...SOUFFLES... La lecture et l'été de la déraison algérienne '

J'aime l'été. J'aime cette saison, ce n'est pas parce qu'elle est la meilleure. Je la préfère parce qu'elle me donne grande envie de voyager. De regarder la mer dans toute son ardeur et son extase. Cette saison me fait penser, je ne sais pas pourquoi, au navigateur Christophe Colomb, dans sa naïveté poético-maritime et dans son aventure chevaleresque. Peut-être, aussi, parce que je ne suis pas né en cette saison. Je suis né en saison de grisaille. Je ne suis pas sûr. Mais ce que je sais, et j'en suis certain ; c'est que la lecture n'a pas de saison. Elle n'appartient pas à la même famille des tomates : Marmande, Roma, Chico, Tomate cerise, tomate c'ur de b'uf... Elle n'appartient non plus à la famille des raisins de table ni à celle des raisins de vins sélectionnés. Mais la lecture a le flair. Elle nous donne le flair. Elle n'est ni du sud ni du nord, ni de l'est ni de l'ouest. Elle est créée en nous ou elle n'est pas en nous. Elle dépasse toutes les frontières mensongères des langues. Ni rurale, ni citadine, ni divine. Plus grande de toutes les géographies humides, sèches ou continentales. Dans l'acte mythique de la lecture, le liseur (celui qui lit aussi sur le sable et dans la paume de la main !) ressemble à Christophe Colomb. Ce dernier qui, au bord d'un bleu sans limite, par un matin d'un jour égaré, a découvert un nouveau monde. Inconsciemment, malgré lui, il a fondé un nouvel imaginaire de l'humanité. Ainsi il a tracé l'image du bout du monde ! Et le début du nouveau monde. La lecture ressemble exactement à cette découverte magique réalisée par Christophe Colomb. Or, dans la lecture livresque, le magique est en perpétuité et la découverte est intarissable. Le lecteur à l'image de Christophe Colomb habite le paradis de l'aventure. Il est hanté par l'amour de la surprise et du neuf! Si Christophe Colomb a étendu la terre, on la faisant reculer d'un continent de plus, la lecture augmente la vie. Elle fait grandir l'âme de sept palmiers et cinq oliviers et quelques amours ! L'été a commencé.