Algérie

Souffrance



La Casbah, cette médina séculaire d'Alger, inscrite il y a dix-huit ans dans les tablettes de l'Unesco comme patrimoine mondial, célèbre comme chaque année sa Journée qui se veut nationale. Des rencontres ou conférences par-ci, par-là autour de ce legs matériel et immatériel et puis plus rien ! La cité souffre en silence. Exceptés quelques monuments et palais sauvés de l'usure du temps et arrachés de la main ingrate de l'homme, la cité d'Ibn Mezghena continue dans son ensemble à crier sa douleur. Elle fait face à son cruel destin, au même titre que les ancestrales médinas de Constantine, Dellys ou encore la cité du Mechouar dans la ville des Zianides qui se prépare à être, en 2011, la capitale de la culture islamique. Que d'eau a coulé sous... le pavé qui tapisse les ruelles et venelles de la cité de Sidi Abderrahmane Etthalibi, autrefois bastion de la résistance, creuset des artistes et autres hommes de culte ! Que d'écrits ont été couchés dans les titres pour maintenir cet héritage en survivance dans la mémoire collective, non sans titiller la fibre des nostalgiques ! Que de choses ont été dites et redites sur ce patrimoine, au sortir de la guerre de Libération nationale.Depuis la vaine tentative de mobilisation de ressources financières par les Italiens ' à l'aube de l'Indépendance (dixit Yacef Saâdi lors d'un des forums d'El Moudjahid) ' jusqu'au programme autour du périmètre de sauvegarde de La Casbah, en passant par l'initiative du Comedor, avant les mièvres opérations de l'Ofirac relayées par l'Ofares, les choses semblent, à chaque fois, bouger sans pour autant avancer. Mais on nous dit qu'on ne doit pas fourrer notre nez là où il ne faut pas. L'on nous ressasse à l'envi que le travail bien élaboré mérite patience et circonspection. On martèle à qui mieux mieux que cette fois-ci les choses ne seront plus comme avant. L'on nous fait savoir du côté de la villa du Millénaire (ex-centenaire) que ces vestiges historiques ne sont pas notre propre bien, sinon un bien culturel commun. L'on nous fait savoir qu'il n'y pas lieu de nourrir des doutes imaginatifs quant aux opérations menées par les organismes de l'Etat en charge des opérations de restauration, bien que celles-ci fassent du surplace.Mais lorsque je promène mon travelling à travers le dédale des ruelles labyrinthiques de La Casbah , il n'est pas aisé de me retenir de faire le parallèle avec la Casbah de Fès, celle de Tunis, ou Laârayich à Tanger où la mémoire de la cité demeure parfaitement conservée. Où le touriste peut arpenter son espace, se tremper dans son atmosphère feutrée et se frotter aux âges qui l'ont traversée. Au moment où chez nous, le visiteur est livré à lui-même dans le site, à travers un parcours orienté, ni guide, ni repère, ni épigraphe inscrite sur les parois de ses monuments.


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