Le chardonneret de Souk Ahras dont la réputation dépasse les limites de la wilaya, est prisé même outre-mer pour ses qualités qui n'ont pas de rival dans les autres régions du pays. Un marché hebdomadaire des plus florissants accueille chaque vendredi des centaines de personnes qui débarquent des quatre coins du pays à la recherche de la bonne occasion.C'est là où des vendeurs et revendeurs se bousculent devant un kiosque de fortune, érigé pour la circonstance, et dont le gérant est, semble-t-il, l'un des rares éleveurs de la race authentique. C'est Noureddine F., un quadragénaire dans la force de l'âge, qui accomplit des gestes de professionnels en réponse aux demandeurs de conseils et des potentiels acheteurs. Il réplique machinalement à un profane, sans se départir de ses airs d'érudit dans le domaine : «On reconnait la bonne race à travers le gabarit, le plumage et les réflexes pour passer ensuite au chant». Cette phrase-sentence ne trouve pas opposant chez les clients et les autres oiseleurs, qui savent que la race locale est en voie de disparition, et que seule une infime partie des oiseaux étalés est chassée ou élevé à Souk Ahras.«Ce sont des oiseaux qu'on ramène au filet des autres régions d'Algérie, et il est extrêmement difficile pour un novice de distinguer entre l'authentique chardonneret de Souk Ahras et celui ramené du Sud ou des Hauts plateaux et qui n'ont pas les mêmes caractéristiques»,a indiqué Nabil, un commerçant ambulant, qui vit de petits métiers et achète occasionnellement des chardonnerets pour les revendre aux gens des wilayas limitrophes. Les prix oscillent entre 3000 DA et 40.000 DA.La qualité du produit fait la différence de ce prix, et c'est généralement le chardonneret qui se distingue par ses chants le jour de marché qui augmente la mise et rassure l'acquéreur. «Vous savez que les fortifiants et les accessoires nous coûtent les yeux de la tête et quel que soit le prix de vente, on est souvent loin de réaliser des profits.C'est juste de quoi gagner un petit pécule pour combler les jours de disette», affirme Bounour Samir, un jeune qui tente vainement de s'imposer dans ce milieu, qu'il sait d'avance contrôlé par des réseaux importants et qui, pour eux, la cagnotte est beaucoup plus importante. Il y va, ainsi, des quantités importantes de produits complémentaires conçus pour l'élevage et la chasse des chardonnerets, des quintaux de millet importés de l'étranger, des groupes de chasseurs recrutés par les tenants du marché et qui contribuent davantage à l'extinction de la race, des réseaux d'accouplement des races barbares et leur vente au prix fort. Ce qui n'était que passion à Souk Ahras est devenu un marché florissant, où tout s'imbrique pour plaider en faveur du lucre, rien que le lucre.
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Posté Le : 15/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abderrahmane Djafri
Source : www.elwatan.com