Les petites ruelles de la vielle ville Souika sont très prisées en ce mois et ce pour les produits à bas prix qu’on trouve sur place. Le meilleur endroit de la ville dit-on pour faire les bonnes affaires. Aussi une marée humaine investit chaque jour les lieux à la recherche de la viande qui est deux fois moins chère que dans les marchés, sans parler des produits laitiers ou des confiseries telles que la Z’labia ou Djaouzia fabriquées sur place. Mais il faut reconnaître que si dans d’autres lieux les métiers artisanaux font de la résistance face aux nouveaux venus, à Souika c’est plutôt le contraire. Les gens viennent justement pour savourer cette authenticité, des petits magasins, des parfums, et de l’ambiance des ruelles uniques. Souika devient ainsi à chaque veille d’une fête religieuse l’attraction de la ville : c’est là que l’on y vend les pétards durant le Mawlid, les noix et les friandises de l’Achoura…. De l’avenue Mellah Slimane jusqu’aux hauteurs près de la petite place El Batha, ça grouille de monde en ces temps de jeûne du matin au soir. Tout se vend dans cette spirale de ruelles à en donner le vertige. Mais il faut dire que beaucoup oublient que Souika représente ces petites ruelles, ces hautes maisons jaunâtres, ces hammams, ces Zaouia et…ces ruines. Ainsi son côté sud (qui longe le Rhumel et qui est à proximité du mausolée de Sidi Rached) est complètement abondonné. Il n’y a ni commerces, ni foule seulement quelques familles y vivent toujours cloîtrées et isolées du reste du monde, elles ont pour paysage le rocher, le Rhumel et les ruines. Ce qui est encore triste c’est que ses habitants semblent «survivre» dans des conditions désastreuses après le laisser-aller et l’échec des politiques entamées depuis l’indépendance. La seule opération qui a vraiment permis de corriger et d’embellir des maisons à Souika, c’est celle que mènent actuellement les services de la wilaya à l’avenue Mellah, qui prévoit notamment la réhabilitation de tout ce boulevard très animé. Par contre toute sa partie sud (où il y a vraiment urgence) n’a pas bénéficié de la même volonté politique. Pis, elle est abandonnée elle et ses poubelles, ses eaux usées et ses gravats. On a toujours pensé que le temps constitue le premier danger pour ces maisons fabriquées de pierre et de terre. Pourtant, selon les rares habitants que nous avons pu rencontrer tout est en ruine bêtement. Ami El Hadi 70 ans vit toujours dans la maison familiale à la rue Sidi B’zar. Pour lui le quartier s’est dégradé à partir des années 1970. «Tout a commencé le jour où les propriétaires ont déménagé et ont loué leurs maisons. Après que la ville ait connu une vaste opération de relogement pour les sinistrés, les nouveaux locataires ont alors commencé à détruire des murs, des escaliers, puis des maisons entières en espérant bénéficier de nouvelles maisons, ils sont partis par la suite laissant derrière eux toutes ces ruines». Concernant la réhabilitation de la vielle ville, Ami El Hadi nous dit que c’est déjà trop tard. «Comment vont-ils faire pour dégager les gravats ' et puis ici les maisons sont irrécupérables».
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Posté Le : 18/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kaïs B.
Source : www.horizons.com