Algérie

«Sortons de la vision sécuritaire» DES EX-COLONELS DE L'ANP À PROPOS DE LA CRISE LIBYENNE



«Sortons de la vision sécuritaire»                                    DES EX-COLONELS DE L'ANP À PROPOS DE LA CRISE LIBYENNE
Le processus de l'irakinisation de la Libye est mis en oeuvre depuis l'intervention de l'Otan en Libye
Le régime libyen ne comptait pas d'assises institutionnelles. Il est représenté par des hommes désignés et choisis par El Gueddafi ou proposés par son fils.
Le siège du Centre sécuritaire et stratégique (Crss), sis à Ben Akoun (Alger), était exigu, hier, pour contenir une assistance nombreuse, composée essentiellement de politologues, de juristes, d'universitaires et d'anciens cadres supérieurs de l'Armée nationale populaire (ANP) venus à la conférence-débats, animée par l'ex-colonel de l'armée de terre Omar Ben Djena et, l'ex-colonel Nourdine Amarrani de l'aviation. «Sortons de la vision sécuritaire dans laquelle se confinent toutes les analyses concernant la Libye», a conseillé Omar Ben Djena, estimant qu'une analyse géopolitique doit inclure le fonctionnement du nouvel ordre mondial mis en oeuvre par les Etats-Unis d'Amérique et ses conséquences sur l'échiquier politique régional, à moyen et à long terme. Critique à haut débit à l'égard des analyses traitant la crise libyenne, il dira concernant l'effondrement du régime d'El Gueddafi, que celui-ci portait en lui-même les germes de sa ruine. Et pour preuve, il cite l'absence des mécanismes institutionnels et constitutionnel, en Libye. «Le régime libyen ne comptait pas d'assises institutionnelles. Il est représenté par des hommes désignés et choisis par Mouamar El Gueddafi ou proposés par son fils, Seïf El Islam, alors qu'aux yeux de la loi, il n'occupait aucune fonction lui permettant de parler au nom du peuple libyen ou du régime libyen», a-t-il expliqué, avant de relever que les puissances occidentales utilisent les tares et les égarements politiques des dirigeants arabes pour intervenir et les expulser de leurs propres pays. Cela d'une part, et de l'autre, il fera savoir que les retombées de la crise libyenne sur la région exige «une thérapie politique» permettant de tirer des leçons en mesure de servir les pays du Maghreb, en l'occurrence l'Algérie pour comprendre les desseins de l'Occident au sujet de la région, mais aussi l'impératif de construire des Etats forts, représentés par des institutions solides, pas par des hommes. Donc, selon cet ex-officier de l'ANP, il est temps pour les élites de la régions d'assumer leur mission et servir de guide pour leurs peuples et de cadres solides pour leurs Etats.
«Les élites doivent décortiquer, dans le fond et la forme, les enjeux de la crise libyenne et la traiter dans un cadre global», a souligné le conférencier, notant jusqu'ici, cette crise, gérée actuellement par l'Otan, n'a été abordée que du point de vue sécuritaire. Dans le même contexte, son collègue, l'ex-colonel Nourdine Amarrani dira: «La crise libyenne constitue un coup d'Etat de l'Otan contre Mouamar El Gueddafi et auquel plusieurs formes de mercenariat ont pris part». Pas pour défendre l'ex-dictateur libyen, l'invité du Crss a indiqué que «le processus de l'irakinisation de la Libye est mis en oeuvre depuis l'intervention de l'Otan en Libye». «En armant des civils soutenus par des interventions terrestres clandestines et en menant des invasions militaires aériennes, l'Otan fait savoir donc par ses actions qu'elle est en mission arrêtée et décidée, selon les intérêts stratégiques des puissances occidentales et à leur tête les Etats-Unis d'Amérique», a-t-il précisé. Par conséquent, a-t-il soutenu, l'intervention de l'Otan en Libye ne signifie pas qu'il s'agit d'une manière de protéger les civils ou encore moins promouvoir la démocratie. Selon lui, les USA veulent s'installer en Afrique pour mieux contrôler les ressources énergétiques du continent. Or, la crise libyenne se présente comme étant une aubaine pour eux, d'où ils ont traité et reconnu un Conseil de transition national libyen composé d'ex-terroristes, connus notoirement par les services américains.
«Les Etats-Unis d'Amérique font dans le recyclage des ex-terroristes et s'en servent pour réaliser leurs desseins. Les USA se servent du terrorisme comme un instrument. Ils s'en servent pour déclencher des foyers de tension, mais aussi pour justifier leur droit d'ingérence dans des pays souverains», a-t-il tenu à préciser. Abondant dans le même sens, un ex-cadre supérieur de l'Etat, Bachir Medjahed, dira, pour sa part, qu'il faut sortir de l'analyse sécuritaire à dimension mondiale. «Le terrorisme accompagne, voire constitue un support pour l'idéologie expansionniste américaine. Grâce au terrorisme, les USA se sont offert le droit d'ingérence», a expliqué l'ex-cadre, ajoutant qu'en se servant d'ex-terroristes les puissances occidentales ont monté et mené une guerre contre le dictateur libyen. Selon lui, l'usage de cette technique dans d'autres pays, visés par le nouveau projet américain aussi bien pour le Moyen-Orient que le Maghreb, n'est pas à exclure. «L'Algérie peut-être touchée par une telle stratégie portant recyclage des ex-terroristes et les monter contre le régime», a-t-il déclaré.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)