout court, Souk Ahras s'ingénie comme jamais, en multipliant les oeuvres d'utilité publique, garantes d'une vie communautaire décente. Grâce soit, à ce propos, rendue à tous les acteurs engagés dans le processus de mutation que connaît la cité qui se distinguent par une féroce volonté de remettre à l'endroit une ville demeurée longtemps à genoux. Toutefois, cette ébauche n'atteindra peut-être jamais ses objectifs si ses promoteurs n'ont d'yeux que pour les grands projets, en vouant au rancart ceux considérés d'envergure moindre mais qui, tout compte fait, concourent de manière directe, soit à rendre agréable la vie de la collectivité, soit a contrario, l'envenimer de façon drastique. Les urinoirs publics font partie de cette catégorie de structures qui, lorsqu'elles existent, passent pour des choses éminemment naturelles, mais quand ils ne sont pas là, le manquement est perçu sous un angle grotesque et intolérable. C'est vrai qu'à l'échelle des préoccupations étatiques, des vespasiennes ne valent jamais, et cela sous tous rapports, un pont appelé à décongestionner toute une ville, mais une bonne gouvernance sait faire la part des choses, en s'interdisant ce genre de raisonnement simpliste. Car qui peut le plus, peut le moins... La prise en charge des grosses oeuvres n'exclut pas celle des moins grosses. Au contraire. Les unes donnent forcément naissance aux autres. Pour revenir aux toilettes publiques, disons qu'il n'existe à Souk Ahras pas l'ombre d'une seule. N'est-ce pas inadmissible pour une cité qui accueille, au quotidien, des centaines de milliers de passagers, venus d'autres villes et communes, et sommés, en l'état des choses, de se débrouiller comme ils veulent, au cas où ils auraient besoin de soulager leur vessie. Le problème est plus tragique pour les sujets malades... D'autant plus que les tenanciers de cafés ont pour la plupart d'entre eux décidé de fermer les salles de toilettes transformées en dépôt pour les casiers chargés de bouteilles. Devant cette situation pour le moins burlesque, qu'est-il attendu des citoyens pris dans la tourmente de l'incontinence ? L'effet de levier ne se fait pas attendre. C'est sur les murs de la ville, qu'ils soient ceux des mosquées, des édifices publics, des domiciles de particuliers, que les gens pressés - dans un sens comme dans l'autre - se la font. Conséquence: sur les murs lézardés de Souk Ahras se lève une odeur agressive doublée d'une couleur à l'avenant, le tout mâtiné d'indifférence. Cela se passe dans une ville de l'extrême-Est algérien, ville frontalière de surcroît qui tient en l'islam un précieux fond instruisant l'hygiène et d'autres vertus, et en Saint Augustin, un juteux prétexte pour rameuter des contingents d'étrangers. Mais lorsqu'on donne la preuve qu'on n'est pas capable de mettre à la disposition de ce beau monde, de simples urinoirs, il y a de fortes chances qu'ils ne dépasseront jamais les contours de la Tunisie voisine qui, elle, a tout prévu. Y compris les toilettes publiques...
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