Algérie

Soubresauts



Soubresauts
Afin d'effacer les déconvenues de ces derniers mois, les autorités politiques vont ressortir deux dossiers : les textes d'application pour la Constitution réformée (Conseil des ministres) et la «doctrine économique» version Sellal (tripartite).Présentée comme la panacée des réformes de Bouteflika, la Loi fondamentale a fini par sombrer dans l'oubli, comme l'a été l'annonce en grande pompe par le Premier ministre d'une «autre vision» de l'économie algérienne.Il faut dire qu'au cours de ces trois derniers mois, le contexte politique a été lourdement agité sur fond d'aggravation de l'état de santé du président de la République : les révélations des Panama Papers impliquant la fille de Sellal, après Bouchouareb, le ministre de l'Industrie et des Mines, les frasques de Chakib Khelil couvertes par les pouvoirs publics, les provocations de Amar Saadani, l'affaire El Khabar-Rebrab-Grine et le cafouillage prévalant autour de la composante de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel.Sans oublier la dégradation continue de la situation financière du pays, les importations de biens et services ne baissant pas sensiblement. Les pouvoirs publics ont été poussés à puiser dans les réserves internes et externes, rapprochant ainsi dangereusement le moment de la cessation de payement du pays. Les solutions prônées ? tels la bancarisation de l'argent de l'informel et l'emprunt national ? n'ont pas eu les résultats escomptés. Visiblement, le gouvernement est sans solutions innovantes et surtout à bout de souffle.Maintes fois écartée, la perspective d'un remaniement ministériel ressort de nouveau en faveur d'Ahmed Ouyahia auquel serait confiée la mission de mettre sur pied une «économie de guerre», une de ses spécialités, rarement réussie au demeurant. Galvanisé par son dernier succès électoral à la tête du RND, Ahmed Ouyahia ne se fera pas prier pour revenir aux affaires gouvernementales, où il a sa revanche à prendre.Ce sera bien entendu au grand dam de l'opposition pour qui cet homme-là est le plus mauvais «génie» du pouvoir, une opposition qui semble avoir opté pour l'expectative, ne se mettant pas trop en avant sur les dossiers brûlants qui ont marqué l'actualité afin de ne pas se disperser (elle vient de se ressouder) et se brûler à une année des législatives, échéance électorale majeure. Pourtant, de cette opposition, les citoyens ont toujours attendu davantage de présence sur le terrain, là où se jouent, se gagnent (ou se perdent) les luttes politiques.De cette prudence de l'opposition et de ses calculs, les autorités profitent pour investir au maximum le terrain. Le Premier ministre n'a pas hésité à se rendre au c?ur de la Kabylie pour tenter de rallier la région aux thèses du pouvoir après la forte mobilisation du 20 avril contre le pouvoir et pour couper l'herbe sous le pied du MAK, toujours menaçant. Pas sûr qu'il ait réussi tant la Kabylie est vaccinée contre les jeux politiciens auxquels elle a payé un lourd tribut.Lors de la prochaine tripartite, Sellal devra démontrer qu'il a réellement un véritable plan de sortie de crise et non de simples mesures de renflouement des caisses du Trésor public : de l'argent généralement puisé des poches des citoyens et des caisses des entreprises. De son côté, Bouteflika est attendu sur le plan des libertés et des réformes politiques. Il devra démontrer que sa Constitution réformée, dont il a été l'unique concepteur, n'est pas une ?uvre antidémocratique. Peu de gens y croient tant le président de la République ne s'est jamais écarté de la logique de défense de son système, le meilleur à ses yeux.


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