Algérie - A la une

Sorties d'Ould-Abbès et situation inquiétante du pays



Sa vraie-fausse démission est peut-être sa dernière blague. Mais elle ne fait plus rire personne. Alors qu'ici et là on spécule sur son remplacement ? on parle d'un directoire de quatre membres, du retour de Abdelkader Hadjar? ? Djamel Ould-Abbès nous dit qu'il n'a pas démissionné, qu'il est toujours SG du FLN, avant de renvoyer ceux qui en doutent au communiqué du FLN du 17 novembre ! Et que seul le chef de l'Etat, qui est le président du parti, peut le démettre de ses fonctions ! Saïd Bouhadja, le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), disait la même chose avant qu'il ne soit brutalement dégommé de la manière que l'on sait.Djamel Ould-Abbès connaîtra-t-il la même mésaventure ' Ali Benflis en 2003, pourtant d'une autre envergure, en sait quelque chose, lui qu'un congrès du FLN avait pourtant désigné candidat à l'élection présidentielle de 2004. Avant lui, feu Abdelhamid Mehri, pourtant rompu aux luttes d'appareil depuis le lointain PPA-MTLD jusqu'au FLN de la guerre de Libération nationale, fut lui aussi victime d'un «coup d'Etat scientifique» en 1976. Abdelaziz Belkhadem, qui avait succédé à Ali Benflis comme secrétaire général du FLN et qui s'entêtait à rester à la tête du parti, avait fini lui aussi par «dégager» et céder la place à Ammar Saâdani en 2013, qui lui, bien qu'élu pour cinq ans en 2015, fut à son tour remercié manu militari le 22 octobre 2016.
Arrêtons-nous un instant sur le cas de Saâdani parce qu'il présente quelques similitudes avec son successeur Djamel Ould-Abbès. Souvenons-nous : le 5 octobre 2016, c'était à la suite d'une violente charge contre le général Mohamed Mediene, qui n'était plus le chef du DRS, et d'autres officiers supérieurs à la retraite accusés d'être au service de la «France coloniale», que Ammar Saâdani avait été démissionné le 22 octobre suivant et remplacé le jour même au pied levé par Djamed Ould-Abbès.
Bien que la configuration socio-politique soit différente, on observera que l'hospitalisation et la vraie fausse démission d'Ould-Abbès sont intervenues quelques jours après que ce dernier avait désavoué le ministre de la Justice Tayeb Louh, sur le rôle d'Ahmed Ouyahia concernant l'incarcération des cadres en 1996-98.(1)
Pour l'heure, Ould-Abbès, l'homme qui déclarait en mars dernier que le FLN gagnerait les élections «en 2019, 2024, 2029 et en 2034», que «c'est Dieu qui nous a envoyé le FLN» (8 août dernier), que «le Président Bouteflika dirige le pays comme un maestro» (22 septembre), que «l'opposition est atteinte d'Alzheimer car il est difficile d'ignorer tout ce qui a été réalisé et accompli durant ces dix-neuf dernières années en Algérie»..., ne semble pas disposé à laisser le «koursi» et qu'on ne sait toujours pas qui veut le pousser à la retraite et qui dirige en réalité le parti.
La seule certitude est qu'il a 84 ans, un âge qui ne lui permet pas, selon ses détracteurs, de conduire le FLN dans une campagne électorale présidentielle qui a déjà commencé et qui sera longue. Il parle trop, ses sorties font le buzz sur les réseaux sociaux, il s'adresse plus à la base du parti qu'aux Algériens et avec le limogeage en mai dernier de quinze membres du bureau politique sur dix-neuf, il n'a pas que des amis au sein du FLN.
Mais n'eût été la situation difficile et extrêmement inquiétante que connaît l'Algérie, les sorties d'Ould-Abbès, comme celles de Kaïd Ahmed en son temps, sauf que ce dernier, issu de l'UDMA de Ferhat Abbas, était un redoutable homme politique, prêteraient à sourire.
Déjà que le quatrième mandat avait été qualifié en son temps de mandat de trop par de nombreux commentateurs et hommes politiques et qu'en mai 2012 à Sétif, Abdelaziz Bouteflika avait lui-même appelé à laisser la place aux nouvelles générations, un 5e mandat, dans l'état dans lequel se trouve le chef de l'Etat qui n'a d'ailleurs pas fait acte de candidature ? même Ould-Abbès l'a admis ? est-il souhaitable '
En 2019, avec un baril du pétrole en baisse, des réserves de change qui fondent à vue d'?il ? l'argent va bientôt manquer pour financer des dépenses devenues incompressibles ? sans compter les menaces régionales, le terrorisme et un islamisme en embuscade, l'Algérie a besoin d'institutions qui fonctionnent, d'un gouvernement qui se réunit régulièrement et d'un Président qui décide dans l'urgence en cas de besoin, d'un Président présent sur une scène internationale où l'Algérie ne se fait plus entendre comme avant. Et surtout, de démocratie et de libertés.
H. Z.
1) Entre 1996 et 1998, plusieurs centaines de cadres dont le directeur général de l'ex-SNS avaient été incarcérés avant d'être remis en liberté en 1999.


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