Algérie

Soufiane Djilali : «L'Algérie est entrée dans le multipartisme par effraction après octobre 1988»



Pour Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, au lendemain des événements d'octobre 1988, «l'Algérie est entrée dans le multipartisme par effraction», mais depuis, la situation n'a pas beaucoup changé puisque, selon lui, «il n'y a pas eu une construction réfléchie» d'un multipartisme qui «participe à la vie politique». Invité hier sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3, le président du parti Jil Jadid a appelé au renforcement du «rôle des partis politiques dans la construction d'un Etat prospère». Il appelle également à un «débat national» autour de «nombreuses questions» dans un monde «en pleine mutation». Quel modèle socioéconomique ' Quel projet de société ' Quel positionnement adopter au sein du monde ' Autant de questions auxquelles le responsable politique appelle à réfléchir et à discuter. « Il y a dans le monde un jeu de puissances avec, d'un côté, un Occident qui perd sa position hégémonique et, de l'autre, l'Asie qui monte en puissance et qui n'accepte plus ce monde unipolaire », constate Soufiane Djilali. Sur le plan interne, l'intervenant estime que la « classe politique, la société civile, les personnalités publiques et l'ensemble des acteurs, qui défendent les intérêts du pays, sont engagés pour que l'Algérie devienne prospère, pour offrir à ses enfants l'opportunité de se développer, de réussir dans la vie et de voir un avenir que nous construirons main dans la main ». Le président du parti Jil Jadid considère, par ailleurs, que le renforcement du «front interne» ne doit pas signifier «qu'il faut s'aligner sur une idée unique, mais plutôt s'inscrire dans les règles d'un Etat souverain qui défend son unité, sa liberté et sa prospérité ». M. Djilali rappelle que le paysage politique algérien est passé par plusieurs étapes. «L'Algérie est entrée dans le multipartisme par effraction, un an après les émeutes d'octobre 1988, mais depuis, il n'y a pas eu une construction réfléchie de ce que peut être un multipartisme qui participe à la vie politique. Il y a eu ensuite le terrorisme, puis les années 2000 où durant une vingtaine d'années, il n'y a pas eu de volonté de construire un véritable multipartisme, mais plutôt une volonté d'utiliser des instruments politiques, au bénéfice du régime en place», affirme encore l'intervenant. Soufiane Djilali considère «qu'il y a encore du chemin à parcourir pour la classe politique». « Depuis le hirak, nous sommes entrés dans une autre phase et il est clair qu'aujourd'hui, en 2023, nous n'avons pas encore atteint la phase où les partis politiques sont considérés comme des institutions qui ont les moyens de fonctionner et qui construisent l'Etat de droit et la démocratie. Et là, un grand débat national mériterait d'être ouvert », poursuit l'intervenant. Selon lui, l'Algérie va «entrer de façon irréversible dans ce monde multipolaire» et le pays «est dans une position telle qu'il va stimuler les appétits : plus grand pays d'Afrique, riche de ses matières premières et d'une population instruite, située aux portes de l'Europe…». Considérant que beaucoup de puissances ont «intérêt à voir l'Algérie alignée sur leurs positions» et que certains «vont essayer d'affaiblir la souveraineté de l'Algérie et lui créer des pressions à travers des institutions ou des personnes ». Il cite à ce propos l'affaire du général à la retraite, Khaled Nezzar. « Il est inadmissible qu'un Etat qui se prétend patrie des droits de l'Homme s'immisce dans les affaires internes d'un autre Etat souverain et s'institue comme juge de l'Algérie alors que des pays à juger, il y en a en quantité ». Il s'interroge sur les velléités de la Suisse : « Comment se fait-il que la Suisse se permette de rouvrir des blessures alors que la société algérienne s'est engagée à tourner la page de la décennie noire » ' dit-il, considérant que c'est là «une façon de réveiller les démons d'une fitna». De toutes les façons, estime M. Djilali, l'Algérie «n'a de compte à rendre à aucun de ces pays qui hébergent des personnes aux profils très douteux ».
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