Algérie

...SOUFFLES...


...SOUFFLES...
Vive l'école, quel beau slogan ! Mais les cloches des écoles sont muettes ! C'était à l'occasion de la première rentrée scolaire dans l'histoire de l'Algérie indépendante, le poète Jean Sénac (Yahia el Wahrani) entouré d'un groupe d'intellectuels, pédagogues et littéraires, avec amour et beaucoup de rêve, ils ont façonné le premier manuel scolaire sous le titre : "Vive l'école". Le rêve d'une Algérie grande, une Algérie du savoir, plurielle, ouverte et moderne était lié à l'effloraison d'une école de lumière. L'image d'une Algérie grande et forte était liée à l'amour de l'école. Liée à la bonne éducation de la nouvelle génération, les enfants de 62. Il n'y a pas d'Algérie en bonne santé sans une école en très bonne santé ! Les ailes ne pousseront jamais sur les épaules de celui qui ne rêve pas ! Et le poète, Jean Sénac, a rêvé d'une école où seule la lumière est la reine des lieux et des petites têtes. Vaincre les géographies de l'obscurité est un chemin qui commence par le rêve qui naît et grandit dans le cartable. Vive l'école ! Même si je ne suis pas pessimiste, j'avoue que je suis triste ! Cher poète Jean Sénac, en ces jours de vaches maigres, jours des guerres religieuses haineuses, le cartable est devenu une "bombe à retardement". Les terroristes, les bourreaux et tous les sanguinaires des années rouges sont "le produit" de cette école. Chaque cartable porté sur le dos d'un élève fut une ceinture explosive ! Chaque élève était un projet kamikazien. Tous les enfants qui, un jour, ont pris le chemin des maquis islamistes pour mettre le feu dans leur pays, pour tuer leurs mères, leurs pères, leurs frères, leurs s?urs, leurs cousins et cousines, leurs voisins et voisines, leurs collègues du travail, leurs anciens enseignants et enseignantes, leurs amis d'enfance... tous ces enfants égarés sont des "cartables-bombes". Je ne suis pas pessimiste, mais j'avoue que je suis triste. Pour voir la fascination de l'aube, il faut coucher à l'heure du poète ! L'école sans les poètes est un espace funeste. Une cage. Un garage. Une prison. Garderie. Une cuisine où se préparent à feu méchant les bombes à retardement. Ouvrez les portes des écoles aux poètes, aux écrivains, aux cinéastes, aux peintres, aux dramaturges, aux musiciens et vous aurez des cartables pleins de rêves, d'amour, de bonheur, et vous aurez une Algérie belle. Algérie arc-en-ciel ! Cinquante ans d'indépendance, et après une sédition sanguinaire sans précédent, il est l'heure que nos enfants reprennent le chemin de l'école, celui qui mène vers la célébration de la vie, de l'amour, du livre et non celui conduisant vers les maquis de la haine. Il faut que la nouvelle école algérienne renoue avec Jean Sénac, avec son "Vive l'école" ! Vive l'école ! En ces jours où le sang est déversé partout, ce qui menace nos enfants écoliers ce sont d'abord leurs enseignants, leurs encadreurs. Je ne généralise pas, mais ils sont nombreux, très nombreux, ceux parmi eux qui se rangent, par leur passé et par leur formation, aux côtés de l'obscurité. Il fut un temps où l'instit représentait le modèle exemplaire pour une société qui avance et progresse, par le verbe, par le comportement, par la cravate et par les chaussures bien cirées, par le respect... Aujourd'hui, l'instit ne ressemble à rien, il n'est qu'un fabriquant des "cartables-bombes". Ils sont victimes, ces instits. Dès les premières années de l'indépendance, les vagues de frères musulmans importés de l'Egypte de Nasser ont mis la main sur l'école algérienne, ou presque. Au nom de la fraternité arabe, dans l'euphorie et la liesse de l'indépendance, ils ont accompli la "frérisation" (al Akhwana) de la jeune école algérienne. Et depuis l'école souffre. Pour que les cloches de nos écoles retentissent il faut que leurs portes soient ouvertes aux : poète, livre, film, théâtre, musique, toile et lumière. Vive l'école !A. Z.aminzaoui@yahoo.frNomAdresse email


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