Algérie

Souad Massi, ouverte à tous les vents



Souad Massi, ouverte à tous les vents
La chanteuse franco-algérienne, qui continue d'élargir sa palette musicale, a collaboré avec Francis Cabrel et Michel Françoise pour son album « Ô Houria ». En concert ce vendredi soir au Colisée.

Peut-on dire que votre album est guidé par un souffle de liberté ?

>> Cela tombe bien puisque je suis très fière de ce disque et que ça bouge beaucoup actuellement au Maghreb et au Moyen-Orient. La chanson qui porte le même nom que l'album a comme démarche de réunir les gens, de réfléchir et d'avancer ensemble. Je ne donne pas de leçons mais je veux sensibiliser.

Comment en êtes-vous arrivée à travailler avec Francis Cabrel ?
>> Je l'avais vu il y a sept ans au cours des « Rencontres d'Astaffort ». Je n'avais pas vraiment parlé avec lui. Quand Michel Françoise (collaborateur de Francis Cabrel, ndlr) m'a appelé, il m'a dit que Cabrel serait intéressé d'écouter mes maquettes. Et comme ils ont aimé tous les deux, ils ont co-réalisé ce disque.

Un honneur ?
>> Plus que ça, un véritable privilège. Je n'en rêvais même pas. C'était quelque chose d'inaccessible pour moi.

N'avez-vous pas eu peur qu'il dénature votre univers ?
>> Pas du tout. Parce que j'ai comme lui une base folk-rock. On a presque les mêmes références : Leonard Cohen, Bob Dylan, Bruce Springsteen. En France, je ne vois pas une autre personne que Cabrel qui soit totalement dans une démarche folk-rock.

On dit qu'il est exigeant. Vous confirmez ?
>> Complètement. Il ne laisse rien passer par rapport à la justesse, la prononciation, les arrangements. Il est comme avec lui-même.

« En Algérie, on arrive quand même à s'exprimer »
Vous chantez aussi bien en arabe qu'en français et anglais. Comment le choix de la langue s'impose-t-il ?
>> Dès le départ, dès qu'on compose la chanson. L'anglais est venu ici de façon vraiment très spontanée. Je me suis aussi mise à écrire en français Un sourire avec Michel Françoise.

Vos chansons sont-elles liées à votre propre histoire ?
>> Je m'inspire beaucoup de ce que j'ai vécu et de ce que je vis pour écrire. Tous mes disques sont en lien avec ce qui m'entoure et mes racines.

« Nacera » évoque les femmes battues...
>> Je me suis sentie vraiment concernée par ce sujet. Une amie travaille dans une association et elle m'a beaucoup marquée de son travail. Je me suis rendue compte qu'en France il y avait beaucoup de tabous concernant les femmes battues. Elles souffrent en silence et n'osent pas en parler à leur entourage. Elles ont vraiment peur d'être jugées.

L'Algérie est-elle un carrefour inter-musical ?
>> Bien sûr, de part d'abord sa position géographique.
Elle fait partie de l'Afrique et du Moyen-Orient. C'est très ouvert à la Méditerranée et au monde occidental. J'ai toujours dit que cela a été une vraie richesse d'être née et d'avoir grandi en Algérie. Je me suis nourrie de pleins d'influences musicales.

Que vous inspire la situation actuelle en Algérie ?
>> L'Algérie est restée en guerre civile pendant douze ans (dans les années 90, ndlr). Les gens ont encore des séquelles de ça. Je ne peux pas la comparer à la Tunisie et l'Égypte qui sont deux grandes dictatures où tout est verrouillé. Malgré tous les problèmes en Algérie, on arrive quand même à s'exprimer. Je veux que cela soit très pacifique parce que je n'ai pas envie qu'on retombe dans le chaos comme avant.

Avez-vous déjà été censurée ?
>> A mes débuts... En Algérie et ailleurs. On avait peur de mon engagement et de ce que je pouvais représenter pour les femmes du Moyen-Orient. Comme je suis une femme libre, qui joue de la guitare, et qui voyage, j'ai été érigée en symbole.

Roubaix, ce n'est pas une première...
>> Je suis déjà venue plusieurs fois. Les gens sont toujours très chaleureux. J'ai de nombreux amis chez vous qui essayent de faire plein de choses à travers des associations.


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